Le Premier ministre Abdoul MBAYE invité de Radio Sénégal : « La réforme du Code des marchés s’impose »

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Le Premier ministre, Abdoul Mbaye, était l’invité de Radio Sénégal, samedi dernier. Les sujets  portaient sur la crise scolaire, la baisse des denrées de consommation, les coupures d’électricité, l’emploi des jeunes, les marchés de gré à gré, la situation des droits de l’Homme au Sénégal, etc.
Des Sénégalais ont le sentiment que rien ne bouge…
« Ils existent peut-être mais il y en a de nombreux qui considèrent que les choses bougent. C’est tout à fait le contraire. Vous avez cité des indicateurs, des agrégats en évolution qui montrent que sur le plan macro économique et la recherche des grands équilibres que les choses sont sur la bonne voie ».
L’emploi des jeunes
« Sur la question de l’emploi des jeunes et de l’emploi d’une manière générale, nous avons un gouvernement qui travaille. Lors du conseil des ministres, rien qu’avec les chantiers mis en œuvre pour combattre les inondations par la construction de 2.000 logements, nous avons créé 8.500 emplois et 5.500 autres seront créés dans la Fonction publique. Nous allons entrer dans un processus de pérennisation de ces emplois. Le ministre de la Jeunesse est en train de travailler sur plusieurs programmes. Nous avons également des projets spécifiques comme l’Agence nationale de sécurité. Ce projet sera basé sur le volontariat. Nous avons également tous les emplois en cours de création et qui vont l’être dans le secteur agricole avec les fermes ». (…)
 Le temps pour voir les fruits du travail du gouvernement…
« Le gouvernement fera tout pour réduire cette fatigue des Sénégalais en se donnant des priorités. Les plus faibles ont bénéficié de transferts importants, d’aides consistantes en particulier dans le monde rural ».
Réforme du Code des marchés 
« C’est une nécessité. A la fin du mois de mars, tous les marchés de l’année étaient engagés. Je découvre que des choses faites au nom de la transparence donnent lieu à une inefficacité totale. Par exemple, le président de la République retient que les pistes de production constituent une priorité. Mais dans le code actuel, ces chantiers ne peuvent démarrer qu’en juin ou juillet. A cette période, il y a la pluie dans certaines régions du Sénégal. Vous arrêtez et vous attendez la fin de l’hivernage. Une réforme s’impose mais cela ne doit pas faire renoncer au souci de transparence ».
La crise scolaire  
« 2013 est une année calme sur le front scolaire et universitaire par rapport à 2012 et à ce que nous avons connu avant.  On doit donc se féliciter du déroulement de l’année 2012-2013. Cela est dû en particulier à l’attitude responsable des syndicats et de toutes les parties prenantes. Sur les 11 points qui étaient en négociations, les 9 ont trouvé des solutions. Les deux points font encore débats. Il faut accepter, dans des négociations, de ne pas toujours avoir raison sur tous les points. On arrive à des sommes insoutenables. 33 milliards pour la validation des années de volontariat et de vacation et 42 milliards de FCfa pour l’indemnité de logement, la prime scolaire. Cela fait un total de 75 milliards de FCfa.  Nous sommes un corps large de fonctionnaires et lorsque le gouvernement cède, il faut voir les conséquences sur le reste. En la circonstance, cette dernière revendication aura comme conséquence une augmentation des dépenses de 100 milliards de FCfa. Ce sont des chiffres calculés par le ministre du Budget. Il y a contestations. Le ministre de l’Education a mis à la disposition des enseignants les éléments qui ont permis d’arriver à ces chiffres. Même ces différences d’appréciation peuvent faire l’objet de discussions.
Je ne vois pas en un enseignant responsable qui va sacrifier une année de travail de l’élève en refusant que les examens se déroulent.  On va trouver un terrain d’entente dans l’intérêt de l’ensemble des élèves et des enseignants du Sénégal ».
 Fermeté du gouvernement 
« Il ne s’agit de pas fermeté. Il s’agit de dire la vérité. Ce n’est pas possible et il y a des urgences ailleurs. Presque la moitié des recettes de l’Etat va à des fonctionnaires, c’est-à-dire à 100.000 fonctionnaires ».
Des bourses familliales 
« Il s’agit de distribuer à des familles qui en ont grand besoin, 25.000 FCfa par trimestre ».
 La pénurie de gaz
« Ce n’est pas la première fois. Le système d’alimentation du marché sénégalais en gaz pose problème. Le président a donné des instructions fermes que des solutions soient trouvées. (…)
La Sar dit que l’Etat lui doit et celui-ci dit qu’il a déjà payé. La réalité, c’est que la Sar doit au fournisseur principal et les vrais problèmes viennent de là. Tout cela sera mis à plat ».
Inondations et délestages
« J’opte pour le langage de vérité. Vous avez vu ce qui se passe en Allemagne et en France. Personne ne peut dire que nous sommes définitivement à l’abri des inondations. Ce qu’il faut faire, c’est engager des programmes pour se mettre à l’abri des inondations récurrentes pour des causes qui n’ont pas un caractère exceptionnel (…) ».
