Digressions, polémiques et tergiversations à la barre, hier : La comédie de Victor Kantoussan

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Plus audacieux que Victor Kan­toussan, tu meurs. Ce témoin comi­que pour ne pas dire drôle, qui a comparu hier à la barre dans le cadre du procès de Karim Meïssa Wade, a pour le moins qu’on puisse dire, joué de la comédie devant la Cour. En lieu et place des réponses aux questions simples et précises qui lui ont été posées, l’ancien garde du corps de Karim a versé dans les tergiversations. Digres­sions, longs détours, polémiques, confusions, répétitions, oublis ont été les subterfuges dont il a usés pour se tirer d’affaire. Il n’a point fait dans le déballage, au contraire, il a plutôt tenu à protéger son patrimoine. Pourtant, il n’était pas accusé d’enrichissement illicite.

Victor a été convoqué à la barre à titre de témoin qui aurait aidé Karim à détourner des deniers publics. Mais Victor n’a voulu, tout au long de son interrogatoire, affirmer ou infirmer ses déclarations à la gendarmerie et devant le juge d’instruction. A la question de savoir pour qui travaillait-il ? Il répond : «J’étais au service de Karim, mais il n’y a aucun contrat qui me lie à lui. Je travaillais pour son père, d’ailleurs c’est lui qui m’a détaché pour assurer la sécurité de son fils qui n’en voulait pas du tout au début». Et Victor de retracer son parcours professionnel, les formations qu’il a subies, les difficultés qu’a éprouvé la gendarmerie pour se faire accepter par un fils du Président qui n’en avait pas besoin parce qu’étant tout le temps hors du Sénégal. Il cite l’actuel président de la République et le président de l’Assemblée nationale à titre d’intervenants pour convaincre Karim de rester au Sénégal et d’aider son Président de père à gérer le pays.
Vêtu d’une chemise de couleur bleu-blanc et d’un pantalon super cent noir, l’ex-body gard de Karim a aussi brillé par les détours et contradictions pour parler de sa tâche auprès de Wade-fils. «Assu­rer sa sécurité en tout lieu et en tout temps. Mais il y a des services que je lui rendais. Car quand on est en service commandé, on ne peut rien refuser, on est là pour tout exécuter». Alors dans une déclaration à la gendarmerie, il avoue qu’il lui arrive de refuser d’exécuter certains services surtout lorsque ceux-ci lui empêchaient d’assurer la sécurité de Karim. «Si vous le voulez, je vais vous rafraîchir la mémoire», répond-il au substitut du procureur spécial avec le sourire. «Il n’y a pas de contradiction dans ça, nous ne sommes pas des civils, on exécute les ordres c’est tout».
Invité par Antoine Diome à donner des réponses précises, M. Kan­tous­san ironise : «Je suis un grand détaillant, si vous voulez des détails vous les aurez, alors détail pour détail…». Ce propos a fait pouffé de rire le public, fâchant du coup le procureur spécial et le président de la Crei. Les réprimandes et rappels à l’ordre de Henry Grégoire Diop sont vite oubliés par le témoin qui reprend de plus belle sa comédie en lançant des «j’aime bien cette question», «merci M. le procureur de me poser cette question que j’attendais» ou encore «Je vais vous répondre avec plaisir Monsieur le procureur, ça c’est une bonne question». Puis, répondant à une question, il dit : «Je pense que Monsieur le procureur ne veux pas entendre ce que je lui ai donné comme réponse, mais c’est son choix». Ce propos a provoqué le courroux du procureur spécial qui a demandé au président de la Cour de demander au témoin de le respecter et d’être correct devant la Cour, chose qui a été faite. C’était sans compter avec l’insouciance de Victor qui a tenu à dire à l’attention de ceux qui composent la Crei : «Si je suis devenu célèbre, c’est grâce à vous. Merci ! Vous m’avez rendu célèbre en mettant l’intégralité de ma déposition à la Crei sur l’internet». «La Crei n’a jamais rendu publique une déclaration», lui fait comprendre le président Henri G. Diop. «Merci Monsieur le président de la Cour pour le repas que vous m’avez offert, vous n’étiez pas obligé de me donner à manger, mais vous l’avez quand même fait. Merci !».
Mais la comédie a atteint son sommet quand la Cour a demandé au témoin la nature du contenant de l’argent déposé dans les deux comptes de Karim Wade : une valise ou un sac ? La réponse de Victor, sous l’insistance du procureur spécial et du président Diop : «Le contenant Monsieur le président de la Cour c’est le Président Abdoulaye Wade, (mais) pas une valise, pas un sac». Avant d’ajouter : «Après je suis sorti acheter un sac dehors où j’ai mis l’agent avant de le déposer à la banque».

Le Quotidien

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