Le MNLA piégé par ses propres jeux politiques

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Le MNLA s’est engagé à quitter Kidal hier, une décision qui ne fait pas l’unanimité au sein du groupe. Quelle lecture en faites-vous ?

C’est une décision inattendue au regard des derniers événements qui, malgré la revendication d’AQMI, laissent planer des doutes sur le rôle du MNLA. Ce changement d’attitude soudain et cette volonté de se conformer aux accords de Ouagadougou ne sont pas anodins et auraient des soubassements non avoués, bien que le texte du communiqué du MNLA tente de rassurer ses sympathisants en ces termes : «La décision a été mûrement réfléchie et vise à éviter une escalade dans les souffrances que le vaillant peuple de l’Azawad n’a déjà que trop enduré.»

– Pourquoi le MNLA n’arrive pas à se stabiliser ? Que reste-t-il finalement du mouvement?

C’est un mouvement qui se cherche. Tantôt nouant des alliances objectives avec les groupes djihadistes pour la rente que constituent les rançons d’otages, mais souvent s’affirmant comme un mouvement politique laïque pour s’attirer la respectabilité de l’Occident et faire valoir une respectabilité sur la scène internationale. Mais il est troublant de constater ce phénomène de vases communicants permettant de passer allègrement du djihadisme à la cause nationaliste. Il y a matière à creuser dans cette incessante valse politique du MNLA.

– Peut-on dire que les groupuscules terroristes ont dévié les objectifs du MNLA ?

Le MNLA s’est retrouvé piégé par ses propres jeux politiques. Il essuie des accusations tous les jours de manière allusive par la classe politique malienne comme faisant le lit du djihadisme tout en étant la main implacable de Paris dans cet imbroglio politico-diplomatique – certains diraient cette tragi-comédie qui se joue au Nord du Mali. En fait, au mouvement nationaliste est arrivé ce qui a été toujours fatal à toutes les luttes politiques, l’embourgeoisement de la direction et l’instauration d’une culture de salons diplomatiques, éloignant ceux qui devaient porter la cause des réalités du terrain mais aussi des objectifs initiaux de la lutte qu’ils sont censés mener.

– Le Mali est-il toujours en guerre ?

Il y a eu dès le début justement un conflit de perception de la question du Nord-Mali. Les Occidentaux sont restés dans le schéma romantique d’une lutte plus ou moins juste pour l’autodétermination menée par les «hommes en bleu», attirant une certaine sympathie inavouée. Alors que dans la classe politique malienne, l’idée de groupes touareg antichambre du djihadisme et complice de l’Occident reste la plus partagée. Les dernières larmes d’IBK me semblent plus être versées pour impuissance que par simple compassion pour la France en deuil.

– Pensez-vous que les législatives, le 24 novembre prochain, s’y tiendront sans entrave ?

On s’avance vers les législatives entourées encore de mille compromis contradictoires comme à l’approche de la présidentielle, au lendemain des accords de Ouaga. Et on peut dire aujourd’hui qu’au Mali, les élections se sont passées, mais les problèmes demeurent entiers. Eternel recommencement de la communauté internationale noyée dans la forte influence de la France dont les autorités sont encore partagées entre position de principe et réalisme politique.

Faten Hayed
http://elwatan.com/

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