Course contre le Ramadan: Du «bégué» aux Almadies, une longue file d’attente chez les prostituées de Dieupeul qui doublent les tarifs, «string-party» au Petit Mbao, Dakar convole en noces…

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Dans la capitale sénégalaise, les veilles de Ramadan sont des moments encore plus palpitants que les veilles de réveillons. Ce samedi, le «Dakar by night» a battu tous les records d’affluence. Chacun voulant, à sa manière, dire au revoir à son partenaire ou à ses vices et se préparer pour un mois de repentance et d’abstinence. Des boîtes de nuit bondées des Almadies, au «string party» avorté de Petit Mbao, en passant par la longue queue pour s’attacher les services de prostituées qui ont doublé leurs tarifs, Dakar a vibré ce samedi entre sexe, alcool et débauche. Il n’y avait qu’un seul mot d’ordre : «bégué».

ALMADIES – Du «bégué» pour toutes les bourses

Il fallait y être pour le croire, ce samedi nuit. A 1 heure du matin déjà, les abords de la route de l’aéroport refusaient du monde. Il y avait des hommes de tout âge. Conduisant parfois une voiture ou un «scooter», avec à l’arrière une fille vêtue d’une jupe courte qui couvre à peine le quart de ses cuisses. Les endroits varient, selon les bourses. Les plus nantis ont  pris d’assaut le King Fahd Palace (ex-Méridien Président) pour assister à la prestation de Pape et Cheikh. Il fallait débourser 15 000 francs Cfa par personne. Les plus jeunes ont préféré les discothèques. Entre le «Patio», le «Nirvana» ou le «Duplex», il n’y avait qu’à faire un choix. Ces endroits proposent pratiquement les mêmes tarifs pour l’entrée.

C’est le «Duplex» qui a été choisi par Anta et son petit ami. Lui est âgé de 22 ans et elle d’à peine 20 ans. Elle a porté une minijupe en cuir de couleur noire, un body blanc maculé, laissant apparaître sa poitrine de star de cinéma. Elle grille tranquillement une cigarette, en attendant que son «copain» aille chercher le billet d’entrée. Pour les filles comme elle, c’est gratuit. La cigarette n’a pas fait disparaître le gloss qu’elle a enduit sur ses lèvres qui brillaient de mille feux. «Il faut mou metti tay» (il faut que ça chauffe aujourd’hui)», nous lance-t-elle, après une brève introduction.

C’est comme si les filles s’étaient passé le mot. Elles étaient presque toutes habillées de la même manière : cuisses et poitrines à découvert. Il y a, cependant, certains couples de fêtards qui n’ont pas opté pour la chaude ambiance des dancings. Ils ont préféré un endroit plus calme. Ici tout est noir, les filles qu’on arrive à voir sont enlacées au cou d’hommes souvent plus âgés qu’elles et il y a une brise qui vous effleure les joues : Bienvenue à la pointe des Almadies.

Ici, point besoin d’argent, à moins de vouloir se réfugier sous une tente fortuite. Tout est prévu pour passer de bons moments de chair. Il y a même une femme qui propose des «parasols». Oui, c’est le nom de code pour désigner les préservatifs. Il faut être du milieu pour le savoir. Elle déambule d’une tente à une autre. Elle dissimule sa marchandise très spéciale dans un plat rempli de colliers et de perles de reins. Nous avons beau tenter, mais elle dit ne parler qu’aux clients. Et à ses yeux, nous n’en faisions pas partie.

INSOLITE DEVANT UNE AUBERGE A DIEUPPEUL – Les prostituées doublent les tarifs et provoquent une longue file d’attente

Située à quelques encablures du célèbre bar «Chez Iba», à Dieuppeul, l’auberge qui porte le nom «Ndayanne», est réputée pour ses chambres de passe et les prostituées ont fini d’y élire domicile. Pour ce dernier week-end avant le Ramadan, les pensionnaires de cette maison close se sont bien frotté les mains. Elles étaient tellement sollicitées que le vigile de l’auberge a fini par refermer la porte de l’établissement et faire le pied de grue pour décourager les plus téméraires qui voulaient forcer le passage.

