Situé au niveau du rond point de Liberté 5, l’immeuble Cheikh Anta Mbacké, qui est sous la menace d’un effondrement est devenu un danger pour les populations riveraines. Si aucune perte humaine n’a été enregistrée, il est à relever que trois maisons plus contiguës ont subi fissures. L’immeuble qui aurait été déstabilisée par une conduite d’eau défectueuse de la SDE a été vidé de tous ses occupants et une zone de sécurité a été délimitée par les autorités préfectorales.
Le propriétaire est un certain Samba Guèye. Des volontaires de la mairie de Dakar s’activent à sortir les matériels de bureau de même que des containers, des taxis bagages et autres moyens pour transporter les bagages. Les instructions sont claires : tout le monde doit dégager les lieux. Une voiture de police veille sur la sécurité, les riverains braquent leurs yeux sur l’immeuble de trois étages en couleur rose qui, comme un bateau ivre, semble tanguer, sur le point de s’effondrer. Le réseau de branchement de la Sénégalaise des eaux (Sde) serait d’après les premières constations à l’origine de cette situation. En tous les cas, le magasin JVC qui logé dans l’immeuble en question situé sur le rond point de Liberté 5 est inondé. On peut remarquer au niveau du trou ouvert par la sécurité une conduite d’eau défectueuse.L’immeuble Cheikh Anta Mbacké, sis au rond point de Liberté 5 qui a bougé de sa base, des traces de boue provenant des bureaux de JVC et à l’intérieur des carreaux dépiécés, des fissures sur les marches pied et les pans de mur des maisons contiguës, voilà le spectacle gros de danger qui se présentait hier aux nombreux curieux. L’immeuble abrite diverses sociétés dont une blanchisserie, un cabinet de pédiatrie, un cabinet dentaire, le bureau du Pca de l’Onas, la direction de la décentralisation du ministre de l’Aménagement du territoire et des collectivités locales, pour ne citer que cela.
Des dégâts matériels inestimables ont été enregistrés. Tout le personnel des autres services abritant l’immeuble Sokhna Anta Mbacké ont été déguerpis des lieux pour des mesures de sécurité. Des questions diverses se posent, le débat est ouvert. «Ces maisons doivent être démolies. Elles ne répondent plus aux normes, elles sont devenues inhabitées .Hier nuit tout le quartier était inondé. C’est Dieu qui nous protège», lance une personne âgée assise en face l’immeuble.
La villa située à gauche de l’immeuble est l’une des maisons fortement menacées. On peut remarquer des fissures très profondes au niveau du mur du garage, dans les toilettes, dans quelques chambres et sur la devanture. «Les propriétaires ne cherchent que de l’argent. Les questions de sécurité ne sont pas leurs problèmes. Ça c’est dangereux et nous sommes en période hivernale», renchérit une dame d’une quarantaine visiblement sous pression. Duval Vêtu d’un body vert fluo et d’un short vert menthe, un des habitants de la maison, Nkodja, d’origine congolaise peine à raconter. «On est très surpris, mon papa a appelé le propriétaire de la maison. La famille va passer cette nuit ici. Nous n’avons pas encore trouvé une autre maison. A Dakar, les maisons sont belles mais les propriétaires ne prennent pas le temps de construire normalement. Ils doivent respecter les normes.
Les coupables doivent être sanctionnés» assène t-il. Docteur Bengeloun, teint clair, corps svelte, vêtu de sa tenue blanche, le téléphone portable accroché aux oreilles, est informe des proches. Très sollicité, dans un état d’angoisse, il explique : «Ce matin nous avons aperçu devant la porte du magasin de JVC de l’eau mélangée à de la boue en train de couler. L’immeuble menace de s’effondrer. Nous sommes entrain de transporter nos matériels avant que la situation devienne plus grave. C’est mon cabinet dentaire et j’ai investi des centaines de millions. Nous ferons notre mieux avant que l’immeuble s’écroule sur nos clients». Des agents de la Sde en pleine activité devant l’autre maison menacée et dont le propriétaire serait un immigré. Elle présente des fissures profondes. De petits cailloux sont dispersés par terre. M. Wone, importateur de riz, habillé d’une chemise bleue et d’un pantalon noir s’interroger. «Je ne sais pas ce qui se passe, les gens m’ont expliqué que c’est un tuyau de la SDE qui a éclaté.
