Canaliser les mouvements de protestation populaires dans un cadre citoyen, tel est l’objectif recherché par le Comité d’initiatives des intellectuels du Sénégal et les consuméristes. Dans un contexte dangereux, ces derniers qui comptent battre le macadam aujourd’hui, vont?? exiger un ?mot du chef de l’Etat?sur les délestages avant que la situation ne dégénère.
Par Birame FAYE
«La surdité du pouvoir face aux délestages intempestifs est troublante. Il faut que le chef de l’Etat prenne ses responsabilités», a déclaré hier le président du Comité d’initiatives des intellectuels du Sénégal (Ciis), le sociologue Malick Ndiaye. La fin du mutisme du président de la République est d’autant plus fondée, selon lui, qu’il? y a eu la mort du jeune Abdoulaye Wade Yinghou de Yeumbeul, des suites de bavures policières.? Cette doléance sera au cœur de la marche, qui sera organisée cet après-midi à partir de 17h à Dakar, par le Ciis en collaboration avec plusieurs associations?des consommateurs du Sénégal.?
D’ailleurs, avant le démarrage de la conférence de presse d’hier, les initiateurs ont été informés par téléphone de l’autorisation de marcher «contre les sévices de la Senelec et les promesses non tenues du pouvoir en matière d’énergie». «Il fut un temps où le gouvernement faisait quand même des promesses pour susciter l’espoir chez les populations. Aujourd’hui, il n’en fait pas du tout. Ainsi, une situation simple des délestages correspond à des réponses complexes de la part des citoyens. Les gens sont déjà dans les rues. En tant qu’intellectuels, nous créons un espace citoyen dans lequel chacun pourra s’exprimer librement et réclamer l’exercice d’un droit. C’est l’objectif de cette marche. Et, nous marcherons autant que nécessaire», a déclaré le sociologue Djiby Diakhaté, porte-parole du jour.
Pour le président de la Ligue des consommateurs, Pr El hadji Niang, il est urgent que le Président Wade sorte de son antre pour s’expliquer, dans la mesure où les délestages ont abouti?à la perte d’une vie humaine.
De la place de l’Obélisque à la?Rts, les marcheurs vont donc réclamer les démissions du ministre de l’Energie et du Directeur général de la Senelec. «Samuel Sarr avait dit qu’il avait pour mission de trouver du pétrole n’importe où il se trouve. Aujourd’hui il a failli à sa mission. Il doit partir», estime le vice-président de l’Ascosen, Momath Cissé. Par ailleurs, c’est lors d’un Conseil interministériel en 2006 que le gouvernement avait promis la fin des délestages. On en est loin, constate? Malick Ndiaye?: «Les autorités n’ont pas assumé leurs responsabilités.» Par conséquent, les consommateurs ont un droit légitime de ne pas payer les factures d’électricité. «On ne peut pas payer un service non rendu», s’accordent les consuméristes et les intellectuels. ?
Quant à la nécessité d’un changement à la tête de la Senelec, Pr Malick Ndiaye?s’insurge contre la plainte contre X brandie par le Directeur général de cette boîte. «Son comportement est inqualifiable, alors qu’il sait parfaitement qui sont les responsables de la mauvaise qualité du fuel.»?
La mise en place d’une commission d’enquête indépendante est plus que jamais indispensable pour éclairer la lanterne des Sénégalais. Et d’une manière globale,?un audit de la société est devenu une obligation.
Pour réaliser leurs vœux, les initiateurs de la manifestation invitent tous les syndicats,?les mouvements citoyens et tous les partis politiques, y compris le Pds, intéressés par le bien-être du citoyen, à se joindre à leur marche.
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