Latif Coulibaly et Joe Gai Ramaka sur l’affaire Me Seye : Deux œuvres, une vérité

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L’assassinat de Me Babacar Sèye en mai 1993 a poussé le journaliste Abdou Latif Coulibaly et le cinéaste Joe Gaï Ramaka à consacrer, chacun, une œuvre (un livre pour le premier et un film documentaire pour le second) sur cette affaire.

Tous ont pointé du doigt Me Abdoulaye Wade comme étant le principal commanditaire du meurtre de celui qu’on appelait alors le juge des élections.

Des véhicules qui roulent, un coup de feu… sur la Corniche Ouest. Pan ! 15 Mai 1993, Me Babacar Sèye vient de recevoir une balle. Evacué à l’hôpital Principal de Dakar, le juge meurt quelques minutes plus tard. Comme une traînée de poudre, la nouvelle de son assassinat se répand dans les rues de la capitale. Me Sèye était alors le vice-président du Conseil constitutionnel. 20 ans, beaucoup de zones d’ombre entourent encore son assassinat. Deux journalistes sénégalais et un cinéaste ont tenté de reconstituer les faits. Il s’agit des journalistes Abdou Latif Coulibaly (actuel ministre porte-parole du gouvernement de Macky Sall), de Tidiane Kassé et du cinéaste Joe Gaï Ramaka. Tous ont produit des œuvres. A travers son livre de 220 pages intitulé Affaire Me Sèye: un meurtre sur commande paru en janvier 2006 aux éditions L’Harmattan, Abdou Latif Coulibaly jette un gros pavé dans la mare… wadienne. Selon les témoignages et les informations obtenues après investigations et contenus dans le livre, le commanditaire de ce meurtre est, d’après l’auteur, l’ancien couple présidentiel : Me Abdoulaye Wade et sa femme Viviane. Pourtant en 2003, Abdou Latif Coulibaly était convaincu d’une chose : «En l’état des faits et selon mon intime conviction, Abdoulaye Wade ne peut pas avoir fait assassiner Me Babacar Sèye.» Ce sont ces propos qu’il avait tenus dans son ouvrage : Wade, un opposant au pouvoir : l’alternance piégée?

L’ouvrage Affaire Me Sèye : un meurtre sur commande a inspiré le cinéaste Joe Gaï Ramaka qui en a fait un documentaire titré «Et si Latif avait raison!» de 90 minutes, qui égrène les scandales qui ont entaché l’alternance: assassinat de Me Babacar Sèye, musellement de la presse, naufrage du Joola, agression de Talla Sylla, loi Ezzan, détournements de deniers publics… Le réalisateur a choisi de ne pas rester les bras croisés. «Que reste-t-il des rêves nourris au soir du 19 mars 2000 ? Que reste-t-il de cette victoire conquise pas à pas, souvent au prix d’immenses sacrifices, mais aussi de persévérance, de calme et de lucidité de tout un peuple ? Omar Diop Blondin, Ibnou Diop, Omar Daff, Alhouseyni Cissé… seraient-ils morts pour rien ?!», martèle-t-il.

Porté par la voix profonde du journaliste Jean-Pierre Corréa, le documentaire est construit comme un polar : sombre, mystérieux, enfumé lors des interventions du narrateur. Joe Gaï Ramaka n’avait pas pu, pour des raisons techniques, présenter le film en avant-première à Dakar. Sur une scène derrière laquelle sont projetées des images et des photos d’archives, une douzaine d’intervenants issus du monde politique, de la société civile et de la presse se succèdent. Parmi eux, Mouhamadou Mbodj, coordonnateur du Forum civil, Talla Sylla, les socialistes Abdoulaye Elimane Kane et Aïssata Tall Sall, Madièye Mbodj, Mazide Ndiaye, l’écologiste Haïdar El Ali, Madiambal Diagne, Issa Sall de l’hebdomadaire Nouvel Horizon, Vieux Savané de Sud Quotidien, ou encore le rappeur Xuman. Le film est traduit en wolof et en pulaar. Avant ces deux œuvres, les journalistes Tidiane Kassé et Abdourahmane Camara avaient, eux aussi, consacré un livre sur l’assassinat de Me Sèye (Voir par ailleurs).

Baba MBALLO
Source Walfadjri

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