Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République: Aliou DIACK, le Président du Conseil Rural de MBANE écrit à Wade

Date:

République du Sénégal

Région de Saint-Louis

Département de Dagana

Arrondissement de Mbane

Communauté Rurale de Mbane

 

Lettre ouverte à

Son Excellence

Maître Abdoulaye Wade

Président de la République du Sénégal

 

Monsieur le Président de la République,

A ce moment précis où je suis à Stuttgart en Allemagne m’efforçant de trouver des partenaires pour financer le développement de ma Communauté Rurale et m’adressant à Votre Excellence, le Ministre Chargé de la Décentralisation et des Collectivités Locales prépare un décret à vous déposer sur la table pour signature, demandant d’ériger mon village natal, NDOMBO SANDJIRY DIOP dans le Département de DAGANA en une Commune, dans le but inavoué de m’écarter de la gestion de la Communauté Rurale de MBANE, que les populations de ladite localité par la Grâce de Dieu Le Miséricordieux m’ont démocratiquement confiée le 22 mars 2009 par leur suffrage universel.

 

La coalition SOPI autour du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) n’a jamais accepté cette volonté populaire et a essayé depuis ces fameuses élections par tous les moyens légaux, mais le plus souvent illégaux,  d’empêcher le Conseil Rural de MBANE gagné par BENNOO SIGGIL SENEGAAL de fonctionner correctement et d’accomplir son mandat électif. Ce n’est que le 16 novembre 2009, après 8 mois d’une âpre lutte populaire mais aussi judiciaire, que le Bureau du Conseil Rural destitué par infraction à la loi, a été réinstallé dans ses fonctions par Arrêt de la Cour Suprême du Sénégal et a pu commencer le travail pour lequel il a été élu.

 

Mais c’était sans compter avec la détermination de ceux qui, hommes politiques en perte de légitimité, Président de Conseil Rural corrupteur et corrompu, administrateurs civils locaux complices et intéressés qui n’honorent pas notre Administration Territoriale d’élite, pour des raisons de spéculations bassement foncières, avaient déjà fini de poser les derniers jalons d’une spoliation d’une ampleur jusque-là jamais égalée au Sénégal, au détriment des éleveurs et des agriculteurs du WALO.

 

Dès notre prise de fonction, nous avions constaté une situation inimaginable ayant consisté à avoir distribué plus de terres que n’en disposait la Communauté Rurale de MBANE vaste de 190.600 hectares. Pire encore, ces affectations ont été « contrôlées » et approuvées par les sous-préfets qui se sont succédés pendant la courte période de l’Alternance. Sur 250.000 hectares distribués et enregistrés dans les 3 registres de délibération du Conseil Rural de 1980, date de création de la Communauté Rurale de MBANE jusqu’en 2008, 220.000 hectares l’ont été dans la seule période de 2002 à 2008.

Certains promoteurs privés et personnes physiques se retrouvent avec des surfaces de 1.000, 5.000, 10.000, 20.000 voire 30.000 hectares. Une société a même bénéficié de 50.000 hectares correspondant à toute la superficie de la région de Dakar, de la Pointe de NGOR jusqu’à la guérite de BARGNY ! Au prix de 75 FCFA correspondant à l’actuelle valeur vénale du mètre carré de terre dans la Communauté Rurale de MBANE, ce terrain de 50.000 hectares pourrait être vendu à 37,5 milliards de FCFA. Des acheteurs potentiels de terres de beaucoup de pays nantis frappent déjà à nos portes et sont prêts à payer un prix même supérieur à 75 FCFA.

 

Voilà, Monsieur le Président de la République les vrais enjeux dans la Communauté Rurale de MBANE. Toutes ces terres ont été distribuées à des personnes qui sont étrangères à la Communauté Rurale et à des sociétés n’y ayant pas droit , qui de surcroit ne les exploitent pas, foulant ainsi aux pieds les lois et décrets organisant la gestion des terres dans les zones de terroir. Et c’est précisément parce que notre Conseil Rural a décidé et commencé de désaffecter une bonne partie de ces terres, pour les redistribuer selon des critères transparents et dans l’intérêt des populations, que le plan de notre liquidation a été entre autres, accéléré.

