Les signes d’une fin de règne

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DEFECTIONS AU PDS
Après la défection de l’égérie de Diourbel, Aminata Tall et les querelles au Comité directeur du Pds, on semble se diriger vers une fin de règne annoncée des libéraux.

La dernière rencontre du Comité directeur est-elle illustrative des signes d’une fin de règne. Awa Diop, militante de la première heure et ancienne patronne des femmes libérales a contesté le choix de Awa Gueye Kébé pour piloter le congrès des femmes. Elle dira à Me Wade qu’elle ne se mettra jamais derrière l’ex militante de Rewmi qui n’a pas voté pour le Pds en 2000 (elle était à l’époque au Parti socialiste) et en 2007 (elle était alors à Rewmi avec Idrissa Seck). Cette rébellion est soutenue par Seynabou Wade, mairesse de la commune d’arrondissement de Fass-Gueule tapée-Colobane qui se dit prête à aller jusqu’au bout pour s’opposer à cette nomination.

Au cours de cette même réunion du comité directeur, il y a eu une scène entre Babacar Gaye, président du Conseil régional de Kaffrine et porte-parole du Pds et le chef de l’Etat qui renseigne sur le niveau de défiance que le parti observe à l’endroit de son chef. D’après le quotidien l’As, « c’est au détour d’un débat sur la communication du Pds que Me Abdoulaye Wade a interpellé Babacar Gaye en ces termes : Mais, on m’a dit que tu as affirmé dans la presse que tu comprenais Idrissa Seck et les autres ? ». Me Wade faisait allusion, en effet, à la réaction du président du Conseil régional de Kaffrine qui qualifiait le départ d’Aminata Tall comme « une grosse perte » pour la majorité présidentielle. Répondant à cette interpellation, Babacar Gaye, poursuit le quotidien l’As, « a commencé par demander à Me Abdoulaye Wade de se « méfier des visiteurs du soir » ». Il précisera qu’il n’est jamais venu voir le locataire du palais Léopold Sédar Senghor pour casser du sucre sur le dos de quelqu’un. Non sans faire remarquer que « sa conviction est qu’à chaque fois qu’un militant quitte le navire, c’est une grosse perte pour le parti. Et que lui travaille au rassemblement. » S’adressant toujours au chef de l’Etat, il lui demande de lui retirer ses fonctions s’il ne lui faisait plus confiance. Me Wade le prend au mot : « Je te le retire ! ». Babacar Gaye se braque : « Qu’il en soit ainsi ! ». Le président du Conseil régional de Kaffrine revient sur ses propos pour calmer la tension demandant à son patron de le remettre dans ses fonctions après avoir précisé que son intention n’était pas de défier le chef. Ce que Me Wade accepta.

Cette anecdote rapportée par nos confrères de l’As renseigne non seulement sur les scènes de bravade qui se passent au Pds, mais illustre surtout la crise d’autorité au sommet de l’Etat. Les décisions et les choix du chef de l’Etat sont désormais remis en cause par ses plus proches collaborateurs. Celui qui était présenté comme la seule constante au Pds est aujourd’hui affaiblie. Il semble que le chef n’est plus craint. Son âge ne jouant pas à sa faveur, il présente les caractéristiques d’un homme finissant. Son régime est par ailleurs devenu un des plus impopulaires. Face à la crise, la cherté de la vie, l’injustice sociale… le pouvoir libéral au lieu d’apporter des solutions persiste dans ses dépenses de prestige avec un train de vie insolent.

Au moment où l’opposition affiche ses intentions de rassemblement, la majorité présidentielle s’effrite et se disloque jour après jour. La dernière défection en date, Aminata Tall, ancienne patronne des femmes libérales, ancienne mairesse de Diourbel. Elle a décidé de geler ses activités au sein du Pds annonçant en même temps sa rupture avec Me Abdoulaye Wade avec qui elle a cheminé pendant plus d’une vingtaine d’années. Tout est parti de son limogeage au poste de secrétaire général de la présidence, il y a un mois. L’égérie de Diourbel a ensuite décliné le portefeuille de ministre de l’Emploi avant de quitter la majorité. Enième défection et pas des moindres ! Me Abdoulaye Wade est souvent comparé à ce dieu de la mythologie gréco-latine qui tue ses fils en âge de lui succéder. Aujourd’hui Aminata Tall, Macky Sall, Idrissa Seck. Hier Boubacar Sall, Jean Paul Dias, Me Ousmane Ngom. Seulement, dans le contexte politique actuel, à moins de onze mois des élections, ces soustractions dans ses troupes risquent d’imploser le Pds. Tous les caciques sont dans de mauvaises postures dans le parti, s’ils ne contestent pas les décisions du secrétaire général national obnubilé par son ardent désir de tailler le parti sur les épaules de son fils Karim Wade.

En tout cas, tous les ingrédients de fin de règne sont perceptibles au Parti démocratique sénégalais. Les caciques qui ont une base solide sont relégués au second plan et combattus au moment où le chef fait la promotion de nouveaux arrivants sans troupe. Il faut juste avoir fait acte d’allégeance au prince pour mériter les honneurs du roi. C’est ce qui est observé dans les renouvellements à l’Union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl). Les membres de la Génération du concret prennent les rennes partout. Reste à voir comment ce peuple qui exprime partout son ras le bol, ce peuple qui a faim, qui ploie sous les inondations, … qui en a marre va juger en 2012.

Cheikh Fadel BARRO

lagazette.sn

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