Mamadou-fode

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C’est le genre de prénom composé qui est une appellation générique chez la communauté Diakhanké.
Si Mamadou ou Mouhamadou est un classique, Fodé renvoie au patriarche fondateur de cette communauté qui établit sa «sainte capitale» à Taslima au Sud du Sénégal à quelques encablures de Bignona. Une communauté, exotique par sa ferveur, apaisée par le soufisme de ses guides. Notre propos s’arrête là car ici, Mamadou Diop et Fodé Ndiaye sont deux personnages distincts, deux destins brisés. Tout ou presque oppose ces deux jeunes Sénégalais, mais leur destin tragique, par la faute du seul monstre nommé « le pouvoir politique », les unit à jamais.

L’étudiant Mamadou Diop est tombé le 31 janvier 2012, sans armes et ses seules et profondes convictions idéologiques en bandoulière, par la faute de la folie meurtrière d’une police aux ordres, exaltée et zélée dans l’application de ses consignes de répression d’une manifestation somme toute pacifique et légitime.

Quelques jours auparavant, soit le 27 janvier 2012 l’auxiliaire de police Fodé Ndiaye était littéralement battu à mort par des manifestants en furie qui l’ont pris en grippe et isolé de ses autres collègues de police pour accomplir leur sale besogne.

Evidemment que ces deux événements, dont on vient de célébrer le 5éme anniversaire, ne sont pas du tout liés. En clair, l’assassinat de l’auxiliaire de police Fodé Ndiaye n’est pas une vengeance de manifestants pour soulager la mort de l’étudiant Mamadou Diop.
Non, non, et non ! Les deux sont des victimes du même monstre nommé « pouvoir » qui a jeté des millions de Sénégalais dans la rue et lancé des milliers de force de l’ordre aux trousses de manifestants pour le sacro-saint principe de maintien de l’ordre.

Il y’a deux constantes dans ces deux tragiques événements.
*D’abord qu’ils ont laissé des familles dévastées par la perte d’un être cher, pour 10 fois rien.
*Ensuite, parce que le monstre est toujours là. Ce sont les mêmes qui étaient les compagnons de manifestations de Mamadou Diop à la place de l’obélisque qui sont aujourd’hui au pouvoir. Tous, autant qu’ils sont !

Les images d’un Macky Sall, alors opposant, au chevet d’un Mamadou Diop sur son lit de mort à la clinique du SUMA et manifestement choqué, révolté et révulsé par cette issue tragique de la manifestation, paraissent tellement décalées : tant le pouvoir qu’il incarne aujourd’hui exerce toujours la même violence sur ses administrés, sur nos concitoyens.
C’est l’occasion ici de dire toute l’admiration que j’ai pour la famille de Mamadou Diop, qui se bat au quotidien pour une justice totale. Une famille en totale dignité qui ne veut pas transiger avec la vérité. Et les millions d’un pouvoir qui pense pouvoir corrompre les plus téméraires n’y ont rien fait jusqu’ici. Oui, dans ce combat de cette famille, des intermédiaires affairistes prêts à vendre leur âme au diable pour des rentes ou des positions de pouvoir sont laissés au bord de la route. Pour autant la horde de combattants et sympathisants pour honorer la mémoire de Mamadou Diop ne faiblit jamais.

J’ai de l’admiration pour le combat du policier Mbaye Sady Diop, collègue de Fodé Ndiaye qui s’évertue à être la bonne et la mauvaise conscience de tous ceux qui voudraient oublier Fodé Ndiaye.

Il y’a bien longtemps que les remparts de ce pays se sont effondrés, les uns après les autres. Dernier en date et là c’est terrible : c’est dame justice qui abandonne les plus faibles.

C’est la pire des violences qui puisse exister. D’être victime, et de ne pas trouver rempart pour vous rendre justice.

Ce pays fout le camp, certains membres de la justice sont corrompus jusqu’à la moelle épinière ; ils incarnent une justice aux ordres comme des godillos.
Je rêve de voir la témérité des juges qui s’autosaisissent de temps en temps, pour restaurer les droits du peuple.

Les familles de Mamadou Diop – Fodé Ndiaye le savent, et oublier d’autres familles . . . Elles continuent tous les jours à réclamer justice, justice, justice. Y aura-t-il un juge «téméraire» qui honorera son serment ?

«La justice» des hommes, en complicité avec le pouvoir politique a décidé qu’il n’y aura pas justice. Mais Allah ne dort pas, et chacun rendra compte de son mandat public.
Au fait, je rêve parfois pour mon pays de certaines choses que je vois ailleurs.
Au risque de provoquer un séisme politique, en France par exemple, la justice de l’hexagone fouille le candidat Les Républicains François Fillon pour une banale affaire d’emploi fictif au départ qui a enrichi son épouse bombardée assistante parlementaire de son mari de parlementaire devenu candidat. Affaire qui peut disqualifier François Fillon à la toute prochaine présidentielle de Mai 2017.

Toute proportion gardée, au Sénégal, j’entends un directeur d’une société nationale affublé du surnom de « distributeur automatique de billets », tellement il distribue l’argent « en veux-tu en voilà ». Avouez que c’est un surnom peu glorieux pour un gestionnaire de deniers publics. Mais l’argument de défense est encore plus ahurissant : ce directeur se glorifie, pince-sans-rire : « c’est mon argent personnel que je distribue » (sic).

Ca choque, mais le plus choquant certainement, c’est que cela ne choque personne. Même pas un juge ou un procureur pour se dévouer pour la cause du peuple.
Et si on vérifiait tout cela messieurs les juges et organes de contrôle de l’Etat. Et si on vérifiait !

Je reviens de mon rêve. Non, c’est trop vous demander. Sacrée justice sénégalaise.
Les affaires Mamadou Diop, Fodé Ndiaye nous enseignent juste que le pouvoir n’est pas un allié du peuple. Le dernier rempart aussi, a abandonné les aspirations profondes de son peuple pour satisfaire les désiderata du prince
Je m’incline à nouveau devant les mémoires de ces Sénégalais que le «monstre» a engloutis.

DEGN-KUMPË – PAR ABDOULAYE CISSÉ
[email protected]

1 COMMENTAIRE

  1. Pour une fois que quelqu’un ose le dire et critiquer la justice.
    Merci Monsieur Cissé.
    Je n’ai jamais compris pourquoi ce semblant de consensus de la « bienpensance  » qui nous fait croire qu' »on ne doit pas critiquer une decision de justice ». Alors qu’ils pourris ces juges qui rendent les decisions, corrolous jusqu’au bout des ongles.
    Quelle honte, la justice senegalaise!

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