Les techniciens de la SDE sont entrain de résoudre le problème». Samba Coly, agent de sécurité, âgé de 25 ans, les clefs du magasin JVC en main est très occupé. Il raconte : «On avait constitué un groupe entrain de prendre le thé, après quelques minutes une eau rougeâtre a coulé mélangée à de la boue. Nous sommes très inquiets en ce moment. Nous avions peur qu’il y avait une personne morte dans le magasin. Et par la suite nous avons alerté les propriétaires. Il y a beaucoup de dégâts, l’eau nous est arrivé jusque près du genou».
Réactions….Réactions…Réactions
Cheikh Tidiane Fall, directeur de communication de la Sde
«C’est vers minuit que nos équipes ont été alertées d’une fuite d’eau. Une conduite passait sous le bâtiment, nous avons arrêté l’eau dans cette zone pour ne pas aggraver la situation. D’autres moyens ont été trouvés pour ravitailler la population. Les conduites étaient installés où il n’y avait pas ce bâtiment. Sur le plan de la Sicap dont nous disposons, rien n’était prévu dans cette zone. Nous ne savons pas avec quelle autorisation les propriétaires ont construit. Sous l’emprise des eaux personne n’a le droit de construire. C’est un problème qui existe à Dakar nous avons tenu des rencontres pour y mettre fin. Ce qui c’est passé aujourd’hui, va attirer l’attention des autorités étatiques».
Mme Seynabou Niang, adjointe du préfet de Dakar
«Des mesures d’évacuation immédiate des personnes concernées ont été immédiatement prises. Nous avons dégagé un périmètre de sécurité afin que les riverains ne s’approchent pas de l’’immeuble. Ce dernier est construit sous une conduite d’eau de la SDE. Et le tuyau de la SDE a éclaté, les maisons à côté commencent à avoir des fissures très profondes. La situation commence à être grave».
Momar Ndiaye, Président conseil d’administration de l’Office national de l’assainissement
«C’est ce matin que j’ai appris la mauvaise nouvelle, il y a une infiltration d’eau dans les locaux, au niveau du rezde chaussée de la blanchisserie et du magasin JVC. Cela est dû à la fuite des branchements du réseau de la SDE. Les responsables de la sécurité publique nous ont demandé de quitter les lieux. Nous sommes obligés de déguerpir en attendant que les techniciens fassent leur travail, malheureusement pour nous. Des services vont chercher d’autres locaux pour s’installer. Cela nous handicape un peu pour que le travail fonctionne normalement. Nous souhaitons que les autorités évaluent les responsabilités et les dégâts matériels».
Cheikh Guèye, 1er adjoint au maire de la ville de Dakar
«C’est désolant, c’est une forte eau qui a causé l’inondation de ce bâtiment, nous sommes entrain de prendre des dispositions nécessaires et remercions les volontaires de la mairie. Ils aident les gens à évacuer leurs bagages, nous prendrons l’arrêté pour demander l’évacuation de la zone afin de mettre la population hors de danger. Nous avons pris la responsabilité de sensibiliser les uns et les autres sur les zones qui ne doivent pas être construites surtout sur une conduite d’eau, ça draine beaucoup et si elle se casse, ça devient très grave. Ce qui s’est passée aujourd’hui doit pousser la population à respecter les normes d’urbanisation. Heureusement qu’il n’y a pas de pertes humains. Tout le monde doit s’impliquer davantage».
