DICTATUR-EXIT

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Abdou Ndukur Kacc Ndao
www.ndukur.com
www.essabc.comYaya a fait volte face. L’acceptation des résultats par l’enfant de Kagnilaï avait surpris plus d’un. Même lorsqu’il a félicité son challenger, dans une sorte de doute ou de prudence saint-thomasienne, beaucoup semblaient se dire que Mister President préparait un coup de force. Pourtant, Yaya, je crois, était dans de bonnes dispositions pour lâcher le pouvoir. Les récentes déclarations de Barrow ont changé les donnes et ont fait reconsidérer la posture « démocratique » d’un Yaya qui a peur pour lui et ses siens. Yaya a aussi travaillé pendant 22 ans pour sortir du Commonwealth et de la CPI. Entendre son successeur réaffirmer le retour de la Gambie dans ces jurons et institutions est une provocation de plus de Barrow.
Yaya a peur. Car il sait qu’il ne sortira pas indemne de sa vingtaine de gestion ininterrompue d’un pouvoir accusé à tord et à raison de tous les crimes. Il reste qu’il tient le pays entre ses mains. La victoire électorale est loin de refléter les rapports de forces à l’intérieur de forces de sécurité et de défense sous contrôle du système de Jammeh. Il sait qu’il ne peut faire face à la force de frappe d’une communauté internationale » si sélective par ailleurs dans ses interventions. Nous avons encore du coté de l’Afrique centrale, du moyen orient et d’autres parties du monde des régimes plus sanguinaires que celui de Yaya. N’empêche, Yaya sait qu’en narguant des égos aussi puissants que les « démocraties » occidentales sur la CPI et le Commonwealth en particulier, il devra faire face aux furies des maîtres du monde.
Pourtant tous les observateurs avertis savaient que la posture première de Yaya était assujettie par un discours qui le rassure, au moins au plan de sa sécurité personnelle. Il tombait de source que Barrow devait patienter en évitant d’être sur les agendas internationaux. Pour un président nouvellement élu qui n’a aucune prise sur les forces de sécurité et de défense, cette prudence méthodologique relevait du bon sens. En donnant des gages à la communauté internationale, Barrow venait de commettre sa première erreur tactique que la Gambie et la sous région risquent de payer chers. Il est vrai que Yaya a peu d’options. Mais il ne peut se livrer mains liées aux guillotines. Car, Yaya est aussi un soldat qui devra protéger ses « troupes », sa famille, son clan…Il ne livrera pas les siens. A moins d’être contraints. Personne ne sait ce que çà nous coûtera.
En observant les transitions politiques en Afrique ou ailleurs, on se rend compte que dans beaucoup de cas comme celui de Yaya, il n’y a pas de « exit-stratégie » pour nos dictateurs. Ils ont le choix entre la guillotine ou la prison. Voilà qui fait que la spirale de la peur les pousse aux extrêmes. Et la pression internationale n’aide pas. Comme pour les vielles centrales ou les mines anti personnelles, il faut des mesures d’accompagnement réalistes pour les accompagner vers la sortie. C’est facile de rappeler les principes des droits de l’homme. Mais sur le terrain, il y a des hommes et des femmes pris en otage. Ce n’est point un appel à l’impunité. Bien au contraire. Je vois que le jeu favori de certains de nos compatriotes est souvent de tirer sur les ambulances. En 22 ans de règne, le Sénégal n’a jamais pondu un communiqué pour dénoncer ou se plaindre. Même quand notre compatriote à été exécutée. Alors il faut être stratégique et sortir le pays du bourbier en aménageant une sortie. Car même s’il est extirpé de force, les lignes de fracture vont miner ce petit pays bâti sur des équilibres complexes qu’il ne faut pas sous estimer dans les évaluations sécuritaires.
Il est absolument urgent de négocier la transition. Y compris avec Yaya. Du Fogny où je trouve, je vois les « hordes » de gens traverser les frontières vers Kafountine et d’autres parties frontalières. Les peurs et inquiétudes se sont installées. Et des communautés ethnoculturelles s’organisent pour ne pas être guillotinées. Les équilibres sous régionaux sont fragiles. Il est facile de dire tu as perdu les élections tu pars sans mettre dans l’évaluation au moins les rapports de forces militaires et les configurations sécuritaires. Car le régime de Yaya sur nos différentes frontières est aussi assis sur des « guerriers » dans le fonds des maquis qui ont prise sur les routes et itinéraires de la drogue et de la vente des armes. Le chaos va profiter à d’autres qui n’attendent que cela pour consolider leurs bases-arrières et positionnements stratégiques sur le contrôle de ces ressources. Déjà, depuis des décennies, des forces connues et inconnues y travaillent. C’est pourquoi, personnellement, je considère le communiqué de notre pays comme de l’arrimage plus que du bon sens politique et de la finesse tactique. Yaya sait qu’il partira. D’une façon ou d’une autre. Négocier la transition à court terme en Gambie en réaffirmant fortement l’élection de Barrow est possible. Yaya peut toujours courir. Il est toujours rattrapable à moyen et long terme.
ANKN

