Guinée Bissau : Crise électorale ou crise institutionnelle ? (Par Ibrahima Sène)

Date:


Le peuple de Guinée Bissau est aujourd’hui pris en otage par le retard pris dans la validation des résultats du second tour de la Présidentielle, par la Cours Suprême de ce pays.
En effet, ses exigences, de recomptage des votes, ont produit les mêmes résultats, mais cela n’a pas empêché la Cours Suprême d’exiger un nouveau recomptage, cette fois, non plus des PV contestés, mais « bureau de vote par bureau de vote », contesté comme non conté !
Or tout le monde s’accorde sur le fait, que dans de pareils cas, seuls les résultats des P V contestés sont concernés !
Cette nouvelle exigence prouve nettement qu’elle remet en cause la fiabilité de tous les résultats proclamés par la « Commission Nationale Electorale » (CNE), tout en s’abstenant de prendre la responsabilité d’invalider le second tour de cette Présidentielle, pour fixer une nouvelle date pour la tenue d’un nouveau second tour.
Ainsi, contrairement au Kenya où la Cours Suprême avait pris sur elle la responsabilité d’annuler les résultats de la Présidentielle pour fixer une date pour la tenue d’une nouvelle élection, celle de Bissau veut obliger la CNE à se dédire pour proclamer de nouveaux résultats en faveur du Candidat du PAIGC.
A Bissau, malgré la reprise du comptage des bureaux des PV contestés sous la supervision de la CEDAO, la Cours suprême insiste sur son refus de valider les résultats qu’il a produits.
Cette situation ne peut s’expliquer que par la nature du régime de ce Pays, où un Parti, le PAIGC, est majoritaire à l’Assemblée nationale et contrôle le pouvoir judiciaire, alors qu’il a perdu le pouvoir présidentiel qui fut contrôlé, avant les élections, par un dissident de ce Parti.
C’est cette perte de contrôle du pouvoir présidentiel dans un régime où le Premier Ministre est issu de la majorité parlementaire, qui avait plongé la Guinée Bissau dans une grave crise institutionnelle, que la CEDEAO a tenté de résoudre par la recommandation de la tenue d’une nouvelle élection présidentielle.
Nous assistons aujourd’hui au fait que cette élection a été incapable de surmonter cette crise institutionnelle, qui s’est en fait de nouveau manifestée par les résultats proclamés par la CNE, qui font perdre au PAIGC, le contrôle de la Présidence de la République en faveur d’un autre dissident de ce parti, entérinant la situation contre laquelle il s’était mobilisé.
Ainsi, il s’est servi de la Cours Suprême pour imposer à la CNE de se déduire, pour lui permettre de récupérer la Présidence, afin de rétablir son pouvoir absolu par l’Etat de Guinée Bissau.
La crise électorale qui s’en est suivie ne peut se résoudre que par un reniement de la CNE ou par l’invalidation du second tour, pour en organiser un autre, en jetant ce pays dans une situation de déstabilisation, dont le Sénégal serait la principale victime.
Cette perspective est d’autant plus réelle avec le projet du candidat du PAIGC de remettre en cause les accords sur la frontière maritime avec le Sénégal et le partage du pétrole dans cette zone, qui ont résulté d’un arbitrage international.
Cette perspective fait qu’aucun autre pays de la sous- région, n’a autant d’intérêt économique et sécuritaire que le Sénégal, pour obtenir que soit respecté la volonté du peuple de Guinée Bissau, exprimée, de façon pacifique et transparente sous supervision internationale, dans les résultats proclamés par la CNE, et validés par la CEDEAO après un second comptage demandé par la Cours Suprême.
Pour que cela en soit de façon pacifique, il faudrait, à la demande de la CEDEAO, que l’Union Africaine, l’ONU et les grandes puissances, prennent des sanctions économiques et entreprennent des poursuites judiciaires contre tous ceux qui entravent le respect strict du suffrage exprimé par le peuple de la Guinée Bissau, et traduit dans les résultats proclamés par la CNE.
Dans le même temps, la nécessité de résoudre la crise institutionnelle de la Guinée Bissau s’impose, puisque, du fait de la non concordance de la majorité présidentielle avec la majorité parlementaire qui en résulterait, le pays va se retrouver en situation de blocage, comme avant la Présidentielle.
La Guinée Bissau devrait donc, ou bien s’orienter vers un régime présidentiel dans lequel le pouvoir exécutif revient entièrement au Président de la République élu au suffrage universel direct, ou bien, vers un régime parlementaire, dans lequel le pouvoir exécutif revient entièrement à la majorité parlementaire, avec un Président de la République élu par un suffrage indirect, pour veiller au bon fonctionnement des Institutions de la République.
Donc, cette double impasse électorale et institutionnelle exige une large concertation nationale, dès après l’installation du Président élu, afin de se pencher sur la nécessaire évolution des Institutions de ce pays.
Dans cette perspective, il faudrait que ce peuple de Guinée Bissau, prenne en compte le fait, que le régime présidentiel en Afrique a atteint partout, ses limites sociales et son efficacité dans le maintien d’une stabilité durable.
En effet, sous le régime présidentiel, nos peuples sont confrontés , d’une part, avec leurs besoins de démocratie, qui supposent la limitation de la durée et du nombre de renouvellement du mandat du Président de la République, et, d’autre part, leurs besoins de stabilité durable qui ouvrent la porte à toutes les formes d’instauration d’un Président de la République à vie, à travers diverses tentatives de révision des constitutions, pour renouveler éternellement le mandat du Président sortant.
C’est cette contradiction, sous le régime présidentiel qui sévit dans tous nos pays d’Afrique, y compris au Sénégal, qui rend chaque élection présidentielle, potentiellement déstabilisatrice, porteuse de violences gratuites, et de régression au plan économique et au plan de la démocratie.
C’est un tel cauchemar que nos peuples vivent comme un éternel recommencement, qui annihile toutes ses aspirations à la Démocratie, à la paix civile et au mieux -être.
Il reste donc à nos peuples comme seule alternative, l’option d’un régime parlementaire, qui conjugue à la fois sa souveraineté sur ses institutions dans la stabilité et la paix civile, et ses aspirations à plus de démocratie et de progrés économique et social.
Ce sont tous ces enjeux que porte la crise électorale et institutionnelle de la Guinée Bissau qui invitent tous les républicains des pays de la sous-région à œuvrer pour le respect de la volonté de ce peuple librement exprimée de façon transparente, par son suffrage, et l’ouverture d’un « Dialogue National de Réforme des Institutions ».
C’est pourquoi, les critiques portées par Sonko, contre la position du Président Macky Sall qui milite pour ce respect, ne reflètent que son engagement politique derrière le candidat mauvais perdant du PAIGC, qui pourtant menace ouvertement les intérêts du Sénégal.
Sonko démontre ainsi qu’il n’est ni républicain, ni démocrate, mais qu’il est surtout un apatride, prêt à s’allier avec tous ceux qui peuvent déstabiliser notre pays pour parvenir à ses fins inavouées !
Le contrer sans concession, et le dénoncer sans états d’âme, sont devenus un devoir citoyen de haute portée !
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 16 Février 2020

