ENQUETE SUR L’ENRICHISSEMENT ILLICITE Pourquoi les enquêtes vont capoter

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Quelques jours après son déclenchement, l’enquête sur l’enrichissement illicite, qui a déjà envoyé plusieurs autorités du régime sortant à la Section de recherche de la gendarmerie de Dakar, soulève la chronique et met à nu les carences d’une option.

Il a fallu deux mois. Deux petits mois à la tête de l’Etat du Sénégal pour que le nouveau pouvoir étale des carences de son régime et livre les failles de son système annoncé pourtant (très) rigoureux par le Président Macky Sall. «Gouverner autrement, c’est bannir les passe-droits, le favoritisme et le trafic d’influence, c’est mettre l’intérêt public au-dessus de toute autre considération et traiter tous les citoyens avec la même dignité et le même respect», avait déclaré le nouveau chef de l’Etat dans son adresse à la Nation de 20 minutes, le 03 avril dernier.

Deux mois après, c’est à se demander si les nouveaux gouvernants, arrivés aux affaires suite à la cinglante défaite du candidat des «Fal 2012», Abdoulaye Wade, au soir du 25 mars 2012, ont écouté le fameux discours de leur patron ? Ont-ils véritablement la claire conscience des erreurs pour lesquelles les Sénégalais ont envoyé leurs prédécesseurs dans l’opposition où, non seulement ils se cherchent laborieusement, mais font aussi l’objet de cibles politiques à détruire irrémédiablement. Une sourde chasse aux «pilleurs de la République», avec des méthodes peu conventionnelles, comme la convocation d’anciens ministres et de l’actuel Président du Sénat, Pape Diop, à la Section des recherches de la gendarmerie de Dakar, pour une audition sur l’enquête sur l’enrichissement illicite, qui expose plus que ne prédispose le nouveau régime vers des lendemains… politiques tranquilles.

Amateurisme dans les enquêtes

Dans la traque «aux délinquants-fossoyeurs de la République» et dans sa mise en œuvre par les services de répression officiels, sous l’impulsion du gouvernement conduit par Abdoul Mbaye, toutes les juridictions pénales ont été mises en branle pour «enquêter» sur la gestion des deniers publics ou sur un enrichissement soudain, peu ou pas justifié, donc probablement illicite. Dans le principe, et c’est évident, aucun grief ne peut être valablement porté contre les initiateurs de cette «chasse aux biens mal acquis». Mais, si le Gouvernement de «Macky1» pense ainsi satisfaire un besoin national de justice, il pèche grave dans la méthode. On sent dans cette volonté légitime de récupérer «les biens de l’Etat», un amateurisme exacerbé guidé par une (très) mauvaise foi électoraliste. Il y a une légèreté manifeste dans la manière de driver tous ces dossiers frappés du sceau de l’urgence.

En lieu et place d’une véritable enquête préliminaire pour dresser des procès-verbaux en bonne et due forme à envoyer au Procureur spécial qui devra ensuite saisir la commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, on cherche aujourd’hui, non pas des indices concordants et irréfutables, mais à confirmer des «rumeurs» glanées par certains colporteurs d’informations faisant état de biens meubles et immeubles qui appartiendraient à des personnalités, servies à dessein en vue de nuire aux autorités du régime libéral ou, et c’est à prévoir, de ridiculiser les nouvelles autorités dans leur combat contre l’enrichissement illicite ou la récupération de biens mal acquis, en leur faisant emprunter de fausses pistes d’investigations. «En guise d’exemple, les propriétés immobilières qui ont été «attribuées» à Farba Senghor et Pape Diop ont été infirmés par les services de la conservation après vérification, chamboulant quelque peu le plan d’enquête de la gendarmerie qui est obligée maintenant de recueillir la version du mis en cause, de s’attacher l’expertise des fonctionnaires des Domaines et des Impôts, de rendre compte à la hiérarchie avant d’en décider», rapporte une source proche de l’enquête, ulcérée par cette main politique qui pousse à «se payer la peau» de certains adversaires par tous les moyens.

Protection de membres de la nouvelle majorité présidentielle

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase de répulsion populaire a suinté du mode de gestion communicative sur les dossiers devant être traités par la justice. Contrairement à ce qu’affirmait MackySall, par rapport à la gestion de l’information par les services de communication de la Présidence, de la Primature ou des différents ministères de son gouvernement, il y a aujourd’hui des gens tapis dans l’ombre qui font précéder la teneur des dossiers aux journalistes. Donnant ainsi la primeur du contenu des documents à la presse, avant même que le magistrat instructeur ou les enquêteurs de la police ou de la gendarmerie ne les compulsent pour en prendre connaissance. Et de jour en jour, avec une médiatisation qui frise parfois l’acharnement ou un harcèlement qui ne dit pas son nom, on se rapproche de plus en plus des vieilles méthodes politiques libérales.

Pis, certains dossiers impliquant profondément d’anciens libéraux, aujourd’hui déjà dans la majorité présidentielle ou sur la rampe de la transhumance, ne sont pas arrivés sur les bureaux des enquêteurs. Une politique de deux poids deux mesures frustrante pour leurs anciens frères de parti, restés fidèles à Me Wade, qui embouchent la trompette de la dénonciation ou de la discrimination dans le traitement et exigent que tous les suspects soient interpellés avec impartialité dans le choix des cas à instruire judiciairement. Une situation qui donne aux nouveaux opposants l’occasion tant espérée de se rappeler aux bons souvenirs des électeurs présentement courtisés pour les Législatives du 1er juillet prochain. Cela a été le cas récemment, après une propagande médiatique à qui mieux mieux durant presque tous les premiers soixante jours de Macky Sall à la magistrature suprême. Et in fine, Me Wade, en véritable bête politique, était alors revenu, le temps d’une conférence de presse, pour apporter de l’eau au moulin de sa formation politique presque agonisante et minée par des défections de toutes parts.

Tout un chapelet d’entraves à la bonne marche de la justice pour satisfaire une exigence populaire plombée par quelques péchés capitaux du nouveau régime de Macky Sall.

Par PAPE SAMBARE NDOUR
Source L’Observateur

1 COMMENTAIRE

  1. Ton article est vraiment bizarre , ces audits datent du régime de Wade ,aujourd’hui que la justice est libre , elle fait son travail .
    Concernant, les auditions de certains dignitaires , quoi de plus normal après 12ans de règne . Ab Wade avait usé de ça dés son entame mais en a fait un moyen de corruption .
    Vu ce qu’on a vécu au Sénégal avoir certaines attitude, certains propos à l’encontre du nouveau régime est douteux , vu le mal que le PDS à fait au Sénégal . Cet AB Wade n’a rien de bien , C Satan en personne qui l’habite: il a menti, volé , a commis le parjure et a tué ou fait tué .
    Le fait de l’aider à expier ses pêchés et un devoir pour tout croyant . le défendre relève d’une offense à Dieu qui nous jugera

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