A cause de sa femme qui voulait le quitter pour se rendre en Europe, Cheikh Ameth Tidiane Sow a plongé tout l’aéroport Léopold Sédar Senghor dans la psychose. Le prévenu traversait une crise dans son foyer. Son épouse, suite à une scène de ménage, avait déserté le domicile conjugal pendant plus d’une semaine. Alors qu’il dormait profondément, Cheikh Sow reçoit un appel. Il s’agissait de son épouse qui l’informait de son voyage. Elle était, en ce moment, à l’aéroport en partance pour l’Europe. Sortant péniblement de son sommeil, Sow a tenté de joindre sa maman puis sa sœur sans succès afin de leur livrer l’information. Et pour faire capoter le voyage de sa femme, M. Sow n’a pas trouvé mieux que d’appeler sur le Call Center de l’aéroport pour leur dire qu’il y a une bombe placée à bord de l’appareil de la Royal air Maroc (Ram) qui s’apprêtait à décoller. En réalité, son épouse avait pris un vol de Tunis air.
Cheikh Sow avait utilisé une puce téléphonique qu’il a jetée, après avoir émis son appel. Malheureusement, il sera appréhendé grâce au téléphone portable dont il s’était servi.
Cette fausse alerte à la bombe avait installé la panique, en compromettant la sécurité aéroportuaire pendant deux heures de temps. Le prévenu a reconnu sans ambages les faits à la barre. «J’ai essayé de joindre ma mère et ma sœur, mais leur téléphone ne sonnait pas. Je ne savais plus quoi faire et j’ai inventé cette histoire pour l’empêcher de partir», a-t-il avoué devant le juge.
Selon le Parquet, par cette information, les avions n’ont pas pu atterrir et décoller pendant deux heures. A en croire toujours le Parquet, l’appel a causé un préjudice énorme à la sécurité. Pour le maître des poursuites, ce sont des faits très graves qui ne peuvent pas rester impunis. Il a requis 2 ans ferme contre Cheikh Ameth Tidiane Sow.
Pour l’avocat de la Ram, qui s’est constituée partie civile, le préjudice causé est énorme. L’avocat a réclamé 10 millions de francs de dommages et intérêts.
Les 5 avocats de la défense ont axé leur plaidoirie sur l’article 101 du Code de l’aviation qui définit la sécurité de l’aéronef. Les dispositions de cet article évoquent de la compromission de l’aéronef en vol. Ce qui n’est pas le cas, selon Me Abdourahmane Sô dit Lenine, car l’avion de la Royal air Maroc était encore cloué au sol. De l’avis des avocats, il se pose aussi le problème de la légalité. Le législateur, dans l’article 101, n’a pas prévu les actes posés par leur client. Ils estiment en outre qu’il n’y avait pas aussi une intention criminelle.
Selon Me Mame Abdou Mbodji, leur client a juste perdu la raison, mais il n’a pas pensé à arrêter un avion, mais à empêcher son épouse de partir. En le faisant, poursuit l’avocat, il a perdu de vue qu’en tentant de régler un problème privé, il a causé un trouble à l’ordre public. Et comme ces agissements du prévenu ne s’appliquent pas à l’article 101 du Code de l’aviation, ils ont plaidé la relaxe au principal et la mansuétude du Tribunal.
L’affaire est mise en délibéré au 3 octobre.
lequotidien.sn
Jugé hier pour une fausse alerte à la bombe dans un avion : Cheikh Sow risque 2 ans de prison
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