Djihadisme ou invasion barbare en Afrique noire

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Le terrorisme islamiste en Afrique noire veut faire croire que c’est la France qui est visée en ceci que chaque tuerie vient punir une afro-connivence avec toubab-impie. En clair, il dit : choisissez bien votre ami, sinon la foudre ne vous épargnera point. Religion ou politique ? Difficile de faire la différence, mais possible d’en déplorer l’inexistence de teneur spirituelle. En même temps que la pensée occidentale nous abreuve de son diktat idéologique, nous nous abandonnons par effet de subordination, sous le poids des révélations instrumentalisées, au diktat des débarqués d’Orient.

Élan de conquistador, le rapport du subsaharien au djihadiste est question de résistance culturelle et de sauvegarde de la fraternité des nègres persécutés depuis le commencement  du trafic des hommes de couleur. Plus que jamais musulmans, chrétiens et autres noirs d’ébène, nous refusons le prolongement des actes asservissants. Ansar Dine avait justifié son entreprise de destruction des mausolées de Tombouctou en expliquant qu’elles relevaient de l’idolâtrie. Attaque frontale contre une conception de l’islam. Plus de trois ans après, à coups de pioche, de pelle et de pique, la cité légendaire du nord-ouest du Mali a repris de ses sanctuaires, reconstruits à l’identique. C’est ça l’Afrique des savanes ancestrales, posée, prudente mais puissante.

Joseph Kony en Ouganda, version christianisée du totalitarisme et Abubakar Shekau, modèle mi-colonisé mi-islamisé, sont théâtralités à l’aune d’une fracture sociale marginale qui pousse le bouchon beaucoup trop loin. Nous avons connu l’arabisation, nous avons connu l’hellénisation, nous éprouvons encore l’assaut de la mondialisation monstrueuse. Plus de 60 ans après les indépendances, on en est là, indépendants mais toujours pas libres. C’est une chose que de déplorer notre faiblesse dans le jeu des relations avec le reste du monde, c’est une autre chose que de reconnaître, pour s’en plaindre s’il le faut, l’étroitesse de nos marges de manœuvre.

Aliénation contre servitude. La bataille contre le déracinement et la spoliation porte souvent l’estocade à l’occidentalisation. Hélas ! L’Orient passe entre les mailles du filet sous le parapluie des complicités confessionnelles sans que nous nous réservions, en rempart, une latitude franche et fortifiante des ligues anciennes. S’il faut s’indigner de l’arrogante volonté assimilationniste des colombes déplumées venues d’Europe, il le faut autant de l’insolence des enturbannés, étoilés de certitudes et de messages haineux. Nous devons déchiffrer et démystifier le manège, toute la tromperie qui se fait passer pour amitié et fraternité en pure tromperie. Il veut nous réduire en suivistes, comme déjà connu des évangélistes, jamais sevrés de sommations.

Le groupe salafiste, Al-Shabaab, s’inspire d’un discours antichrétien, alimenté par le soutien kényan au gouvernement de la Somalie. Les djihadistes qui étaient parvenus à prendre le contrôle d’une partie du pays étaient forcés de quitter nombre de leurs positions dont Brava, un important port somalien. Comme quoi, quand les violences entre musulmans et chrétiens ne démasquent pas un manque de maturité, elles masquent l’ignominie d’intérêts politiques et financiers. « Le Kenya est en guerre avec la Somalie (…) nos hommes sont encore à l’intérieur et combattent. Leur mission est de tuer ceux qui sont contre les shebab », avait déclaré, sur le champ, un porte-parole du groupe islamiste, Cheikh Ali Mohamud Rage.

De cet ensorcellement et de ces manipulations qui nous font ennemis entre nous-mêmes, nous opposons nos origines lointaines, nous convoquons les souffrances endurées bien avant ces quelques différences hasardeuses. Pas de haine! Point d’animosité! L’inévitable hébergement des influences diverses nous oblige à envisager et à assumer, main dans la main, le dépassement dans nos fidèles déguisements carnavalesques. Le nouveau président, Roch Marc Christian Kaboré, fraîchement élu, n’a pas eu le temps d’empêcher les djihadistes de frapper. Aqmi a ciblé rapidement le Burkina-Faso après l’élection présidentielle. Le pays des hommes intègres faisait jusqu’à présent figure d’enclave, dans un paysage sahélien gangrené par Aqmi et ses méprisables filiales.

Après l’attaque sanglante en Côte d’ivoire, la France, a étrangement prévu un soutien logistique et de renseignement pour retrouver les agresseurs. Au Sénégal, une propagation idéologique de la menace jihadiste est bien possible si l’on se fie au Rapport sur la paix et la sécurité dans l’espace sous-régional. Cette étude a averti que, face à cette menace, les confréries constituent, jusque-là, les boucliers. Ainsi, la contestation intérieure, la fragmentation de l’autorité des khalifes ainsi que l’existence de groupes sous la coupole extrémiste de chefs charismatiques, constituent une véritable menace djihadiste.

La gouvernance africaine est acculée à offrir des parcelles de souveraineté comme dans l’opération Barkhane au Sahel contre des entièretés de protection. Sa faible niveau d’organisation politique la poursuit et la paralyse. Le djihadisme, en voulant éloigner l’Afrique subsaharienne des influences occidentales afin de la posséder esclave et article de l’Orient, la condamne en posture déjà expérimentée de chétive conquise. Debout l’Afrique! En avant l’idéal dynamique du mouvement de la négritude! Il y va de l’intégrité d’une fraternité typique, celle de musulmans, chrétiens, païens et désabusés, mais noirs depuis si longtemps.

Birame Waltako Ndiaye

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