Donner une chance à la paix. Par Demba Ndiaye

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Si nous avons retenu quelque chose de nos discussions (enregistrées ou en off) avec le « général » du maquis, César Badiatte, Antoine Diamacoune qui donne l’impression d’être la tête pensante du maquis, « Daouda », l’intendant, ou encore Diédhiou, le « secrétaire » méticuleux, c’est bien une disposition à parvenir rapidement à des négociations pour mettre fin à 28 ans de guerre avec ses charrettes de victimes. Mais que l’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas d’une tactique de guerre d’hommes fatigués qui veulent par la ruse sortir d’une situation difficile. Même si par ailleurs, on sent qu’elle l’est.

César Atoute Badiatte et son état major sont lucides et, peut-être aussi, devenus plus réalistes après plus de vingt huit ans de conflit, de privations et de morts. N’empêche, quelles que soient leurs motivations, il nous semble que les autorités devraient saisir l’opportunité et la main tendue aujourd’hui par eux, pour débloquer cette situation de ni « guerre ni paix » qui fait pourtant d’énormes victimes humaines.

Bien sûr, ils sont toujours pour des rencontres en Gambie ou à Bissau, ou, dans un autre pays étranger. Ce qu’ils appellent « internationaliser » le conflit. Puisque pour eux, il n’est pas question de discuter en Casamance, encore moins de venir à Dakar. Ces deux pays, comme par le passé pourraient abriter les négociations et leurs assises et, rester garants d’éventuels accords qui pourraient sortir d’éventuelles négociations.

Quand on leur fait remarquer que la Gambie et Bissau peuvent aussi être accusés de ne pas être neutres dans ce conflit, ils bottent en touche et avancent des explications. Pour la Gambie qui détient beaucoup de leurs combattants dont certains « sont morts », le quiproquo viendrait du fait que ce pays, accuserait le Sénégal d’abriter des apprentis putchistes comme Ndour Cham (Thiam ?) en se basant sur le fait que celui-ci aurait transité par le Fogny. « On nous accuse de l’avoir aidé, or c’est faux » ! Quant à Salif Sadio, selon eux, pour se faire héberger par la Gambie, il « doit donner des gages ». C’est ainsi que ses hommes, « de temps à autre, font des braquages et puis retournent en Gambie ».

Quand on leur fait remarquer qu’eux aussi sont accusés d’avoir des accointances avec Bissau, ils jurent la main sur le cœur, qu’ils n’ont aucune relation avec l’Armée guinéenne. Et concernant toujours Salif Sadio, Antoine Diamacoune est formel : « Salif ne compte pas et, il n’a aucun combattant sur le territoire de la Casamance, ils sont tous en Gambie ». Difficile à croire. Si Antoine Diamacoune fait une concession pour que leurs assises se tiennent à Bissau en lieu et place de la Gambie, c’est pour ajouter aussitôt, qu’il faudrait que le Gouvernement du Sénégal prenne langue de « manière diplomatique » avec les autorités de ce pays pour la tenue de cette rencontre (assises inter Mfdc).

A les en croire, « tous les combattants sont disposés à des négociations et que, s’il y a reprise des hostilités, c’est parce qu’il n y a pas des signes de négociations ». Des combattants « impatients » et « déçus » de l’absence de négociations ont repris les armes ».

Le Président Wade a déclaré lors de la première émission de la « Tribune » que, s’il n’a pu régler la crise casamançaise « en cent jours » comme il l’avait promis lors de la campagne présidentielle de 2000, c’est parce que le problème « était plus difficile » qu’il ne le pensait et qu’aujourd’hui, le mouvement était très divisé. Il semble bien que ces deux arguments sont moins pertinents avec les propos tenus par César Atoute Badiatte, qui déclare que le maquis est prêt à négocier dès que le Gouvernement le voudra, avec cependant une condition : qu’ils puissent organiser des assises inter_ Mfdc pour discuter de ce qu’ils vont négocier et, choisir leur délégation de négociateurs.

Quand par ailleurs ils déclarent être les seuls sur le terrain et que Salif Sadio est « hors du territoire et qu’il faut négocier avec ceux qui sont « majoritaires », il n’y a là rien d’incongru. Notre avis est que c’est une occasion qui pourrait ne pas se représenter pour longtemps de donner une chance à la paix. Avec comme corollaire immédiat, la cessation des hostilités et le retour au calme dans cette partie sud du pays. Il faut saisir l’occasion et prendre au mot des adversaires qui disent vouloir dialoguer.

Evidemment, certains petits malins loin du théâtre des opérations et des souffrances des populations de la Casamance peuvent toujours chicaner : pourquoi aider le Mfdc à tenir ses assises ? Parce que justement on dépense assez d’argent pour des choses qui sont, à l’échelle du pays, moins importantes que la paix en Casamance. Parce que surtout, si la guerre a un coût dramatique en vies humaines et en régression économique, la paix, elle, n’a pas de prix.

Quand on aura compris cet enjeu, on mégotera moins sur les dépenses et, surtout, les apprentis-va-t-en guerre bien au chaud dans les salons dakarois, devraient peut- être prendre les armes et aller « éradiquer » les rebelles au lieu d’ergoter dans les radios et journaux. On ne joue pas avec la vie des gens. Même (et surtout) si ce ne sont pas vos enfants.

Monsieur le Président, permettez moi de me répéter : donnons une chance à la paix. Et puis ne rêvez- vous pas d’être le Président sénégalais qui aura réglé la crise qui endeuille la Casamance depuis vingt huit ans ? Ça ferait un sacré plus dans votre dernier bilan de la gestion du Sénégal.

africanglobalnews.com

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