Le fait est rare, voire inédit. De tous les présidents de l’Afrique noire, Macky Sall est le seul à avoir engagé les soldats de son pays dans la guerre que l’Arabie Saoudite mène contre les chiites de Yemen. En mobilisant l’armée sénégalaise dans une guerre entre arabes et branches islamiques , le chef de l’Etat se proclame ami et allié de la monarchie wahhabite saoudienne. Le « cousin » Macky se mêle d’un conflit entre « frères arabes ».
Depuis qu’il est à la tête du Sénégal, ses voyages au royaume ne se comptent plus, au point de susciter l’étonnement de Mounos, un internaute très actif dans le forum de xalima . « Combien de fois le Président Macky Sall se rend-il dans ce royaume ? Est-ce qu’il ne battrait pas le record de Wade ? Il faudrait vérifier ! Et les autres Chefs d’Etat ou de gouvernement, pourquoi ne se rendent pas autant en Arabie Saoudite ? Dans quel(s) domaines d’activité(s) ces relations si particulières les bienfaits se sentiraient-ils ? », s’interrogeait-il sur notre site, en commentant l’article annonçant la (dernière) visite de Macky en terre saoudienne (1er avril)
Quand il se déplace, il met dans son avion des chefs religieux. La royauté lui fait faveur en lui ouvrant les portes de la Kaaba. La RTS diffuse l’instant religieux: on voit le président vêtu de blanc, franchir le portail et poser sa main sur la pierre noire. Rêve de tout musulman. Des photos sont prises, vites postées sur sa page facebook, envoyées à la presse et aux sites d’informations. Et ses partisans s’exultent: « merci Macky, un bon musulman et un président pieux.Que Dieu te bénisse ». Nous disons Amen.
Mais qu’est ce qu’il fait courir Macky vers l’Arabie ?
Le chef de l’Etat a beau clamer que l’argent circule, les Sénégalais ne sont pas convaincus. Ils résument leur manque de pouvoir d’achat par ce slogan caustique: « Rewmi Dafa Macky ». Telle est sa marque de fabrique. Macky Sall est obsédé d’effacer ce refrain populaire, savamment orchestré par des dilettantes et qui donne échos dans l’ ensemble du pays. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, le marasme économique qui y règne n’ a été associé au nom de celui qui en assure la charge.
Donc le « Yonu Yokute » n’y est pas. Il est vite remplacé par le PSE (Plan Sénégal Emergent). Une générique à coup de milliards. Mais introuvables. Le président a promis des autoroutes, des universités, des sommes d’argent exorbitantes à des villes… Il faut vite trouver le financement pour amorcer les fondations avant 2016, c’est à dire à une année de la présidentielle.
Cette course à un second mandat explique la recherche d’espèces sonnantes et trébuchantes.spère en retour recevoir les pétrodollars du roi Salman. Et la garantie du crédit c’est le sang de nos soldats.
xalima
Et pourtant, nos chefs religieux et temporels devraient s’inquiéter d’une certaine menace islamiste, du fait de la vulgarisation par les ‘’salafistes’’ (‘’fondamentalistes’’) saoudiens de hadiths que certains de nos oulémas ont accrédités et qui déclarent illicites certaines créations artistiques (sculptures, voire photos, vidéos, etc.), l’édification de mausolées, le ‘’culte des Saints’’ et les confréries (tarikhas) ; bref tout ce qui caractérise l’Islam confrérique – pourtant un Islam de paix et de tolérance qui a toujours fait toute notre fierté. Oui, toutes ces pratiques sont considérés par ces mêmes oulémas, d’obédience salafiste, comme de ‘’nouvelles formes de polythéisme’’ qu’il faut éradiquer à tout prix ; et dans cette perspective, des brochures dont la publication est supervisée par le Ministère des Affaires Islamiques, des Waqfs, de la Prédication et de l’Orientation du Royaume (d’Arabie Saoudite) sont distribuées gracieusement aux pèlerins pour condamner tout ceci qu’ils considèrent comme de graves déviations (hérésies). [Réf. Dr Muhammad Ibn Abdul Rahman Al-Khoumayyis. Les efforts des Savants Malékites dans l’explication du Polythéisme et de ses voies]. Et à la lecture de leurs réquisitoires contre les tarikhas, reposant sur des arguments fallacieux, on se rend compte de l’opinion très défavorable que les Saoudiens ont de notre pratique religieuse ; ils nous considèrent, à la limite, comme des égarés et des idolâtres ! Et tout cela fait que nos relations sont teintées d’une certaine hypocrisie. Et on peut légitiment craindre que ceux-là que nous soutenons et aidons aujourd’hui (crise yéménite) vienne demain chez nous pour nous ‘’islamiser’’ par la force (d’une manière ou d’une autre) !!! Est-ce cela l’excellence des relations entre le Sénégal et Royaume wahabite tant vantée par les uns et les autres ?