3 Commentaires

  1. Et pourtant, malgré la victoire proclamé de Donald Trump, il y a eu pas moins de 3 à 4 re-comptage des voix, aux USA, sur demande des Clinton. Et une certaine presse nous alimentait de ces titres, toujours avec des trémolos d’espoir dans la voix. Et je ne parle pas des grands électeurs qui portent plainte contre Clinton pour menaces, je ne parle pas des manifestations jusqu’à hors des USA contre la… victoire de Trump, financés par Soros (le financier du Feu et Sang sénégalais de 2012). Même après avoir reconnu la victoire de Trump, Hillary garde le droit de faire recompter les voix et de se faire financer des manifestations d’opposition à sa défaite.
    Que voulez ? C’est la démocratie, non ?
    Mais un Yaya Jammeh qui ose contester sa défaite qu’il avait reconnue, et qui demande un re-comptage des voix, et hop, c’est Macky Sall qui envoie 100 commandos à la frontière.
    Il y a un réel avantage dans notre monde actuel (Qu’Allah nous aide tous à le comprendre). Quelque chose s’accélère. Les masques tombent plus rapidement sous nos yeux. Parce qu’il y a quelques temps, les menteurs qui nous tympanisaient de principes avaient encore le temps de les violer et de faire confectionner des tournures de phrases que leurs médias faisaient mousser pour nous empêcher de comprendre qu’ils ont violé leurs sacro-saints principes. Aujourd’hui, quelque chose s’accélère, quelque chose qui ne leur laisse pas le temps de bien mentir, ou le temps de couvrir les mensonges, ou le temps de relier leurs actes à leurs principes.
    Et c’est tout bénéfice pour les peuples que cette accélération ne laisse pas aux menteurs le temps de peaufiner leurs mensonges, qu’ils n’aient plus le temps de rattacher leurs nouveaux actes à leurs principes médiatisés. Aimé Césaire disait que le colonisé a compris la faiblesse du colonisateur le jour où il a découvert qu’il ment. Et tant qu’Allah nous aide à découvrir leurs mensonges, leurs faiblesses s’affichera à nos yeux, malgré leurs bravades et menaces.

  2. Quelles solutions africaines ! catalyseurs émotionnelles ou durables ?
    Nos gouvernants savent que le Sénégal sera un partenaire du peuple de Gambie dont nous sommes le seul pays limitrophe.
    Il faut que ces doulnalistes sénégalais et certains intellectuels à la grande bouche et au petit sous vêtement soient pour une fois responsable .
    Beaucoup d’entre eux émargent dans les tanganas avec une logique de dibiterie.
    Avec leurs analyses d’une naïveté déconcertante et leur escalade verbeuse ils contribuent à braquer cet énergumène de Banjul.
    Il y a plus de 1200 soit-disants, espions au Sénégal à la solde du névropathe de Kanilai.
    Notre presse va toujours vite en besogne; surtout qu’elle a été prise de court par la tournure des événements.
    La Gambie est avant tout un pays souverain et un peuple frère digne malgré les évidentes dérives de Jammeh. Laissons lui le temps de gérer leur ci-devant chef d’Etat avec l’habilité et la sagesse requises pour la prise en charge d’un tel homme fantasque et imprévisible.
    La Gambie n’a qu’un seul pays frontalier, dont les chefs gèrent bien toutes les alternatives que compte décliner l’illuminé du state house de que quartier de Independance driver.
    Yaya est aux abois mais au nom de quoi doit on accorder un crédit , un blanc seing à Adama Barrow.
    Nous attendons de nos hableurs professionnels un minimum de retenue.
    Quelle est l’utilité d’invectiver un  » malade mental qui est agité « ..
    Oui par des actions multiples, conjuguées, diplomatique, de communication, de forces internes et de dissuasion, et de solutions d’accompagnement et d’aval.
    Il faut que l’Afrique sorte de ces délires infantiles et de ses illusions émotionnelles.

    Vive le Sénégal, vive le peuple frère de Gambie.

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