Mamadou Diop «Decroix»: «Macky a fait 6 ans avec And-Jef, maintenant on va voir quelle sera sa pratique»

Date:

Mamadou Diop «Decroix» revient dans cette dernière partie de l’entretien sur la fissure de And-Jëf, son divorce avec son ex-allié Abdoulaye Wade, ses «rapports privés» avec Macky Sall. L’ancien ministre du Commerce estime qu’il n’y a pas de baisse des prix des denrées de première nécessité comme cela a été annoncé par le nouveau régime. «Ce sont des histoires !», martèle-t-il.

Où en êtes-vous avec votre liste And-Jëf ?
Elle est terminée. Nous avons une liste de candidats sur les 45 départements du pays. Et sur les 24 listes, je crois qu’il y en a 7 où nous avons une représentation complète et Aj en fait partie. Nous avons des compatriotes de l’étranger qui sont sur les listes, des candidats qui sont très connus dans leur terroir. Et de tout temps, c’est la culture de Aj, nous avons des personnes qui sont aux côtés des populations, qui partagent leur douleur et leur peine, leur satisfaction. Nous sommes très optimistes pour le 1er juillet.

Vous avez des attentes par rapport au nombre de députés ?
Nous sommes optimistes et nous pensons que nous aurons beaucoup de députés. Peut-être pourrions-nous imposer une cohabitation à Maky Sall. Les jeux sont très ouverts par rapport à ces élections. Vous avez vu toutes les frustrations nées de ces listes. Nous-mêmes, nous en avons connu, mais les autres en ont connu beaucoup plus. Je profite de l’occasion d’ailleurs pour lancer un appel à tous les frustrés et mécontents des autres listes. Qu’ils viennent soutenir notre liste puisque nous avons une conception très claire de ce que doit être le Parlement dans un pays comme le Sénégal

Vous êtes si optimiste, alors que Aj est divisé en deux ?
L’algèbre mathématique et l’algèbre politique ce n’est pas pareil. En politique, le signe moins peut être une multiplication. Une Division peut être une multiplication. Un plus peut être moins. La politique et les mathématiques c’est très différent. Parce que la politique c’est les êtres humains avec leur complexité ? C’est dans quarante jours les élections, vous verrez si Aj s’est affaibli ou s’est renforcé. Vous le verrez (catégorique) !

Vous avez perdu beaucoup de militants quand même…
Combien on a gagné, c’est le solde qui compte. Quand vous avez dix qui partent et mille qui viennent, le solde est positif non. Et voilà ! C’est le 1er juillet qui nous dira ! (…) J’ai vraiment été, personnellement, très déçu par le traitement que la presse a fait de la crise interne à Aj. La presse n’est pas allée au-delà de «oui, il y a des leaders qui se battent». Alors que la question était est-ce que ceux qui sont là et qui se battent, le parti appartient à l’un d’entre eux ?

Ce n’est pas à la presse de trancher le débat…
Ce n’est pas une question de trancher un débat, mais c’est de montrer qu’il est légitime qu’il y ait un débat dans les partis. Il est légitime que les gens aillent au congrès et que le congrès puisse choisir librement. (Il s’offusque) Vous avez 174 partis politiques, quels sont les partis au Sénégal qui vont au congrès ? Il n’y en a pas beaucoup. (…) La démocratie représentative a quand même des paradigmes. C’est-à-dire qu’il faut que quand on va aux élections, le parti qui veut gagner doit quand même enrôler des personnes qui ont une base et qui peuvent faire voter des dizaines ou des centaines de milliers de gens. C’est ça la vérité ! Ensuite, la question à ce niveau c’est: quel est le principe finalement ? C’est une démocratie représentative, on va à une élection. (…)

Vous avez dit, au lendemain du 25 mars, que vous n’excluez pas d’aller aux Lé­gis­latives avec les Fal…
Nos partenaires savaient déjà quel­le était notre position par rapport aux Légis­latives. Je profite de l’occasion que vous me donnez pour corriger. A la conférence de presse du mardi 27 mars, j’ai dit que nous sommes dans l’opposition. Wade a fait son con­grès le samedi suivant. Donc notre décision est antérieure au congrès de Wade. D’ailleurs, un journaliste m’avais reproché cela en me disant : «Vous Wade vient juste de quitter et c’est comme si vous vous précipitez pour le lâcher.» C’était juste pour montrer aux Sénégalais que nous sommes dans l’opposition et que nous creusons notre sillon.

Il a lui-même dit, de façon officielle, qu’il a décidé de dissoudre les Fal…
Vous savez, les Fal ont cessé d’exister le 25 mars quand il a appelé Macky Sall pour le féliciter. Les Fal, c’était pour l’élire non ?

Donc, cette déclaration de Wade n’a pas de sens ?
Peut-être que c’est sa façon de faire et que cela a été mal compris. S’il dit: «Je les libère», c’est peut-être une façon de parler.

