Long interrogatoire sur fond de dénégations et de déballages: Bara Tall livre des secrets explosifs

– C’est avec sérénité et une certaine aisance que Bara Tall a été entendu ce matin par le tribunal correctionnel dans l’affaire des chantiers de Thiès. Le Pdg de Talix group qui est accusé de surfacturation, d’escroquerie portant sur des deniers publics et faux et usage de faux, a durant tout au long de son interrogatoire qui a duré un peu plus de 3heures, clamé son innocence tout comme ses co-prévenus El Hadj Seyni Seck et Massamba Samb. Et comme promis, Bara Tall n’a pas manqué de faire des déballages.

« Je rends grâce à Dieu de la tenue de ce procès qui me permet de dire des choses que je n’ai jamais dites », a d’emblée lancé Bara Tall à l’entame de son interrogatoire d’audience devant le tribunal Correctionnel de Dakar, statuant ce 15 avril sur l’affaire des chantiers de Thiès.

Balayant d’un revers de main toutes les accusations portées à son encontre, le Pdg de Talix groupe a d’abord commencé par faire la genèse de ces chantiers qui l’ont conduit en prison.

A ce propos, il a fait savoir que le président de la République qui l’avait choisi comme président de la commission infrastructures dans le « Conseil présidentiel pour l’investissement« , lui avait demandé d’être la locomotive dans les chantiers de Thiès. Et c’est à ce titre dit-il, qu’il a pris le risque d’accepter de préfinancer les travaux. « J’ai accepté de faire ce que beaucoup auraient refusé car le client (le président) n’avait pas d’argent en ce moment là », a asséné Bara Tall.

Poursuivant, il a ajouté que le premier contrat portait sur un marché de 12milliards et concernait 4 tronçons. Seulement, il lui a été adjoint d’autres contrats relatifs à l’éclairage public car les entrepreneurs n’avaient pas respecté leurs engagements, en terme de délai. Il a aussi souligné que les autorités sont même allées jusqu’à le convaincre en lui disant que les édifices ne pouvaient être dans le noir.

Aussi a t-il nié avoir bénéficié des marchés du fait de sa proximité avec le Premier-ministre d’alors, Idrissa Seck. « Idrissa Seck est mon ami comme beaucoup d’autres Sénégalais comme Karim Wade l’était. Il m’appelle même « Grand »

Me Mbaye Jacques Ndiaye dans les filets de Bara Tall

Toujours dans leur quête de faire tomber le prévenu, les avocats de la partie civile ont cherché à démontrer que Bara Tall a fait de la sous-traitance en donnant des marchés de gré à gré à des personnes apparentées à lui.

Mais mal en a pris à Me Mbaye Jacques Ndiaye qui a expressément accusé le sieur Tall d’avoir donné un marché au DG de SITRA, un dénommé Mbodj, parce que ce dernier était son parent. La réponse de Bara Tall ne s’est pas fait attendre puisqu’il a défié l’avocat, en lui demandant de produire un document prouvant ses accusations.

Une contre attaque qui a tout simplement fait reculer l’avocat qui s’est dédit, l’accusant de connaitre plutôt une personne apparentée au Dg de Sytar. Ce qui a soulevé l’hilarité de la salle obligeant ainsi le conseil à rejoindre sa place.

Bara Tall a toutefois reconnu avoir fait de la sous-traitance avec ses proches parce qu’il n’y a rien d’illégal. « Quand je fais de la sous-traitance, je le fais avec qui je veux. Je l’ai toujours fait et je le ferais toujours », assène l’entrepreneur qui précise avoir choisi ces personnes sur la base de leurs compétences.

En ce qui concerne l’accusation de surfacturations, Bara Tall conteste le rapport d’audit qu’il a même qualifié de « scandaleux ». En effet, argue le Pdg de Talix group, les prix figurant dans ce document sont tout à fait erronés.

Mieux, il a renseigné n’avoir eu qu’une seule séance de travail avec uniquement deux experts de l’Inspection générale d’Etat (Ige) sur le premier rapport concernant la Voie de contournement nord (Vcn). Il a aussi ajouté n’avoir pas vu le rapport du Pcrpe « il n’y a jamais eu de confrontation avec les experts, le rapport est scandaleux, car mes prix ont été charcutés » a amèrement dit Bara Tall, applaudi par l’assistance.

Toutes choses qui emmènent l’entrepreneur à dire que ce dossier est purement politique, comme du reste, il l’a toujours soutenu. Il pense tout simplement retrouvé dans cette « nébuleuse » à cause de son refus de coopérer avec l’Etat pour être « une arme de guerre et une arme de chasse pour quelqu’un d’autre« .

Le juge demande à Bara Tall de  » fermer les portes du déballage « 

Pour appuyer ses propos, il a fait dans le déballage en revenant sur les propos que Cheikh Tidiane Sy lui aurait tenus, lors de leur rencontre à New York en mi-septembre 2006. Selon lui, l’actuel ministre de la justice qui avait demandé à s’entretenir avec lui, lui avait dit : « le président nous instruit de ne pas te toucher et il a demandé à ce qu’on te paye ».

Poursuivant dans son déballage il ajoute : « le ministre m’a dit : Idy se fiche de nous car il a pris des engagements qu’il n’a pas acceptés et il compte se présenter à l’élection présidentielle (Ndlr 2007) contre nous. Nous allons remettre le dossier des Chantiers de Thiès sur la table en passant par les entreprises. Elles sont au nombre de 37, mais nous ne pouvons pas inculper tout le monde. Tu es notre ami, nous allons t’inculper, mais ne sois pas inquiété, car tu ne n’iras pas en prison. Il suffira simplement de cautionner les 8 milliard et nous sommes prêts à te donner le montant que tu pourras conserver après pour ton propre compte ».

« Je lui ai répondu des choses que je ne pourrai répéter ici », a conclu Bara Tall. Mais alors que ses avocats reviennent à la charge pour lui poser des questions relatives à ces propos, le président les rappelle à l’ordre en ces termes : « il faut fermer les portes du déballage ».

Il faut aussi noter que le prévenu Massamba Samb a abondé dans le même sens que Bara Tall. Le responsable du bureau d’étude GIC, a laissé entendre que  » les experts se sont permis une liberté extraordinaire« . Il accuse à son tour ces derniers d’avoir fait varier les prix de 1 à 10 dans une même estimation. Il a aussi précisé avoir été sollicité par le PCRPE et non par Jls.

Moins prolixe que ses co-prévenus, El Hadji Seyni Seck a tout simplement dit qu’il n’y avait pas de surfacturation et qu’en dehors de l’hôtel du rail, tous les travaux ont été terminés.

Le procès se poursuit avec l’audition des témoins.

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