Les partisans du ministre de la Jeunesse, Mamadou Lamine Keïta, n’apprécient guère la réduction des charges ministérielles de leur mentor suite au dernier remaniement ministériel. Militants et responsables Pds, proches de Keïta, en lieu et place d’une marche interdite par le préfet, ont produit, hier, un mémorandum pour inviter le Président Wade à rectifier cette erreur politique, qu’ils assimilent à une trahison. Ils ont brûlé des pneus sur l’avenue Emile Badiane, malgré une forte présence policière.
Par Ibou MANE
Des pneus brûlés aux abords de la mairie de Bignona quadrillée par un important dispositif sécuritaire. Un morceau rouge attaché sur le mât surplombant la cour de l’institution municipale à la place du drapeau national. Des jeunes surexcités voulant découdre avec les forces de l’ordre. Des responsables opposés à la marche et complètement déconnectés de leur base. Bignona, La capitale du Fogny offrait, hier, l’image d’une ville rebelle. Après une première marche avortée jeudi dernier à cause de la pluie, les partisans du ministre de la Jeunesse, Mamadou Lamine Keïta ont engagé la riposte, pour ce qu’ils appellent un «combat pour la justice et l’équité». Ils étaient venus des 19 collectivités locales dont 3 communes d’arrondissement que compte le département de Bignona pour exiger la «réhabilitation» de ce dernier.
La marche programmée par des centaines de militants acquis à la cause du ministre-maire et arborant des drapeaux rouges n’a finalement pas eu lieu à cause d’une interdiction préfectorale et un important dispositif sécuritaire de la Légion de gendarmerie d’intervention (Lgi). A la place, des responsables Pds de la fédération départementale de Bignona, avec à leur tête le 1er vice-président du Conseil régional de Ziguinchor, Mamadou Lamine Sora ont tenté de tirer les enseignements de cette mobilisation. Face à la presse, M. Sora entouré de plusieurs Pcr et responsables libéraux du département, a d’abord rappelé le rôle politique et stratégique que ce département a joué au Sénégal, depuis Emile Badiane, Mamadou Angrand Badiane, jusqu’à Oumar Lamine Badji. Et c’est pour inviter, dans un mémorandum remis au préfet de Bignona, le Pds et les plus hautes autorités à comprendre que «le département de Bignona n’est pas un simple allié, mais un véritable compagnon qui est l’architecte, depuis 1974, de sa construction et de son développement». Il a également demandé à Wade de réparer cette injustice à l’endroit de Bignona. Les responsables libéraux du département ont voulu manifester en faveur de «l’engagement et la mission de ses responsables et militants dans le combat pour la justice et l’équité». Valeurs qui leur ont permis, disent-ils, de remporter pour la première fois des élections législatives en 1988 avec trois députés?: Oumar Lamine Badji, Ismaila Kane et Moussa Diédhiou. «Beaucoup d’embûches ont été dressées par le régime socialiste pour endiguer les efforts du Pds, mais la résistance et le stoïcisme amenaient les militants, malgré le manque de moyens, à porter haut le projet social du frère Secrétaire général national Me Abdoulaye Wade», ont soutenu les partisans de Mamadou Lamine Keïta.
MEMORANDUM
Pour se faire entendre, les Libéraux du Fogny ont remis au goût du jour les pages sombres de l’histoire de Bignona. Et c’est pour indiquer, dans leur mémorandum que, depuis, le département a payé un lourd tribut?: la disparition à Sindian, en 1993, d’anciens du Pds et de leur véhicule, l’emprisonnement de responsables accusés de rébellion et, tout récemment, la disparition tragique en 2006 de Oumar Lamine Badji. Une manière, pour eux, de monter que même?dans la peur, ils sont restés eux-mêmes. Ils ont cru et continué «la lutte sous le sceau du sacrifice jusqu’au sacre suprême du Pds, le 19 mars 2000. Bignona a réédité sa loyauté au Pds en 2009, en lui donnant une écrasante victoire lors des dernières élections locales», ont-ils estimé. Et Lamine Sora et ses «frères» libéraux de Bignona de soutenir que le dernier réaménagement a dérouté plus d’un dans le département. «Au lieu d’être renforcé, Bignona s’est vu dégarni des moyens politiques mis à sa disposition», se désolent-ils. Les militants estiment donc que le Président Wade doit rectifier cette erreur politique qui apparaît à leurs yeux comme une trahison, eu égard au travail et aux résultats obtenus par le département, mais aussi aux résultats du ministre Mamadou Lamine Keïta, maire de la commune de Bignona, dont ils réclament «la réhabilitation».
Par ailleurs, les partisans de Keïta rappellent qu’à part les postes électifs, le département ne compte aucun Directeur national, aucun Pca et aucune autre nomination qui aurait renforcé les ressources humaines et les capacités de mobilisation du Pds. Voilà pourquoi ils disent se sentir trahis par les responsables de leur parti au plus haut niveau. «Nous donnons deux semaines au Président Abdoulaye Wade pour rectifier le tir, sinon nous allons tous quitter le Pds», avertit le Pcr d’Oulampane, Bouba Bodian. Ces exigences constituent une condition à la poursuite du compagnonnage avec ce département.
Correspondant
COLERE CONTRE LE REAMENAGEMENT DU GOUVERNEMENT : Une Convention autour de Keïta rue sur les brancards
Par Oumar Seydou BA
La Convergence autour de Keïta pour Wade (Cakaw) n’apprécie pas « le sort réservé à Mamadou Lamine Keïta qui s’est vu amputé les départements des Sports et des Loisirs». Elle l’a fait savoir à travers une déclaration publique. Partant du principe que tout travail bien fait doit être récompensé, les élèves et étudiants de cette structure ont affirmé que leur mentor méritait mieux, même si par ailleurs, ils partagent le souhait du Président Wade de faire la part belle aux femmes. Ceci d’autant plus que, argumentent Lamine Sakho et Cie, «le ministre Keïta a réussi un certain nombre de choses?: stabilisation des départements de la Jeunesse et des Sports, élargissement des bases du Pds, magnifiés par l’accueil triomphal réservé au Président Wade en mars 2009 et l’écrasante victoire du Pds lors des dernières Locales dans les départements de Bignona». Fort de ces arguments, les soutiens au ministre de la Jeunesse demandent à ce que leur leader soit élevé à un rang conforme à son statut. Ceci, d’autant plus que «certains leaders politiques qui font moins bien que Keïta bénéficient de largesses incommensurables».
