Le marché du dimanche par Bacary Domingo Mane

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Rien ne presse pour le Président tant que c’est pour apporter des correctifs à notre dispositif institutionnel, de manière à réduire les pouvoirs du Chef de l’Etat pour davantage renforcer notre système démocratique. Rien ne presse, tant que c’est pour empêcher le président de la République d’être chef de parti. Rien ne presse…Lui-même dit «qu’il n’y a aucune contrainte, aucun délai » et «prendrait le temps nécessaire» pour étudier et traduire en actes le contenu du rapport. Ceux qui pensent qu’il y a urgence, parce que rêvant d’un système démocratique plus huilé, n’ont qu’à aller voir ailleurs, s’ils ne peuvent prendre leur mal en patience. Le temps présidentiel fonctionne selon d’autres catégories ou logiques dont Macky Sall est le seul à percer le secret.

Le charme du discours présidentiel c’est qu’il ne s’embarrasse pas trop de formules puisées dans l’arsenal de la langue de bois. Après tout c’est « son initiative », comme il le martèle, lui-même. Il ne manquerait plus qu’il en réclame, comme l’autre, un certain pourcentage en guise de droit d’auteur.

L’on se demande pourquoi avoir donné une échéance aux membres de la Cnri, si c’est pour ensuite se donner le temps, tout le temps de voir le contenu du rapport ? Le Pr Amadou Mactar Mbow et son équipe auraient pu faire pareil. Seulement, eux ont travaillé sur commande. Ce qui n’est pas le cas pour le premier des Sénégalais.

Pour ceux qui en doutaient encore, le Président Macky Sall prendra dans le rapport de la Commission nationale de réforme des institutions ce qui l’arrange. Le propos ne souffre d’aucune ambiguïté : «Cette commission, c’est moi-même qui l’ai initiée, mais je prendrai dans son contenu ce que je jugerai bon ».

Le lieu d’où il parle trahit un ego qui a l’air de tout ramener à sa personne. Se souciera-t-il de ce que le peuple juge bon dans ce rapport ? Quelle sera la grille de lecture : la patrie ou le parti ? Saura-t-il s’effacer derrière le rideau des appétits de pouvoir ? Aura-t-il le courage d’amorcer les ruptures tant escomptées ?

Le propos semble trahir une telle éventualité lorsqu’il déclare que «dans tous les pays, c’est de cette façon que les choses marchent ». Et tout donne l’air que sur la question du cumul (Président et chef de parti), Macky Sall est sur la même longueur d’ondes que ses camarades «Apéristes » qui ne souhaitent pas faire bouger les lignes. Mieux encore, il semble dire à ces derniers : j’ai compris le message, donc il ne sert à rien de « se lancer dans une vaine polémique », selon ses propres mots.

L’énergie déployée, l’argent du contribuable dépensé, les nuits blanches passées à cogiter, bref, tout cela était un mal nécessaire pour permettre à Macky Sall de faire tranquillement son marché devant les rayons de la Constitution proposée. Visiblement, l’accélération de la cadence, c’est pour les autres.

Bacary Domingo Mane
sudonline.sn

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