A chaque fois qu’un homme ressortait de l’auberge, un autre faisait son entrée. Quand ce fut le tour de Madou, il se hâta en jetant des coups d’œil furtifs autour de lui, comme s’il voulait s’assurer que personne ne le regardait. Devant ses hésitations, un klaxon retentit et un automobiliste lui lança : «Ou tu entres ou tu nous laisses entrer. Reste chez toi si tu as peur».

Malgré qu’il soit intimidé par ses propos, Madou est entré dans le lieu de débauche. Il ne tarda pas à y ressortir. «Il ne reste qu’une fille de dispo et elle me dit qu’il faut 15 000 francs pour la passe et 5 000 francs de plus pour la chambre. C’est fou», nous a-t-il confié, moyennant du feu pour allumer sa cigarette qu’il venait de sortir de la poche de son jeans.

Nous sommes restés plus d’une heure devant l’immeuble guettant inlassablement la sortie d’une des prostituées et assistant malgré nous aux entrées et sorties des hommes venus satisfaire leur libido. Nous allions quitter cet endroit pour un autre quand une fille sortie de l’auberge escortée par le vigile. Elle allait à la boutique. Elle n’a pas voulu nous parler au début. Mais pour un billet de 5 000 de francs Cfa, elle changea d’avis.  «Mais il faut faire vite ‘nak’, on m’attend», lança-t-elle en secouant ses longs «cheveux naturels».

B. est une beauté Peulh perchée sur son mètre 75. Du reste, peu d’hommes resteraient insensibles à ses formes généreuses et à son sourire de déesse. Elle dit avoir fait de bonnes affaires. «J’ai senti le coup et j’ai fait le plein de condoms. A chaque veille de Ramadan, c’est comme ça. C’est nouveau pour vous, mais pas pour nous», dit elle en continuant sa procession vers l’alimentation pour se ravitailler en alcool. Même si elle n’a pas voulu nous déclarer le montant de ses gains du jour, elle a confié s’être bien tirée d’affaire. «15 000 francs, c’est le tarif des célibataires. Et c’est vraiment le plus bas tarif. Un homme marié vient de m’offrir 100 000 francs et encore qu’il souffrait d’éjaculation précoce. Il n’a même pas tenu 4 minutes».

Nous aurions bien voulu qu’elle continue à nous narrer sa soirée, mais elle a vite fait de nous lancer : «’Doyna’ (ça suffit), vous en avez eu pour vos 5 000 francs. Je dois aller continuer mon ‘taf’ (travail)».

Au retour devant l’auberge, les voitures étaient toujours en train de faire la queue, presque comme devant une guérite ou devant un poste de péage routier. Mais pour un «bégué», certains sont vraiment prêts à tout.

CELEBRATIONS MASSIVES DE MARIAGES – Dakar a convolé en justes noces

Pendant ces deux dernières 48 heures, il était presque impossible de dépasser deux ruelles dans la capitale sénégalaise sans apercevoir une bâche sous laquelle des personnes joyeuses célébraient un mariage. Dakar était littéralement habillé en blanc. Un tour dans certaines de ces cérémonies a permis de savoir que le choix du dernier week-end avant l’entame du ramadan s’expliquait de plusieurs manières.

Au quartier de la Zone de captage, un grand vacarme s’est substitué au calme habituel qui singularise ce lieu où réside généralement une classe moyenne. Une grande tente a été érigée devant la demeure de Aladji Sarr. Ce retraité de 66 ans marie sa fille aînée Salma. Des personnes endimanchées sont tranquillement assises sous la bâche et apprécient les décibels émis par la sonorisation. Certains se lèvent souvent pour danser.

Vers 19 heures, la mariée fit son entrée dans la maison. Elle vient du salon de coiffure où elle était allée se faire plus belle. Elle est accueillie comme une reine par les griottes en quête de pourboires. Il y a moins de 2 heures, Salma a été unie devant Dieu, ses parents et amis à Massiga Gaye, un transitaire de 32 ans par les liens sacrés du mariage.

Pour M. Gaye, le choix de cette date n’est pas un hasard. «Ma mère m’a suggéré de tout faire pour me marier dans le mois de ‘Baraxlou’, elle dit que c’est très recommandé et que cela assure de la stabilité et de la fertilité pour un couple», nous a-t-il confié.