La demande sociale
«  Il n’y a jamais eu au Sénégal une baisse simultanée sur le riz, l’huile et le sucre. Cela est à mettre à l’actif du président Sall. Il n’y a jamais eu au Sénégal sur le sucre une baisse de prix qui a dépassé 100 FCfa.Lorsque nous sommes arrivés en 2012, le président Sall a demandé qu’on explore des voies pour baisser le prix du sucre. A ce moment, c’est la Css qui produisait et importait tout le sucre. Nous avons retenu de mettre fin à cette situation parce qu’il n’est pas normal que le sucre importé le soit par le producteur. Et cela peut donner lieu à des arbitrages défavorables à l’objectif principal qui vise la satisfaction du marché local par notre propre production. Nous avons engagé des négociations avec des commerçants en particulier l’Unacois. Avec nos services, nous avons vu qu’il était possible d’importer du sucre et de le vendre à 580 FCfa plutôt 690 FCfa, le prix de la Css. Nous avons décidé de confier l’importation du sucre aux commerçants sénégalais. Il y a eu en 2012 une petite exception en faveur de la Css  parce qu’elle nous a dit avoir déjà engagé l’importation de 60.000 tonnes. Cela a permis de faire baisser le prix du sucre et la Css a reçu une compensation pour le prix de son sucre qu’elle vendait à 690 FCfa.  Le système a été faussé par des attitudes. La Css et les commerçants ont importé au-delà des 60.000 tonnes. La Css 52.000 tonnes et les commerçants près de 90.000 tonnes. Cela a créé une situation difficile avec un surplus de sucre. On est obligé de réguler pour protéger les productions nationales qu’il s’agisse du sucre, de la tomate ou de l’oignon. On a défini de nouvelles règles. Cela ne se reproduira plus. Dans l’intervalle, on été obligé de se mettre dans un processus de régulation du marché parce que la Css a accumulé des stocks d’invendus qui mettent en péril la production et des emplois et nous sommes dans une démarche de sécurisation des emplois. On ne peut pas se permettre de désagréger le système de production nationale ».
La libéralisation du marché
« Il n’est pas facile de gérer une stabilité, la liberté de prix. Mais nous devons sauvegarder une production nationale. Il faut donc aller vers un équilibre en organisant la compétitivité de nos productions locales avant d’ouvrir nos frontières. C’est un appel que je lance aux importateurs : efforcez-vous de devenir des producteurs, des commerçants des productions nationales et locales parce qu’on ne peut mettre sur le même pied l’importateur et le champ qui embauche des centaines de personnes surtout en milieu rural ».
Monopole de la Css sur le sucre
« Le problème ce n’est pas quand on touche le sucre mais c’est quand on met en danger l’activité de production du sucre au Sénégal, en particulier les emplois. Oui pour l’importation du sucre mais dans des limites qui ne mettent pas en danger la production locale. Il est indispensable qu’on se mette de nouveau à table avec le producteur local pour voir comment se construisent ces prix qui doivent être compétitifs. Il faut qu’il explique pourquoi il n’est pas compétitif et avec l’Etat voir les solutions ».
La cherté de l’essence 
« Il y a plusieurs raisons. On vend l’essence au Mali dans des bouteilles. C’est pour faire référence à la marge du distributeur. Mais il y a également une fiscalité importante sur l’essence au Sénégal ».
Les promesses électorales 
« Une promesse électorale n’est pas une promesse de première année de mandat. Malheureusement, on considère que toutes les promesses électorales doivent être réalisées en six mois. On est obligé de se mettre dans un timing ».
La baisse du coût élevé du loyer
« Il n’y a que des demandes fortes. Les solutions passent par des baisses et des réaménagements de prix quand c’est possible. Mais des prix sont visés sur des produits qui jouent un rôle essentiel dans le panier de la ménagère. Il y a eu également un effort qui a consisté à accroître le pouvoir d’achat par une réduction des impôts. Le président de la République a demandé d’engager une réflexion pour au moins aboutir à l’application de la réglementation qui permet de limiter les hausses et les niveaux de loyer. La vraie solution au niveau élevé du loyer passe par une réorganisation de l’espace urbain de Dakar. Les conclusions de la commission parlementaire ne permettent pas d’arriver à des solutions définitives.     Il faut construire des logements sociaux, des infrastructures et une organisation du développement urbain. Lorsque les autoroutes qui figurent dans son programme seront réalisées, il sera possible d’habiter Thiès et de venir travailler à Dakar.
Les logements sociaux 
« Les 2.000 logements sont en construction. Cela me permet de faire une comparaison avec « Jaaxay ». En six ans, on a livré moins de 2.000 logements inachevés. En une année, nous serons en mesure de remettre les clés de 2000 logements et en juillet 400 clés seront remises ».
