Service, c’est le maître mot de l’homélie de monseigneur André Guèye, évêque de Thiès, qui a présidé hier la messe dédiée à la 127ème édition du pèlerinage marial de Popenguine. C’est dans un sanctuaire marial plein à craquer que l’évêque de Thiès a fait son homélie qui restera gravé à jamais dans la mémoire des fidèles chrétiens venus religieusement suivre la messe, mais également des membres du gouvernement venus représenter le chef de l’Etat à cette cérémonie.
Servir Dieu signifie avant tout servir l’homme qui est le chemin qui conduit vers lui, aux yeux de l’évêque de Thiès qui présidait cette messe dédiée à la 127ème édition du pèlerinage marial de Popenguine. Ce service de tout homme constitue une authentique évangélisation en actes. C’est pourquoi il a appelé tous les chrétiens, membres de l’Eglise-famille, à réitérer leur engagement au service de l’homme, mais également les décideurs, les responsables, les concitoyens, les partenaires et tous les hommes et femmes de bonne volonté : tous au service de l’homme.
Mieux, l’évêque de Thiès, qui s’interroge sur la signification de servir l’homme dans notre pays aujourd’hui, déclare que «servir l’homme chez nous c’est, entre autres sans calcul ni démagogie, entendre les cris et prendre en compte les préoccupations du monde rural particulièrement, c’est lutter contre la pauvreté non pas par des théories et des discours, mais en actes et en vérité. Servir l’homme aujourd’hui au Sénégal, c’est œuvrer pour une répartition plus équitable de la richesse nationale. N’oublions pas à ce propos les paysans du Sénégal des profondeurs qui ne connaissent pas de syndicat, n’oublions pas non plus tous ceux qui accèdent difficilement au microphone ou qui n’ont pas de route et même pas de piste à bloquer pour faire entendre leurs revendications».
Favoriser l’accès aux services de base, protéger les valeurs…
Poursuivant son homélie sous un tonnerre d’applaudissements, l’évêque de Thiès ajoute : «Aujourd’hui, servir l’homme au Sénégal, c’est aussi favoriser l’accès de toutes les populations aux services minimums de la santé et de l’éducation de qualité, c’est favoriser l’accès à l’eau et à l’électricité, protéger les valeurs du mariage et de la famille agressées par toutes sortes d’intérêts, pour ne pas dire idéologies, soutenir les familles démunies des campagnes et des périphéries, protéger les enfants contre toutes formes de violences et d’exploitation, redonner à notre jeunesse l’espoir de lendemains meilleurs ici dans notre pays pour son développement et éradiquer ainsi la tentation bien souvent fatale de l’émigration, mettre en avant les valeurs de justice, de vérité et d’honnêteté en lieu et place des compromissions de toutes sortes, de la combine et de la corruption qui gangrènent notre société et menacent notre destin commun, promouvoir et protéger le bien commun, même dans sa plus immédiate et matérielle expression, comme le respect et l’ordre dans l’occupation et la gestion de la rue publique, à plus forte raison dans sa forme la plus élevée, dans tout ce qui favorise l’épanouissement de tous, en commençant par le respect de la liberté d’autrui, de sa foi, de son identité et de sa dignité.» Et le prêtre d’inviter les administrés comme les administrateurs de servir et non de se servir et cite en exemple Marie qui, en se mettant tout simplement au service de son fils Jésus, est devenue une précieuse collaboratrice de Dieu.
Mgr André Guèye salue le dialogue islamo-chrétien
Au cours de son homélie, l’évêque de Thiès a salué la coexistence pacifique entre les communautés religieuses du Sénégal et c’est pour demander aux fidèles d’applaudir les frères musulmans fortement représentés lors de cette 127ème édition du pèlerinage marial de Popenguine.
Mieux, il déclare que cet exemple est le socle et le ciment des relations empreintes de cordialité. «C’est le signe que nous avons conscience que nous sommes tous au-delà de nos appartenances religieuses, des fils et des filles de Dieu unique que nous voulons aimer, imiter et servir. Cette fraternité est le socle et le ciment des relations empreintes de cordialité, de respect mutuel et de convivialité qui caractérisent la Nation sénégalaise», s’est réjoui Mgr Guèye. Ce dernier d’apprécier à sa juste valeur cette coexistence pacifique entre les communautés religieuses du Sénégal car, dit-il, dans un contexte mondial marqué par des tensions religieuses et la montée en puissance et en horreur des extrémismes de tout bord. «Nous donnons ainsi au monde entier la preuve que la coexistence pacifique et le dialogue entre les religions, mieux la fraternité sont possibles et salutaires : un héritage à préserver et à transmettre aux jeunes générations. Vous les jeunes, veillez sur cet héritage et n’écoutez pas les sirènes du fanatisme qui appellent à l’exclusion voire la haine de l’autre sur la base de ses convictions», a conseillé l’évêque de Thiès.
[email protected] (Envoyé spécial à Popenguine)