5 Commentaires

  1. Comprendre la Présidentielle Bissau-Guinéenne:
    M.Sène vous êtes certainement un démocrate, à ce titre, la décision de la cour suprême y compris celle de la Guinée-Bissau doit être respectée par tous! Votre analyse est partisane puisque la finalité de votre article a un seul but, tout faire pour que le candidat du paigc n’accède pas au pouvoir afin que  » les accords sur la frontière maritime avec le Sénégal et le partage du pétrole dans cette zone, qui ont résulté d’un arbitrage international » ne soit pas remis en cause. Mais la vérité des urnes pour la cour suprême est l’unique moyen d’accéder à la présidence en Guinée-Bissau. Figurez-vous M.Sène, la CNE n’a toujours pas pu justifier la provenance des résultats globaux qu’elle a annoncé or la loi Bissau-Guinéenne exige les résultats bureau par bureau pour l’approbation finale. Le détail n’existant pas, il faut retourner faire le travail qui devrait être fait, compter les voix bureau par bureau. En fait, la CNE et les deux candidats ont tous les résultats par devers eux. Mais comme seuls ceux que donne la CNE sont pris en compte, or celle -ci persiste à dire qu’elle ne les a pas. Dans ce cas il faut les reconstituer. M.Sène nous sommes dans une élection présidentielle et pas dans une nomination du président par la CNE. Là est la subtilité que vous devez comprendre. En quoi le recomptage des votes peut-il changer le résultat final? En fait M.Sène la cour suprême de Guinée-Bissau est « compétente » alors que la cour suprême du Sénégal est « incompétente », ce n’est pas un manque de respect mais vous le savez bien votre cour suprême se déclare tout le temps incompétente dont acte. Sans recomptage pas de résultat et au final annulation du deuxième tour. La faute à la CNE qui doit justifier les résultats annoncés doù viennent ces chiffres? On parlera du régime qu’il faut en Guinée-Bissau plus tard. Maléguène