Il faut se demander comment Macky Sall s’est retrouvé dans cette situation de devoir courir derrière l’Arabie Saoudite.
Macky Sall arrivé au pouvoir a trouvé des relations très huilées entre le Sénégal et les pays arabes.
Sept mois après sa prise de pouvoir, Macky Sall va récolter au Koweit 144 milliards que ce pays avait promis de décaisser pour le Sénégal, sous Wade. Cela fait bien plus que les 108 milliards dont on nous dit que Macky récoltera de l’envoi de nos soldats.
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Macky aurait pu entretenir ses relations. Et même en arrivant au pouvoir il avait plus l’intention de réorienter les relations du Sénégal vers les pourvoyeurs de légions d’honneur, il devait avoir l’idée de maintenir ses pays arabes comme roue de secours. Mais c’était sans compter l’obsession de zéro-isation de tout ce qui avait touché à Abdoulaye Wade, c’était sans compter l’absolu nécessité de diabolisation du pouvoir sortant pour les besoins des échéances électorales. Et cette obsession de Macky Sall mise en application par ses communicateurs foncièrement nuls et ses politiciens avec des masques de juristes a produit deux lignes médiatiques qui ont été répétées de façon outrancière pendant deux ans dans tous les supports médiatiques accessibles à Macky Sall:
1/ Si Wade a préféré les relations avec les pays arabes, c’est plus parce qque ces pays sont informels en matière de finance. Ils décaissent sans traçabilité et ne contrôlent pas ce qui est fait de l’argent qu’ils jettent à Wade. Ce qui facilite à Wade des détournements inouis.
2/ (Aussi contradictoire que cela paraisse) Les milliards que le pouvoir de Wade a détourné sont gardés dans les pays arabes, c’est ce qui fait qu’il ne sera pas possible de retrouver ces milliards.
3/ Les entreprises arabes qui se sont installées au Sénégal sous Wade ne l’ont été que par la fraude (Sudatel, DPW).
La conséquence a été le froid avec les pays arabes, en tout cas le ralentissement perceptible des financements…informels.
La communication de Macky campa sur le tintamarre du Club de Paris. 3 700 milliards « décrochés » alors que Macky ne cherchait que 1 800 milliards. Macky « obtient » 200% de ce qu’il cherchait. Un président qui obtient plus que ce qu’il veut des bailleurs. Tout le monde a confiance à lui. Et les tournées économiques, et les conseils des ministres délocalisés (copiés d’Ali Bongo), et partout des milliers de milliards promis.
Mais concrètement, en dehors des médias, ces milliards de milliards n’existent nul part au Sénégal. Au même titre que les milliers milliards dont le pouvoir de Wade est accusé d’avoir voler, les milliers de milliards que Macky est crédité d’avoir trouver pour le Sénégal reste dans le cadre strict des titres de la presse des 100. Les deux cas de milliers de milliards « existent » juste pour nous orienter l’opinion. Mais il ne faut jamais franchir cette étape pour tenter de les voir. Ils n’existent nul part.
A mi mandat, Macky Sall constate qu’il a usé de toute sa force médiatique et celle faussement juridique pour diaboliser ceux qui s’étaient opposés aux Boloré, ceux qui avaient concurrencé les Boloré, mais cela n’a pas entraîné les retombées financières espérés des Boloré alors que cela a tari les financements..informels.
Alors, la solution ?
Obligatoirement courir derrière les financements informels… à tout prix, courir derrière les receleurs de « nos milliards volés par Wade ». Il est bien possible d’être aveugle, mais il n’est pas possible de ne pas voir ces vérités.