Maître WADE a parlé pour évacuer le référendum

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La réaction du président Adoulaye Wade à l’appel au dialogue lancé par son successeur vise deux objectifs principaux. En excellent homme politique, il compte requinquer les troupes à la suite de la déroute du camp du NON lors du référendum. En même temps, il cherche à garder intact le rassemblement d’une partie de la société civile et de certaines formations politiques qui s’est construit autour du NON, contre le pouvoir. La nature de son discours est tellement surprenante que les réactions à chaud se sont faites rares.

Le thème du statut de l’opposition est un bon prétexte pour camper un nouveau décor post « électoral » en esquissant de nouvelles perspectives. En provoquant un débat sur la promesse du statut de l’opposition et en exprimant son ouverture au dialogue, Abdoulaye Wade veut d’une part pousser l’opinion à changer de disque. D’autre part, il veut inciter les militants à se relever d’une déception désarmante. En même temps, il tente de prolonger la survie de la coalition « Gor thia Wakh dia ».

En amalgamant expressément opposition et camp du NON, le Pape du Sopi cherche ainsi à conserver l’élan unitaire pré-référendaire. Il récuse Landing Savané qui se propose médiateur du dialogue politique sur la base de son appartenance au camp du OUI et non pas parce qu’il est de la majorité présidentielle. Par ailleurs, en préalable au dialogue avec le pouvoir sur le statut du chef de l’opposition, il promet de consulter les leaders du camp du NON. Là aussi, il envisage des pourparlers avec tous les alliés au référendum, bien au-delà du Front patriotique pour la défense de la République.

Le défi majeur sera de maintenir Idrissa Seck et le Rewmi dans la coalition naissante. M. Seck avait déclaré déjà à l’endroit du chef de l’État : « Je rejetterai tout appel au dialogue venant de lui parce que je n’ai pas son temps ». S’il accepte de continuer le compagnonnage naissant avec Abdoulaye Wade, il doit accepter de facto de se reléguer au second plan. Cette posture ne pourra convenir à quelqu’un comme Idrissa Seck qui vise lui aussi à s’imposer aux yeux de l’électorat comme alternative en chef.

Toujours au cours de l’entrevue, Abdoulaye Wade n’a pas voulu parler au nom de son fils sur le recours devant la juridiction française. « Il est assez grand pour s’occuper de ses affaires», dit-il. Maitre Wade ne tient non plus pas à se prononcer sur la singularité des résultats en faveur du NON à Touba. Il attribue quasiment la victoire du OUI aux moyens financiers colossaux de ses adversaires. C’est qu’en réalité, le message qu’il a voulu livrer est destiné principalement à relativiser le poids électoral de ses adversaires et, surtout, de passer à autre chose.

Birame Waltako Ndiaye

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