Vous vous êtes vous-mêmes libérés depuis le 27 mars ?
Depuis qu’il a appelé Macky Sall pour le féliciter, les Fal n’existaient plus. C’est le sens le plus objectif.

S’il y avait quelque chose à regretter dans votre compagnonnage avec Wade ce serait quoi ?
Je pense que si Wade et ses alliés s’étaient dotés d’un organe politique pour gérer le pays, ils ne perdraient probablement pas le pouvoir. Puis­que beaucoup de questions qui se sont posées et qui, à mon sens, n’ont pas trouvé de solution idoine, relevaient de l’absence d’un organe politique. Quand nous étions dans l’opposition avec le Pds entre 1998 et mars 2000, il y a eu des problèmes internes au Pds et c’est nous les alliés qui sommes intervenus pour trouver des solutions à ces crises au Pds. Mais une fois au pourvoir, nous avons arrêté de nous concerter. Le pouvoir change aussi.

A-t-il changé Wade ?
Pas seulement Wade. Le pouvoir change les hommes. Je pense qu’à partir de ce moment, on a manqué d’organe. Dans l’opposition, les gens se réunissaient tout le temps, échangeaient sur les questions politiques, se rentraient dedans. Mais on sortait toujours avec un consensus. A partir du moment où les gens sont arrivés aux affaires, la dimension politique a été laissée pour compte. On regarde au niveau du pds, qui est Macky Sall ? Il vient du Pds. Où est Aminata Tall ? Elle est avec Macky Sall. Où est Idrissa Seck ? Voilà ! C’est la crise interne au Pds qui a créé le chemin du départ de Wade. Si ces contradictions internes avaient été réglées en interne, politiquement, peut-être qu’on n’en serait pas là. Ce que je veux dire, c’est qu’après le 19 mars, ceux qui avait gagné ensemble n’ont pas pu continuer à se retrouver pour se concerter, échanger. Nos «amis» qui sont aujourd’hui aux affaires sont guettés par cela. Je vois des signes déjà ! Vous parlez de la Dpu (Direction politique unifiée) de Bathily, il l’a recyclée aujourd’hui. On va voir s’il sera écouté. L’opposition unit, le pouvoir divise.

C’est dû à quoi, des prébendes, des privilèges…
Je ne sais pas.

Vous avez eu cette expérience
Le pouvoir est un phénomène très complexe. (Il le répète)

Comment s’opère ce changement des individus une fois au pouvoir ?
J’avais beaucoup réfléchi sur cette question du pouvoir avant même le 19 mars 2000 (Alternance). Le pouvoir fonctionne comme un aimant. Si vous ne prêtez attention à votre comportement, vous changez dans le mauvais sens bien sûr. Le problème, c’est que les gens ne vous regardent plus comme ils vous regardaient avant. Et l’enseignement qu’on peut en tirer, c’est d’être beaucoup plus attentionné et concentré pour éviter autant que possible ce type de perception. Encore une fois, c’est dans la tête qu’on pourrait régler ce genre de questions. (Bref silence) Bon, je m’en tiens à ça.

Vous avez été ministre du Commerce. Quelle lecture faites-vous de la baisse des prix de certaines denrées, entamée par le nouveau régime ?
Mais il n’y a pas de baisse (Il insiste). J’ai été ministre du Commerce à deux reprises et je vous dis qu’on ne peut pas baisser les prix administrativement ; ce sont des histoires ! Les prix, on les baisse sur des bases économiques. Si vous demandez à un commerçant qui a acheté le kilo de sa marchandise à 100 francs de le revendre à 80 francs il refuse. Donc, il faut un mécanisme qui permette d’obtenir une baisse du coût de la vie. Nous avons pratiqué la subvention- directement ou indirectement- lors de la crise mondiale des denrées de base de 2008. Je garde un souvenir très triste de la subvention parce que les personnes que nous voulions atteindre n’en ont pas bénéficié, mais plutôt les intermédiaires. Mieux, l’Etat perd aussi de l’argent. C’est pourquoi, je savais que Macky Sall aurait beaucoup de difficultés et c’est le cas aujourd’hui.

Si on s’appuie sur les taxes, par exemple pour le carburant, on peut baisser les prix non ?
Bonne approche, mais vous savez, en politique, il y a la démagogie et le reste. Moi je ne suis pas un démagogue. Je considère que l’Etat doit effectivement avoir des ressources pour régler les problèmes. C’est très compliqué parce qu’un Etat, c’est l’art de l’arbitrage. Les autres secteurs aussi ont des besoins, la santé, la sécurité, l’école… Donc, tout est priorité surtout dans des pays comme les nôtres. Voilà pourquoi je ne veux pas qu’on ait un discours démagogique.

Voulez-vous dire que cette annonce de baisse des prix relève de la démagogie ?
Je ne sais pas. Peut-être qu’il (Macky Sall) pensait que c’était possible en l’annonçant. Mais aujourd’hui, tout le monde se rend compte que ce n’est pas le cas.

