Débat présidentiel: qui a tiré son épingle du jeu?

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Un débat marathon avec un Mélenchon très bon, un Fillon solide, un Macron inégal, un Hamon un peu en retrait et une Le Pen très rodée : tel était lundi soir le verdict de trois experts en communication politique.

Trop long
Premier constat, un débat si long que beaucoup de gens ont lâché avant la fin. « Sur les réseaux sociaux tout le monde a décroché à la troisième partie, un tweet disait que seuls restaient les journalistes et les communicants », a commenté la spécialiste Anne-Claire Ruel, du blog « Fais pas Com Papa ». « Les émissions de commentaires ont même démarré avant la fin du débat! La durée a neutralisé l’effet positif ou négatif », a renchéri Thierry Herrant, du cabinet Equancy. « Les candidats ont eu le temps de répondre », s’est au contraire félicité Philippe Moreau-Chevrolet, président de MCBG Conseil. « Dans cette campagne où on a jamais eu le temps de parler du fond, c’était bienvenu ». Le débat a tardé à décoller. « Pendant une heure chacun courait en solitaire et déroulait son programme sans se regarder », regrette Thierry Herrant.

Fillon s’en sort bien
Puis dans un deuxième temps, tout s’est animé, avec plusieurs confrontations, notamment sur la laïcité entre Macron et Le Pen, ou encore sur les sujets du chômage et du travail. A la toute fin est venu l’international, où tous étaient « un peu éteints », estime l’analyste. Tous jugent que François Fillon s’en est bien sorti. « Fillon avait besoin de montrer sa présidentialité, et a eu sa posture habituelle, calme, en laissant s’écharper les autres pour ensuite conclure les discussions. Il a eu un moment difficile sur ses affaires, mais les autres ont été plutôt gentils, sauf Mélenchon qui a dit tout haut ce que tous pensaient tout bas », remarque Thierry Herrant. Même avis pour Philippe Moreau-Chevrolet : « Fillon a cette petite musique qui fonctionne, une sobriété, une hauteur de vue, malgré les affaires. On a retrouvé le Fillon de la primaire ».

Presque 3h30 de débat présidentiel musclé

Mélenchon percutant et drôle
L’autre gagnant, estiment les trois experts, est Jean-Luc Mélenchon: « il sait s’adresser aux gens avec un langage direct et un brillant sens de la formule. Il a généré le plus de conversations sur les réseaux », note Thierry Herrant. « Il a été très drôle et a dominé le show », ajoute Philippe Moreau-Chevrolet. « Il a donné les respirations, a été moins agressif et a même échangé un sourire avec Marine Le Pen », renchérit Anne-Claire Ruel. Derrière lui, ses fans hilares tranchaient avec les postures compassées des soutiens de François Fillon, a-t-elle souligné. Nouveauté dans un débat politique, les nombreux plans de coupes, où les candidats laissaient sciemment transparaître leur approbation ou leur mépris des positions de leurs adversaires.

Le Pen intégrée
Tous estiment que Marine Le Pen a pu mettre en avant sa rhétorique rodée sur ses thèmes habituels, et réalisé une bonne opération. « Pour Marine le Pen c’est historique: elle a été intégrée dans le jeu démocratique, a ri de blagues de Mélenchon, était en empathie avec les autres, ce que son père n’aurait jamais pu faire », a relevé Philippe Moreau-Chevrolet.

Macron mitigé
Emmanuel Macron a en revanche été jugé plus mitigé. « Il ne s’en est pas mal sorti mais a des tics de langage et du mal à s’exprimer simplement, il veut trop ménager la chèvre et le chou et un langage trop techno. Mais poussé dans ses retranchements il a été meilleur, notamment quand il a été attaqué par Marine le Pen sur l’Europe », juge Thierry Herrant. « Macron a un peu déçu, à cause de son manque d’expérience, avec des colères parfois un peu artificielles mais aussi parce qu’il y avait de telles attentes sur sa performance », a renchéri Philippe Moreau-Chevrolet.

