Des tensions au Gabon Par Lat Soucabé Mbow, Professeur des universités

Date:

Dans la phase actuelle, les réactions internationales sont prudentes. La France n’a pas encore pris de parti pour l’un ou l’autre candidat. Son ambassade sur place s’est pour le moment contentée de donner aux expatriés résidant au Gabon des consignes de prudence. En revanche le PS a demandé que les résultats du scrutin soient publiés par bureau de vote pour apporter la transparence qui selon l’UE a fait défaut dans la consultation électorale. L’ONU est intervenue à minima par la voix de son SG qui a lancé un appel au calme comme à l’accoutumée. En Afrique aucune voix officielle ne s’est encore déclarée. Il faut préciser qu’un seul État en tant que tel s’est prononcé ouvertement sur la crise gabonaise : les USA par la voix de leur SE adj aux affaires africaines. C’est le principe de souveraineté qui explique cette retenue généralisée. Le gouvernement ivoirien, au nom de cette norme internationale, s’est empressé de limoger le conseiller du Président Outtara qui a été en cheville avec le candidat Jean Ping.

Il y a eu des échauffourées . des incendies d’institutions publiques, des arrestations d’opposants et dit-on un ou deux morts (à vérifier), mais le conflit n’a pas encore dépassé le stade du conflit de basse intensité. Il faut une tournure plus grave pour faire vraiment bouger les chancelleries. Celles qui se sont prononcées l’ont fait en guise de mise en garde pour prévenir une escalade de la violence et surtout une violation plus grave des droits humains.

Le Gabon n’est pas n’importe quel pays pour que l’attentisme perçu dans l’attitude des États africains ou hors du champ puisse être pris pour de l’indifférence ou de la neutralité. De tous temps, le Gabon a fait figure, dans l’échiquier politique africain, d’épicentre de l’influence française en Afrique. Rien d’autre ne le justifie que les ressources stratégiques et non stratégiques du pays, et, sa position pivot dans l’espace maçonnique franco-africain. La France officielle et la France des grandes organisations ne sauraient assister à l’instauration d’une chienlit qui rendrait après le pays ingouvernable, ou provoquerait un effet de domino dans le voisinage (Cameroun, Congo). Les Américains non plus en raison de leurs intérêts dans l’industrie pétrolière dans les pays du golfe (Guinée Équatoriale, Sao Tomé et Principe). Il n’est pas dans les habitudes de la Chine de se livrer à de l’activisme diplomatique hors de l’Asie du sud et du sud-est, mais elle ne verrait pas d’un bon oeil l’implantation récente de ses hommes d’affaires dans le Bongoland vaciller du fait d’un virage politique à 180 ou 360 degrés à Libreville.

Nous assistons à un temps de l’observation du bras de fer entre le gouvernement et l’opposition. Si la tension devait persister, voire dépasser son niveau actuel, les pays africains n’ayant d’autres intérêts à défendre que leurs diasporas organiseraient des ponts aériens pour le rapatriement de leurs ressortissants qui le souhaiteraient. Les lourdeurs bureaucratiques de l’UA et des organisations sous-régionales gêleraient les capacités de médiation du continent, comme dans d’autres situations de crise dans le passé. Finalement la balance pencherait du côté soutenu par les grandes puissances. Après la gestion désastreuse de la crise ivoirienne, le chaos créé en Lybie par la chute de Mouammar Khaddafi, il est fort peu probable que le dénouement intervienne sur le mode de l’ingérence agressive. Il pourrait plutôt se produire selon la méthode de coercition feutrée. Les deux protagonistes ont dans leurs personnalités des aspects sombres. La famille Bongo a un patrimoine important en France et à l’étranger acquis sur des bases pour le moins sujettes à caution. La nationalité gabonaise d’Ali Bongo prête aussi à suspicion. De la même manière des « dossiers » peu flatteurs sur des questions de patrimoine et de nationalité existent aussi sur Jean Ping.

Lat Soucabé Mbow, professeur des universités

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Cherté de la vie: Le Président Diomaye Faye veut un plan d’urgence avant le 15 Mai

XALIMANEWS-La baisse du coût de la vie tient à...

Évaluation des politiques économiques : le FMI débarque à Dakar

XALIMANEWS-Des experts du Fonds monétaire international (FMI) prévoient de...

Fonctionnement de l’OFNAC : Le Président Bassirou Diomaye Faye prend de nouvelles décisions

XALIMANEWS- Le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar...