Abdoulaye Wade doit surveiller ses arrières. En l’espace d’une semaine, le palais de la République du Sénégal est passé d’un lieu de lamentations en un autel d’immolation par le feu. Après Bocar Bocoum, vendredi dernier, Cheikh Tidiane Bâ s’est illustré d’une triste manière en s’immolant aussi par le feu. Et l’on ne sait pas si cet évènement va se reproduire, vendredi prochain, pour finir par devenir un rituel.
Si le président de la République et son entourage ne font pas gaffe, ils risquent de se retrouver, un jour, nez à nez avec un candidat à l’immolation par le feu. A l’image du défunt Kéba Diop, qui avait réussi à s’introduire dans le Palais avant d’être rattrapé et maîtrisé par la garde rapprochée de Me Wade. Puisque depuis un certain temps, ceux qui manifestent leur colère et leur désespoir ont décidé de tourner le dos à la grève de la faim et au port du brassard rouge qui étaient, jusqu’ici, les formes les plus prisées. Imitant en cela le jeune Tunisien, Mohamed Bouazizi, dont la mort avait conduit à la chute du dictateur tunisien, Zine El Abidine Ben Ali.
Abdoulaye Wade et son entourage doivent décrypter les messages de ces jeunes Sénégalais qui s’immolent par le feu. Cela devrait constituer une urgence. Le chef de l’Etat doit s’interroger sur les causes qui engendrent ce genre de manifestations dans un pays qu’il dit avoir sorti de la pauvreté. S’immoler par le feu ne fait pas, en effet, partie des mœurs sénégalaises.
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