La situation des ferrailleurs 
« Les ferrailleurs et brocanteurs collectent et vendent soit à des exportateurs ou à une industrie locale. Le vrai souci, c’est d’assurer la vente au meilleur prix pour eux. Si cela va à l’exportation, notre économie perd parce que les devises ne reviennent pas. Il a fallu mettre les services de douanes sur cette affaire. Si cela va à une industrie locale, celle-ci emploie des jeunes et trouve les moyens de fonctionner. Elle a coûté plus d’une dizaine de milliards. Il est hors de question de fermer les frontières à l’exportation de la ferraille et de priver un Sénégalais de revenus lorsqu’il a la possibilité de l’avoir. Si un ferrailleur prouve qu’il détient de la ferraille que l’industrie locale refuse d’acheter au prix convenu, les décisions idoines seront immédiatement prises ».
Le retour des délestages
« Les coupures peuvent avoir plusieurs causes. L’héritage du président Macky Sall et son gouvernement, c’est un réseau qui a plus de 30 ans d’âge, un parc insuffisant qui suffit juste à couvrir la demande lorsqu’elle atteint son pic. Les causes de combustibles sont plus rares. En 2010, la production non distribuée atteignait 150 gigawatt heure, en 2011, on était à un peu moins de 225 gigawatts heure, en 2012, on était à 30 gigawatts heure et on sera en deçà en 2013. Les délestages existent mais ils ont des causes qui ont un caractère structurel. C’est un héritage mais il faut du temps. Le gouvernement déroule une stratégie de recherche de mix énergétique. Notre système de production repose sur l’énergie la plus chère, c’est-à-dire le fuel et le diesel. A plus de 80 %, nous sommes dépendants de ce type de production. Cela a des conséquences sur le prix de l’électricité. Le kilowatt produit  se situe entre 170 et 180 FCfa. Cela signifie que sur chaque kw produit, la Senelec perd beaucoup d’argent. La recherche du mix doit permettre d’aller à l’horizon 2017 vers une combinaison de sources de production qui réduira considérablement la part du fuel et du diesel à 30 %. En revanche, le charbon et le gaz occuperont une place importante et les énergies renouvelables feront leur apparition. Ce mix a pour objectif principal de faire baisser le prix de l’énergie. La Senelec est une entreprise sous perfusion. Dans l’immédiat, la baisse n’est donc pas possible ».
Les compteurs de la Senelec
« Je ne pense pas qu’il y ait des compteurs mis en place pour organiser du vol. La Senelec est engagée dans un processus visant à améliorer la fiabilité de ses compteurs. Un contrat est en discussion avec Green et un accord a été trouvé sur la première phase du projet ».
Les marchés de gré-à gré 
« Ce n’est pas un niveau réglementaire. C’est un indicateur. L’important, c’est d’être dans une attitude irréprochable dans la recherche de l’efficacité et de la transparence. On peut respecter toutes les dispositions du code et se retrouver dans des situations impossibles. J’ai reçu le rapport du ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat sur les projets inachevés et pour les terminer, il faut 62 milliards de FCfa alors que toutes les procédures ont été respectées. On doit se mettre dans une dynamique d’efficacité et de transparence. Par exemple, le président de la République accepte d’organiser le 15e sommet de la Francophonie. Nous avons moins de 20 mois pour tout mettre en œuvre. Il est impossible d’amputer ce délai de 6 à 10 mois d’appel d’offres. Cela permet d’aller vite. Aujourd’hui, nous avons le projet, le financement et l’entreprise qui va réaliser les travaux. C’était la seule manière de respecter une échéance majeure ».
Rénovation du Building administratif 
« Si l’appel d’offres est la règle, le code des marchés ouvre d’autres possibilités  pour prendre en compte certaines conditions particulières : l’urgence, la difficulté du projet. J’ai décidé de lancer une consultation restreinte parce que le Building administratif pose problème. Le processus a été lancé et sous peu on devrait obtenir le coût de la réalisation. Je n’ai aucun ami qui soit dans la compétition ».
Le rapport d’Amnesty 
« Je m’inscris en faux contre de telles affirmations et j’ai de la peine à faire de la différence entre le contenu du rapport et les commentaires. On ne peut pas comparer ce qui s’est passé en 2011 et au 1er trimestre 2012 avec ce qui se passe actuellement. Les procédures suivent leur cours et s’il est établi que des responsabilités sont engagées, les mesures idoines seront prises ».
La suppression de l’article 80 du Code pénal
« On ne peut pas laisser n’importe qui traiter n’importe comment les institutions de la République en particulier le président de la République. Je suis pour le maintien de l’article 80 du Code pénal. S’agissant de l’audition de l’épouse de Bara Gaye, j’estime que ce n’était pas nécessaire et que les enquêteurs auraient dû aller l’interroger chez elle ».
L’affaire Kukoï Samba Sagna 
C’est lui qui a choisi la destination. Etait-il en situation régulière au Sénégal ? Il y a des raisons d’Etat que je ne dirais pas sur les ondes d’une radio.  Jamais le président de la République n’expulsera un Sénégalais. Il n’a pas la nationalité sénégalaise. Que l’on prouve le contraire. On ne peut pas, sur les ondes d’une radio, évoquer tous les motifs de son expulsion. Je m’incline devant sa mémoire et il faut saluer la décision du chef de l’Etat qui a autorisé qu’il puisse être enterré au Sénégal non loin de son pays, la Gambie.

Synthèse par Mamadou GUEYE

lesoleil.sn

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