  2. Comprendre la Présidentielle Bissau-Guinéenne:
    M.Sène vous êtes certainement un démocrate, à ce titre, la décision de la cour suprême y compris celle de la Guinée-Bissau doit être respectée par tous! Votre analyse est partisane puisque la finalité de votre article a un seul but, tout faire pour que le candidat du paigc n’accède pas au pouvoir afin que » les accords sur la frontière maritime avec le Sénégal et le partage du pétrole dans cette zone, qui ont résulté d’un arbitrage international » ne soit pas remis en cause. Mais la vérité des urnes pour la cour suprême est l’unique moyen d’accéder à la présidence en Guinée-Bissau. Figurez-vous M.Sène, la CNE n’a toujours pas pu justifier la provenance des résultats globaux qu’elle a annoncé or la loi Bissau-Guinéenne exige les résultats bureau par bureau pour l’approbation finale. Le détail n’existant pas, il faut retourner faire le travail qui devrait être fait, compter les voix bureau par bureau. En fait, la CNE et les deux candidats ont tous les résultats par devers eux. Mais comme seuls ceux que donne la CNE sont pris en compte, or celle -ci persiste à dire qu’elle ne les a pas. Dans ce cas il faut les reconstituer. M.Sène nous sommes dans une élection présidentielle et pas dans une nomination du président par la CNE. Là est la subtilité que vous devez comprendre. En quoi le recomptage des votes peut-il changer le résultat final? En fait M.Sène la cour suprême de Guinée-Bissau est « compétente » alors que la cour suprême du Sénégal est « incompétente », ce n’est pas un manque de respect mais vous le savez bien votre cour suprême se déclare tout le temps incompétente dont acte. Sans recomptage pas de résultat et au final annulation du deuxième tour. La faute à la CNE qui doit justifier les résultats annoncés doù viennent ces chiffres? On parlera du régime qu’il faut en Guinée-Bissau plus tard. Maléguène

  3. Merci M. Sène ! Ce sont des irresponsables comme Sonko Fusilleur qui sont les pires déstabilisateurs de la Guinée Bissau ! J’ai toujours dit que les seules qualités de Sonko Fusilleur sont l’amateurisme, le populisme, la manipulation et la victimisation. Il faut y ajouter le nafékhisme ! Car n’est-ce pas lui-même qui a soutenu, applaudi, vendu et accueilli ici même au Sénégal devant tous les médias M. Gomez, le candidat malheureux de la dernière présidentielle en Guinée Bissau ? Mais quelle hypocrisie d’accuser Macky de ce que toi-même tu as fait de façon encore plus flagrante ! Macky n’a jamais donné de consigne de vote dans ce pays ni soutenu aucun candidat, contrairement à toi Sonko Fusilleur qui a soutenu Gomez avant pendant et après l’élection présidentielle dans ce pays ! C’est irresponsable, bête et idiot ! Macky a seulement prit acte de l’élection de Umbalo et l’a reçu à Dakar après l’élection, comme d’autres présidents africains l’ont fait. Le plus grand danger avec Sonko Fusilleur n’est pas son opposition radicale au gouvernement, mais son amateurisme enfantin sur des sujets sensibles. N’est-ce pas lui qui est allé menacer et insulter la Mauritanie à la frontière même de ce pays durant notre dernière compagne électorale ? Va devenir maçon waay… mais 2024 viendra…

  4. N’est ce pas fut ici que Sonko a ete traite de salafiste puis de djihadiiste puis ils ont distillé dans les medias que si Sonko n’a pas ete a l’enterrement de Bruno Diatta c’est parceque Sonko n’aime pas les chretiens .
    Donc Sonko devrait logiquement soutenir emballo qui est musulmans et qui porte une echarpe comme celui de yasser Arafat .
    Cela prouve que toutes les rumeurs que L’apr faisait passer dans les medias comme Radio Falaat Macky ou Tele Falaat Macky etaient toutes mensonges d’etat

  5. Quand on est malhonnête intellectuellement, il y a rien à faire, il faut juste prier pour ces égarés que la vie à tromper. Ne vous donnez pas toute cette peine ( Abou et Maléguéne ) pour répondre à Mr Sene et le rat des égouts Lemzo.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE