La gouvernance des Wade : entre vagabondage et incivisme.

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S’il y a des extinctions annoncées qui réconfortent, celle de la machine PDS en fait partie. C’est l’honneur du Peuple Sénégalais de mettre au placard Abdoulaye Wade et toute sa bande, en attendant que dame justice suive son cours. Car, c’est aussi l’honneur de ce même peuple de mettre tous les justiciables à égalité. A force de déballages outrageux et d’étalages odieux, les frères libéraux avaient fini par ne plus convaincre personne. Aussi, ont-ils été laminés à près de 66% des voix au bénéfice du Président de la République Macky Sall, ce 25 Mars 2012. Contrairement à ce que pensent beaucoup d’hommes politiques sénégalais, de l’âge du «vieux de la vieille », Abdoulaye Wade n’est pas un monstre parfait. Même si des pigistes et/ou chroniqueurs l’ont quelque fois dépeint comme une « bête politique », cela n’a été possible que parce qu’il jouissait des moyens d’un certain pouvoir à hauteur d’homme, symbole de finitude. Donc quels moyens a-t-il aujourd’hui de vouloir garder notre Sénégal en otage ? Qu’est-ce qui a pu lui faire croire qu’il pouvait revenir dans ce pays comme il y a 15 ans en arrière? Comment a-t-il pu prendre l’initiative de rendre publique sa venue à Dakar, lui qui aurait tout à gagner à descendre petitement du petit avion de son fils ? Nous n’osons pas penser à « une perte de réseau » de sa part, lui qui est si prévenant et calculateur. Nous en avons alors déduit, que c’est un vrai « malade politique » comme on en trouve au sein des VIP de la mouvance présidentielle comme dans « l’opposition ». D’ailleurs, par opposition aujourd’hui, les sénégalais entendent tous ces « malades politiques » gravitant autour du pouvoir de Macky Sall. Ceux qui embouchent les trompettes de la dissonance sont soit dedans soit à proximité des affaires. Il n’existe plus d’opposition objective au Sénégal, depuis le 25 mars, pour la bonne et simple raison qu’il n’y a pas encore matière à s’opposer. S’opposer, c’est faire tête, chercher à empêcher quelqu’un, par des voies démocratiques et légales, de mettre en exécution une vision politique. C’est donc dire, que c’est sur des bases indubitablement avérées de constats de mal gouvernance (cf. Le rapport 2010 du Cnuced) que se fonde une opposition politique constructive. Macky Sall Président de la République, incommodé par la perspective d’une situation de confort politique a sciemment créé les conditions de contestation de ses propres décisions. N’a-t-il pas favorisé sa propre cure d’amaigrissement au sein de l’exécutif comme du législatif ? Bien sûr qu’il a osé, n’en déplaisent à certains membres éminents de l’APR, car il a tenu à administrer la leçon qu’en démocratie, la maîtrise des pulsions demeure une règle d’or.
Pour ce qui est de l’ancien président du Sénégal, son cas relève moins de la tenue, de la retenue et du bon sens, que de la psychanalyse. Et nous osons croire que le caractère brusque et humiliant de sa déconvenue l’aurait plongé dans une dépression que toute « bête politique » refuserait jusqu’au dernier souffle. Ne se débat- il pas donc dans l’antichambre des déchus ; antichambre ne menant nullement à des lendemains meilleurs pour ceux qui, par instinct de survie, s’agrippent encore aux fonds politiques qu’il leur aurait « douteusement » offerts. Un monarque « détrôné » a toujours eu besoin de tester sa popularité pour un réconfort évanescent. Il est capital pour lui de se sentir toujours au centre de tous les salons. C’est sous sa gouvernance que le Sénégal ahuri, a vu un parti au pouvoir, battre le macadam. C’est également au lendemain de sa défaite qu’on le verra prendre l’avion de commandement pour aller faire « ses courses » à l’étranger. Mais alors, pourquoi un homme si intelligent entretient-il des rapports aussi heurtés avec sa propre réalité ? Il demeure un homme doublement affecté. La perte du pouvoir et la retraite peinent à être digestes chez lui. La perte du pouvoir, pilule amère qu’il a avalée malgré les acrobaties pour donner à sa gouvernance aux couleurs d’apocalypse une cure de jouvence, le ronge et parachève sa sénilité. La solitude dans un endroit qui ressemblerait à un asile fait de lui un « obsédé politique » en perpétuelle furie et guettant les moindres brèches pour faire entendre au Sénégal et à l’étranger les « battements politiques » de son cœur. Il y a deux jours déjà, à l’annonce en grande pompe de sa venue à Dakar, beaucoup de sénégalais se posaient la question de la pertinence d’un tel activisme. Et pourtant, notre conviction était que ce voyage n’était même pas à l’ordre du jour dans sa tête. Un membre du bureau de notre auguste Assemblée nationale nous disait en aparté que si cela ne tenait qu’à lui, Abdoulaye Wade serait immédiatement arrêté s’il était accueilli par une foule (quelque soit le nombre). Wade doit accepter de se taire. Il a quand même le droit d’être « admis à faire valoir ses droits à la retraite ». Le glas qui sonne sur la vie publique de Wade empêche la plupart des membres de l’ancien régime de danser la valse des escrocs et pilleurs de la république. Certains se sont rapetissés, se faisant du coup oublier, mais d’autres, par contre, continuent à pousser le bouchon. Le font-ils pour se forger une nouvelle carapace ? Tiendront-ils encore longtemps ? Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se casse, a-t-on l’habitude d’entendre. En tout état de cause, nous retiendrons de cette vaine agitation, l’image d’un animal agonisant qui donne ses dernières ruades. L’intervention « diplomatique » d’un Chef d’Etat africain, ces derniers jours, ferme le ban pour, nous l’espérons, un point final de l’histoire des Wade.
Si bon nombre de Chefs d’Etat, les mains trempées dans le sang et dans la boue, pour paraphraser Sartre, ont rompu avec le pouvoir sans grande inquiétude ni pour eux ni pour leurs proches. Même si beaucoup d’autres « guides éclairés », de barrons et tenants de pouvoirs politiques déchus ayant affamé leur peuple et fait assassiner ou fuir leurs opposants par des méthodes de coercition ignobles, continuent à paître librement dans la nature, le Sénégal souverain a toujours su manifester son soutien à ces peuples non assistés, et proclamer son engagement à marcher résolument sur les sentiers de la démocratie et de la bonne gouvernance. C’est donc un bonheur pour tous, aujourd’hui, que la volonté des nouvelles autorités coïncide avec cette exigence du peuple sénégalais de se rendre justice. Il est clair qu’aucun divertissement ne pourra « conturber » (le mot est d’Aimé Césaire) ce projet du Président de la République de rapatrier tous ces milliards qui n’ont cessé de franchir nos frontières depuis près de 12 ans au moins.
Verrouillez les portes, Monsieur le Président.

Coordination Nationale du Cadre Républicain
des Inspecteurs de l’Enseignement (C.R.I.E)
[email protected]

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