 

Après avoir constaté et documenté les affectations scandaleuses dans les registres de délibérations du Conseil Rural, je vous avais très tôt saisi par lettre N°0001/ARR.MB/CR.MB en date du 20 janvier 2010, sollicitant auprès de votre Excellence une audience en compagnie du Bureau du Conseil Rural de MBANE, pour vous réserver la primeur des résultats de nos investigations, dans le seul but de vous voir sévir très rapidement et rétablir les paysans et éleveurs dans leurs droits d’usus sur leurs terres ancestrales menacées. En effet, les dégâts collatéraux consistant en la réduction drastique des zones de pâturage en contradiction flagrante avec notre Programme d’Occupation et d’Aménagement des Sols (POAS), l’augmentation des sources de conflits entre éleveurs et agriculteurs et la fragilisation de la paix sociale, nous inquiétaient profondément.

 

Le Premier Ministre m’avait alors fait saisir par téléphone, pour m’informer que vous l’aviez chargé de nous recevoir, pour dénouer la crise. Sans avoir voulu remettre en question votre Autorité Monsieur le Président de la République ou celle du Premier Ministre, j’avais réservé à cette proposition une fin de non recevoir, pour la seule raison, que le Premier Ministre Souleymane Ndéné NDIAYE ayant lui-même bénéficié de manière illégale de plusieurs dizaines d’hectares de terres dans la Communauté Rurale de MBANE, ne pouvait valablement être juge et partie dans cette affaire. D’autant plus qu’il s’était prononcé publiquement dans la presse sur cette question, pour défendre sa propre cause et justifier les spoliations que nous combattions. De la même manière, nous avions de fortes appréhensions quant à une garantie d’équité, de neutralité et de justice de l’Autorité Locale à MBANE et des Ministres de tutelle concernés, chargés de veiller sur la régularité des procédures d’affectations et de désaffectations des terres. Nous appréhendions des pressions multiformes ou la peur de certaines autorités locales de nous aider à dénoncer certaines affectations. Notre seul recours nous paraissait Votre Autorité Supérieure, car saviez-vous Monsieur le Président de la République que, sans y avoir droit et sans les exploiter depuis plusieurs années :

  • Votre Premier Ministre Souleymane Ndéné NDIAYE était affectataire de 50 hectares de terres ?
  • Votre Président du Sénat Pape DIOP était affectataire de 700 hectares ?
  • Votre Ministre d’Etat Cheikh Tidiane SY était affectataire de 100 hectares ?
  • Votre Ministre d’Etat Maître Madické NIANG était affectataire de 100 hectares ?
  • Votre Ministre d’Etat Diakaria DIAW était affectataire de 150 hectares ?
  • Votre Ministre d’Etat Djibo KA était affectataire de 100 hectares ?
  • Votre Ministre d’Etat Oumar SARR était affectataire de 600 hectares ?
  • Votre Ministre Amath SALL était affectataire de 100 hectares ?
  • Votre Ministre Thierno LO, était affectataire de 1.000 hectares ?
  • Le frère de votre Ministre Thierno LO, était affectataire de 1.500 hectares ?
  • Votre Pdt du Conseil Economique et Social et ancien Ministre Ousmane Masseck NDIAYE était affectataire de 200 hectares ?
  • Le Sous-préfet Al Ousseynou DEME, prédécesseur de l’actuel et qui a honteusement activement manipulé les élections locales de 2008 pour que BENNOO SIGGIL SENEGAAL les perde à MBANE, était affectataire de 60 hectares ?
  • L’actuel Sous-préfet Talla NDIAYE, était affectataire de 100 hectares ?

 

Cette liste n’est nullement exhaustive, Monsieur le Président de la République, la Communauté Rurale de MBANE étant devenue par la force d’énormes complicités une vache à lait de la République. Si vous y envoyez une Inspection Générale d’Etat vous seriez davantage édifié sur les actionnaires et prédateurs qui se cachent derrière les sociétés-écrans ayant bénéficié des dizaines de milliers d’hectares, laissées jusqu’à maintenant en jachère à des fins probablement spéculatives, pendant que des paysans encore sans terres de la Communauté Rurale sont obligés de payer des frais de location de terres à 50.000 FCFA par hectare et par campagne agricole, pour nourrir leurs familles.