Hamon décevant
Hamon a lui été jugé un peu décevant. Pour Thierry Herrant, « il était un peu absent des moments animés du débat et a du mal à trouver d’autres marqueurs que celui du revenu universel », selon Thierry Herrant. « Il a lâché assez vite quand il s’est fait attaquer sur le revenu universel », a également estimé Anne-Claire Ruel.

Le débat en quatre moment forts

Laïcité, affaires, piques à fleurets de moins en moins mouchetés : voici quelques-uns des temps forts de la confrontation organisée sur TF1, qui a mis aux prises lundi soir pendant un peu plus de trois heures les cinq principaux candidats à la présidentielle.

PENSEE POUR LES ABSENTS
Le débat a démarré avec une pensée pour les absents : « Nous sommes 11 candidats, il y en a cinq ici, cela pose une question démocratique », affirme en préambule François Fillon, le premier des cinq invités à s’exprimer. Emmanuel Macron, candidat d’En Marche!, et Marine le Pen, présidente du Front National, partagent l’opinion du candidats LR. Ecartés du débat TF1/LCI, quatre candidats s’exprimaient d’une autre façon lundi soir, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) sur C8, Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (LO) et Jacques Cheminade via Facebbok.

TENSION SUR LA LAICITE
Le débat s’enflamme pour la première fois quand les candidats parlent laïcité. Alors que Marine Le Pen explique qu’elle « ne reconnaît pas les communautarismes », elle est interrompue par Benoît Hamon : « Ah oui ! la laïcité, comme ça vous arrange…  » Du port du voile, Marine Le Pen passe à celui du burkini et ironise : « Je sais que vous êtes pour, M. Macron ! ». Et le candidat d’En Marche ! de répliquer : « Le burkini n’a rien à voir avec la laïcité (…) Le piège dans lequel vous êtes en train de tomber, c’est de diviser la société ! » M. Mélenchon lui aussi s’enflamme contre la présidente FN: « Vous ne pouvez pas aller jusqu’à établir une police du vêtement dans la rue ! Avez-vous l’intention d’empêcher les gens qui portent les cheveux verts? »

LES AFFAIRES
Les affaires judiciaires qui visent François Fillon et Marine Le Pen sont évoquées, en creux, par Jean-Luc Mélenchon qui a demandé qu’on ne le mette pas Benoît Hamon, Emmanuel Macron et lui-même « dans le même sac ». « J’ai admiré vos pudeurs de gazelle, quand vous dites que le débat a été pollué par les affaires de certains d’entre nous. Pardon, pas moi ! », a lancé le candidat de La France Insoumise. Quand François Fillon ironise -« on rêve, on rêve »- sur le revenu universel de Benoît Hamon, le socialiste pourfend un candidat plus « fort » en soustraction de fonctionnaires qu’en addition « avec son propre argent ». Marine Le Pen fait également allusion à la mise en examen de François Fillon, après des soupçons d’emplois fictifs dans sa famille, et une justice « rapide ». Ce à quoi ce dernier renchérit : « Oui, c’est ce qu’on appelle la justice TGV ».

ESCARMOUCHES Les candidats se sont lancés des piques particulièrement acérées à plusieurs moments du débat. A M. Macron qui vient longuement de développer sa politique étrangère, Marine Le Pen lance : « Vous avez un talent fou. Vous arrivez à parler sept minutes, je suis incapable de résumer votre pensée, vous n’avez rien dit. C’est le vide absolu, sidéral! » Marine Le Pen a aussi souvent été prise pour cible, notamment quand Benoît Hamon l’a accusée d’être « droguée aux pages faits divers ».

Le débat en trois vidéos

Mélenchon fait rire
Lorsque le ton est monté entre Benoît Hamon et Emmanuel Macron à propos du financement de la campagne de ce dernier, c’est Jean-Luc Mélenchon qui a clos le débat en déclenchant les rires de l’assemblée.

Marine Le Pen « droguée aux faits divers » tacle Hamon
Lorsque la question de l’insécurité a été abordée, Benoît Hamon a accusé Marine Le Pen d’être « droguée aux faits divers ».

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