L’Union Africaine est un moteur économique qui tourne dans le vide

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Misère persistante, misère inhumaine, misère dégradante, ce ne sera pas le modèle bidon et désuet de l’Union Africaine (UA) qui renversera la tendance. La tyrannie de l’ordre économique international ne suffit pas à valider le lourd système mis en œuvre pour réaliser l’unité des micro-États africains. Ce sera à partir de simples rapports particuliers entre nations, fondés sur des intérêts communs, que s’imposera graduellement, sans farce, ni fard un besoin général d’une véritable intégration économique. En attendant, les débonnaires panafricanistes continueront de reproduire et de propager les vertus vaines du militantisme postcolonial; c’est leur anachronisme.
En 2014, une taxe sur les billets d’avion, les nuits d’hôtel et les SMS téléphoniques avait été adoptée, mais elle n’est jamais entrée en vigueur. Le budget de l’Union africaine, 707 millions d’euros, repose à 73 % sur des donateurs étrangers, potentiellement concurrents, comme l’UE, les USA, la Chine et la Turquie. Également, des mesures ont été adoptées à Kigali, en juillet 2016. Il s’agit de la transformation du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) en agence de développement, la mise en œuvre immédiate de la « taxe Kaberuka » de 0,2 % sur les importations des pays membres et le renforcement des sanctions pour les pays qui ne paient pas leur contribution.
Selon Yann Bedzigui, chercheur à l’Institute for Security Studies, « si le principe en est acquis, la réforme en tant que telle pose des problèmes techniques à certains Etats membres qui sont engagés dans des accords commerciaux de libre-échange. Ils ne peuvent pas modifier leurs structures tarifaires sans concertation avec leurs partenaires commerciaux ». À cela s’ajoutent les susceptibilités nationalistes des États-membres qui disqualifient tout pari sur une solidarité agissante. Quand, il était question de taxer le tourisme pour financer l’organisation, des États ont considéré que cela nuirait injustement leurs économies alors celles des pays qui ont des industries pétrolière et minière étaient épargnées.
Par ailleurs, les institutions économiques et financières suivantes que sont la Banque Centrale Africaine, le Fonds Monétaire Africain, la Banque Africaine d’Investissement peinent à voir le jour. En succédant à l’Organisation de l’unité africaine, l’UA s’est donnée pour ambition de renouveler et de consolider le projet d’intégration économique dont les bases avaient été jetées en 1963. En juin 1991, le Traité d’Abuja instituant la Communauté économique africaine avait prévu la création, dans un délai de 30 ans, d’un marché commun africain, une banque centrale et un fonds monétaire africain.
Le Fonds Monétaire Africain (FMA) a pour vocation de contribuer à la stabilité économique et à la gestion des crises financières en Afrique, en favorisant la croissance macroéconomique et le développement commercial par la promotion du commerce intra-africain, estimé pour l’heure à 12% du total des échanges du continent. Réponse au diktat occidental, cette institution est censée permettre la création d’un marché commun africain et doter à terme le continent d’une monnaie unique en vue d’une meilleure intégration économique régionale paralysée par l’existence d’une multitude de monnaies (une cinquantaine) non convertibles les unes envers les autres.
Il s’agit pour le Fonds de créer un système de prêt convenable en Afrique pour corriger les déséquilibres de la balance des paiements au sein du continent et assurer la stabilité des taux de change. Le processus de mise en place du FMA a été retardé par l’attachement des cinq plus gros contributeurs de l’UA (Libye, Egypte, Algérie, Nigeria et Afrique du Sud) à un droit de veto sur la gestion du capital et le fonctionnement de l’institution. Un consensus n’a pu être trouvé, lors du sommet de Malabo, à la condition qu’un poste d’administrateur permanent soit attribué à chaque pays participant à plus de 3,5% au capital du FMA.
L’Association des Banques Centrales Africaines a pour objectif de promouvoir la coopération dans le domaine monétaire, bancaire et des sphères financières africaines à travers une Banque Centrale Africaine (BCA). Parce que le projet doit obtenir l’adhésion de tous les pays compte tenu des pertes de souveraineté, sa réalisation s’opère avec beaucoup de difficultés, manifestement insurmontables. En outre, la concrétisation de la monnaie unique et de la BCA nécessite le respect de critères de convergence par au moins 51% des pays membres. Encore là, le caractère procyclique des mesures prônées, effet perturbateur entrainant, à chaque fois, un nouveau cycle économique, plonge dans une sorte de spirale.
Quid de la Banque Africaine d’Investissement (BAI), une des trois institutions financières panafricaines et objet de l’article 19 de l’Acte constitutif de l’Union Africaine ? Son objectif est de créer des marchés de taille significative en Afrique et de soutenir les efforts des États membres en faveur de l’intégration et du développement socioéconomique en finançant des projets de développement. Ce projet initié et financé à l’origine par Kadhafi était censé doter l’UA d’institutions financières capables d’assurer l’essor de l’Afrique, à l’image de la Banque Européenne d’Investissement.
En réalité, la Libye a cherché à renforcer ses intérêts économiques avec les pays africains pour réaliser quelques objectifs de leadership, d’exploitation des richesses naturelles et démographiques du continent. Il fallait surtout concurrencer les investissements étrangers et trouver des matières premières à l’industrie libyenne. Après de nombreuses tentatives d’union avec les arabes, Kadhafi s’est fait le chantre du panafricanisme. En jouant la carte africaine, il a voulu s’imposer en acteur incontournable dans la gestion des conflits au sud du Sahara.
Birame Waltako Ndiaye
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