Deuxième jour de procès : Habré baisse la tension

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XALIMA NEWS – C’est une très longue ordonnance de renvoi que les greffiers ont lue hier. Il s’agit de 187 pages qui accablent l’inculpé. Les juges d’instruction ont presque repris les charges que le Parquet avait retenues contre Hissein Habré lors du réquisitoire introductif. Malgré la lourdeur du dossier, la partie civile a émis des réserves.

L’audience d’hier concernant le procès de Hissein Habré était marquée exclusivement par la lecture de l’ordonnance de renvoi. Dans cet acte de renvoi long de 187 pages, il a été retenu toute une série de faits accablant l’inculpé. Les juges d’instruction ont presque repris les charges que le Parquet avait retenues contre lui lors de son réquisitoire introductif.
L’acte de renvoi établit sans aucun doute la responsabilité de l’ex-homme fort de Ndjamena dans les crimes commis entre la période du 7 juin 1982 au 1er décembre 1990 qui correspond à son règne à la tête de l’Etat tchadien. «Habré était l’organisateur et le cerveau de la machine répressive de la Direction de la documentation et de la sécurité (Dds) dont les bras armés étaient la Brigade criminelle d’intervention rapide (Bcir), la garde présidentielle, et l’Armée régulière le Front de libération du Tchad (Fant)», retient-on. En outre, l’on apprend également que Habré exerçait un contrôle sur le Fant. En mars 1986, il a cumulé les fonctions de président de la République et de ministre de la Défense et des anciennes victimes de guerre. C’est lui qui a dirigé la bataille de Faya-Largeau. Et il disait que «les fonctions de chef d’Etat et de chef militaire se complètent, l’une enrichit l’autre». L’ordonnance de renvoi a également souligné le fait que Habré était au courant de tout ce qui se passait dans les prisons sécrètes qu’il avait lui-même aménagées, dont celle de la Dds qui était à quelque 100 mètres du Palais, le lieu où il résidait. Des fiches de renseignement sur les activités de la Dds lui parvenaient quotidiennement. Il avait un pouvoir de nommer et de révoquer les directeurs de la Dds et avait des indicateurs dans la cour de la Dds, révèle le document. Des directeurs de cette structure ont témoigné avoir agi sous les ordres de Habré. «Hissein Habré avait une connaissance effective des crimes commis durant cette période et n’avait rien fait pour empêcher ces crimes malgré les multiples alertes des organisations comme la Croix-rouge et Amnesty international», accuse-t-on. Autant d’indices sérieux aux yeux des juges d’instruction qui rendent responsable l’ex-Président de crimes de guerre, de torture et crimes contre l’humanité.

La partie civile émet des réserves
Pour autant, la partie civile ne semble pas satisfaite de cette ordonnance de renvoi. Et elle l’a fait savoir juste après la lecture. Me Beauthier, avocat des présumées victimes, a émis des réserves par rapport à l’acte de renvoi et se pose des questions sur l’inculpé. «Etait-il supérieur hiérarchique ou était-il lui-même la personne qui a commis elle-même les faits ?» La robe noire compte introduire une autre question qui n’a pas été tout à fait reprise par l’ordonnance de renvoi : «Nous n’allons pas nous limiter à ce que l’ordonnance de renvoi prévoit.» Il souligne que pour la partie civile, Habré était souvent à la fois l’exécutant direct et à la fois le supérieur hiérarchique. «Nous allons dans les jours qui viennent poser des questions aux témoins sur les faits exacts commis par Hissein Habré. Nous allons dire maintenant quels sont les faits qui doivent être rhabillés de crimes de guerre, de crimes de torture et de crimes contre l’humanité par un supérieur, par un commettant lui-même. Nous allons déposer un écrit tout simple disant que nous demandons que ce soit pris acte les réserves que nous formulons par rapport à cette ordonnance de renvoi. Ce qui n’est pas une critique, car nous avons des éléments de droit qui n’ont pas pris été en compte par l’ordonnance de renvoi», souligne-t-il.

Habré porté à la barre sans résistance
Il s’adoucit. Contrairement à lundi, Hissein Habré n’a pas opposé hier de résistance lors de sa comparution au Tribunal. Il s’est laissé porté par trois Eléments pénitentiaires d’intervention (Epi) jusqu’à son siège où il est resté sagement assis en écoutant la lecture de l’ordonnance de renvoi. Depuis l’ouverture de son procès, c’est la première fois qu’on a assisté à une audience sans incident. Tout de même à l’annonce de la suspension de l’audience, il s’est levé et a soulevé les bras en signe de victoire sous les applaudissements nourris de ses proches. Il déclare sur un ton solennel : «Le complot échouera et nous vaincrons», avant de s’éclipser de la salle sous bonne escorte des gardes pénitentiaires. Le Président a renvoyé à aujourd’hui l’audience pour permettre à Georges Henry Beaudier de faire son témoignage.

Le Quotidien

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