A vous entendre parler, c’est comme si vous voulez dire qu’il n’y a pas de solution pour la baisse des prix…
Il y a des solutions. On peut le faire mais pas administrativement. C’est l’ancien ministre du Commerce qui vous parle. Nous avons un programme dans ce sens, que nous allons développer pendant la campagne électorale des Législatives prochaines et qui n’ont rien à voir avec la démagogie.

Vous déroulez déjà votre campagne là…
Ah oui (rires). La campagne, c’est dans quelques jours et vous n’aurez pas le temps d’oublier cette promesse.

Quels sont ou quels ont été vos rapports avec Macky Sall ?
Ecoutez, c’est du domaine du privé. Je préfère ne pas en parler… On se connaît, voilà c’est tout.

Vous le connaissez ?
Nous nous connaissons (rires). Bon il a fait son initiation politique à And-Jëf pendant 6 ans avant d’aller au Pds où il a fait sa spécialisation. Il se réclame du libéralisme. Mainte­nant qu’il est au pouvoir on va voir quelle sera sa pratique. Sur ces questions aussi d’idéologie et de doctrine, les épithètes et les étiquettes, il faudra les vérifier. Maintenant, c’est le président de la République élu par les Sénégalais… Le reste, ce n’est pas la peine d’en parler.

Le considéreriez vous comme un Président par accident ou par défaut ?
A mon niveau de responsabilité, je ne peux pas parler comme ça.

C’est une lecture qu’on vous soumet…
Moi je respecte cette matière qui s’appelle la politique. Donc je ne peux pas dire n’importe quoi. Au Sénégal il y a des hommes et des femmes qui pensent que la politique c’est de dire n’importe quoi ; ce n’est pas mon point de vue. Macky est élu d’ailleurs par 65% des Sénégalais ; je m’en tiens à ça. Pour le reste, je suis dans l’opposition et j’assume mon statut d’opposant.

Est-ce que vous vous attendiez à une telle ascension de Macky Sall en l’espace seulement de trois ans d’opposition ?
Du tout. Et lui-même ne paraît pas comme quelqu’un qui s’attendait à cela. Il appartiendra aux politologues d’analyser cette question. Moi je suis un acteur sous le feu de l’action politique ; donc sans le recul nécessaire pour émettre un jugement objectif.

9 Commentaires

  1. casse-toi …….mouchard……..tu ne pensais jamais que la roue va tourner………..prepare toi a rendre le parti que( la justice dictée ) ta donné………….hypocrite…

  2. SI DECROIX CROIT QU’IL EST COMME CELUI QU’ON CROIT QU’IL EST SUR LA CROIX ,IL SE TROMPE VACHEMENT.L’ERE DE LA DEMAGOGIE EST REVOLUE POUR DONNER NAISSANCE A L’APANAGE DU CONCRET.LE CERTIFICAT DE DECES DE L’EMPIRISME ET DU VAMPIRISME POLITIQUES EST SIGNE PAR MR MACKY SALL.RIEN NE SERA PLUS COMME AVANT ,DESORMAIS LA GESTION DE LA CITE SE FERA PAR ET POUR LE PEUPLE.VIVE LA MACKYSPORA.

  3. Un grand homme honnête et rigoureux faut jamais oublier son parcourt nous voterons pour votre liste pour avoir des grands parlementaires.Du courage.Tampis pour les méchants.

  4. Ceux qui vont voter la liste « Decroix » perdent leur temps. En effet, lui pense déjà à une cohabitation. L’hypocrisie des peu-liticiens sénégalais est sidérante. Si Macky Sall a été élu par 65% des sénégalais, il faut tout simplement reconnaitre que les autres ne faisaient pas le poids devant lui,de la à parler de présidence par défaut…
    Landing Sanvané a-t-il repris SON parti And Djeuf?

  5. Sa pratique sera de travailler pour sortir le sénégal de cette crise, et non pas de se souvenir qu’il était membre de And-Jef. Tu n’aura rien Decroix, il faut se taire.

  6. En fait c la même personne qui se cache lâchement derrière
    son clavier pour insulter Decroix en changeant de pseudo pour faire nombre. Cette personne n’a même
    pas lu l’interview car elle aurait su que Decroix n’est pas de l
    l’étoffe de qqn qui demande.
    Ce gars a l’air d’être parmi les derniers qui restent encore avec Landing. Il n’est même pas avec
    Macky Sall

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

De la saine définition des priorités (par Amadou Tidiane Wone)

En ce 21ème siècle, et dans plusieurs domaines de...

Assemblée nationale : Échanges téléphoniques entre Macky Sall et les députés de Benno Bokk Yakaar

XALIMANEWS-L’ancien chef de l’Etat, Macky Sall a eu une...

Les ministres déchus : L’espoir brisé de retourner à l’assemblée nationale

XALIMANEWS-Des ministres ayant cédé leur siège de député pour...