Pour la mariée, la raison est tout autre. «C’est le premier week-end après  la fin du mois, alors moi je voyais surtout cet aspect. Mais ce n’est pas une course poursuite contre le Ramadan», dit-elle avec un grand sourire. «Voyez-vous, cela met tout le monde à l’aise», a-t-elle ajouté.

Dans une mosquée de Castors, il y a même un mariage qui a été célébré après la prière du crépuscule.  M. et Mme Diop ne voulaient pas attendre le lendemain (dimanche). L’imam que nous avons rencontré a expliqué ce retard. «Un mariage peut se célébrer à tout moment. Nous n’avons pas pu le faire après la prière de ‘Takussan’ parce que le père de la fille était encore en route, il quittait Kaolack», a balbutié le sexagénaire. Une fois le «Al Khaïry» prononcé, Mme Diop, Khady Samb s’est empressé de se diriger vers la réception organisée en son honneur.

Pour elle, il n’était pas question de reporter son union avec l’«amour de sa vie». «On a dépensé beaucoup d’argent pour ce jour, alors il n’était pas question de reporter à demain pour un simple retard de quelques heures», fait-elle savoir entre deux accolades de ses amies venues en grand nombre la féliciter. Elle a tenu toutefois à ajouter : «En plus, c’est le denier samedi avant le Ramadan».

Ce n’est pas à Castors et à la zone de Captage seulement où il y a eu des mariages. Des centaines de couples ont convolé en justes noces durant ce week-end. Nous avons tenté de nous rapprocher de l’Etat civil pour obtenir un chiffre exact. Cependant, l’officier d’Etat civil nous a fait gentiment comprendre que c’était impossible. Car les Sénégalais font d’abord le mariage religieux avant d’entreprendre les démarches pour le mariage civil.

Reste à souhaiter à tous ceux qui se sont mariés un heureux ménage.

AUBERGES DE BORDURE DE MER DE PETIT MBAO – Le «string-party» annulé à la dernière minute

Le dernier week-end avant le Ramadan n’a pas seulement été célébré au centre de Dakar. A Petit Mbao aussi, c’était le cas. Et c’est de justesse qu’on a frôlé le pire. La population locale s’est farouchement opposée à la tenue d’un «string party» dans une auberge située en face de la plage.

Un «string party» est très similaire à la «piscine party». Sauf que dans le cas du «string party», le port du string est obligatoire pour les femmes, de même que le slip pour les hommes. Les organisateurs avaient même prévu des prix pour les lauréats d’un concours de déhanchements qui devait agrémenter la soirée. Ils avaient distribué des tracts et avaient même choisi des marraines pour les soutenir dans leur projet. Mais c’était sans compter sur la détermination des populations locales.

En effet, dès qu’elles ont été mises au parfum, les populations ont opposé un niet catégorique à la tenue d’une telle manifestation. Mansour Ndoye, un des imams de la grande mosquée de Petit Mbao, a été un des précurseurs de ce refus. «Je n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit. Je n’attendais qu’une chose, c’est qu’ils commencent cette horrible cérémonie de débauche», a t-il juré.

Comme s’ils avaient senti que leur coup allait foirer, les organisateurs ont décidé d’annuler sine die le «string party». La détermination des populations avait même fait peur aux gendarmes qui sont venus sécuriser les lieux, le samedi soir, avec à leur tête le commandant de la zone.

A Petit Mbao, les auberges poussent comme des champignons. Au grand malheur des riverains. «Petit Mbao est devenu un haut lieu de la débauche. Beaucoup de personnalités connues viennent dans les auberges en face de mer pour s’adonner à des pratiques indescriptibles par une bouche saine», nous confie un chauffeur de taxi «clandos». Un tour dans quelques auberges a permis de savoir que les chambres se louent à 15 000 francs Cfa par jour et que l’alcool peut s’acquérir même en sachet de 100 francs. Nous n’avons pas trouvé de prostitués sur place. La raison nous a été donnée par notre chauffeur de taxi qui habite Petit Mbao : «Ceux qui viennent ici  viennent toujours accompagnés. Car ils savent qu’ici la population ne tolérerait pas de voir des prostitués habiter dans des auberges et y exercer tranquillement le plus vieux métier au monde».

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