Les études préliminaires pour la mise en œuvre de l’important PDMAS (Programme pour le Développement des Marchés Agricoles au Sénégal) dans notre zone sont pratiquement terminées. Cet important programme agricole financé à hauteur de plusieurs dizaines de milliards par la Banque Mondiale, devait bénéficier aux paysans et éleveurs autour du LAC DE GUIERS. Mais comment un paysan sans terres peut-il bénéficier des retombées positives d’un tel programme ? Ce seront encore une fois de hautes personnalités de la République qui bénéficieront bientôt des subventions, aménagements hydro-agricoles et infrastructures : et c’est cela qui dégage une odeur nauséabonde de scandale de la République !

Monsieur le Président de la République, si le Sous-préfet de MBANE et le Ministre de la Décentralisation et des Collectivités Locales ont choisi mon absence temporaire du pays, pour servir au Conseil Rural une lettre lui fixant la convocation d’une réunion urgente le 26 avril 2011 et sollicitant l’avis de ce dernier sur une supposée demande de mon propre village natal NDOMBO d’être érigé en commune, cela dégage un goût amer de montage savamment orchestré. Cette contrevérité a immédiatement été démentie sur place par le chef du village de NDOMBO, représentant tout de même l’Administration et l’Autorité du Président de la République dans son village, et présent dans la salle de réunion du Conseil Rural lors des délibérations.

 

Le Conseil Rural a massivement refusé de donner son aval à l’érection de NDOMBO en Commune, mais je sais que cet avis, comme celui attendu du Conseil Régional de Saint-Louis, n’est que consultatif : c’est vous seul Monsieur le Président qui déciderez de la signature de ce décret.

 

Mais maintenant qu’il est avéré que la « demande » du village de NDOMBO d’être érigé en Commune repose sur un mensonge, le Président de la République peut-il un fondement objectif pour signer un décret érigeant NDOMBO en Commune ?

 

Au moment où je vous écris ces lignes, la pression foncière devient de plus en plus insupportable pour les populations. 09 villages d’éleveurs PEULH sont menacés de déguerpissement, pour faire place à l’agriculture d’une société. Or, ces villages traditionnels et centenaires construits en dur, sont dotés de leurs mosquées, écoles publiques et de cimetières. Qu’à cela ne tienne : on veut les repousser vers le FERLO aux conditions de vie de jour en jour plus insupportables. Le Conseil Rural de MBANE a déjà délibéré et rejeté cette demande, mais on cherche à le court-circuiter par Ministères interposés. Les villages menacés sont précisément : PATHE BADIO WOURO ALAYINDE BA, BARDIAL DIASSARNABE, GADOU SIDY MOKHTAR , WOURO ABDOUL NDOUGNA, WOURO NDIOUKALY, PATHE BADIO MANGONE DIOP, WOURO THIERNO MAMADOU ALY SOW, MOURSEYNI 1 et MOURSEYNI 2.

 

Le Conseil Rural de MBANE a commencé les désaffectations des terres octroyées illégalement à des gens qui ne les exploitent pas, tout en s’opposant farouchement au déguerpissement des éleveurs PEULHS, qui constituent environ 50% de la population selon les statistiques officielles, parce que considérant qu’il peut exister une synergie, une symbiose et une cohabitation entre élevages traditionnel et moderne, et cultures intensives modernes, pour l’intérêt de toutes les composantes de la population.

 

En plus de raisons manifestement électoralistes en direction de février 2012 pour renverser une tendance politique manifestement défavorable au PDS dans la Communauté Rurale de MBANE gagnée par la coalition BENNOO SIGGIL SENEGAAL, voilà Monsieur le Président de la République les enjeux et soubassements pour lesquels on cherche à changer les conditions de gestion du Conseil Rural, en y plaçant une Délégation Spéciale plus confortable.

 

Monsieur le Président de la République, nous sommes plus que jamais déterminés à faire face à cette injustice par une résistance populaire déterminée, parce que les règles du jeu démocratique et la Constitution de notre pays sont menacées. Vous aviez juré de les faire respecter pour la première fois, un certain 03 avril de l’an 2000 devant le Peuple Sénégalais, devant tout le Peuple Sénégalais.

 

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments  patriotiques.

 

Stuttgart, Allemagne, 29 avril 2011

 

Pr. Aliou DIACK

Président du Conseil Rural de MBANE

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