Mané, Macky, Maoloud (par Demba Ndiaye)

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C’est parce que la foi a quitté les cœurs que chaque fête religieuse, donne lieu à des orgies de lamentations sur des supposées valeurs perdues et des prières auxquelles plus personne ne croit

’est parce que nous avons majoritairement marre de cette gouvernance gabégique et des gouvernants de « reniements et de mensonges », que nous chérissons et défendons le mouvement « y en a marre », ces vigiles citoyennes ; c’est parce que les « Lions », notre équipe de foot est …une armée mexicaine aux talents disparates, que nous voulons par force, faire de Mané un Messie (frère jumeaux de l’autre Messi) qui conduit le peuple vers les cimes « footeuses » d’un futur rêvé et sublimé face à un présent fait de désespérance, de suicides maritimes ou désertiques ; c’est parce que la foi a foutu le camp des cœurs et des esprits, que chaque fête religieuse, donne lieu à des orgies de lamentations sur des supposées valeurs perdues et, des tonnes de prières pour « la paix » auxquelles plus personne ne croit.

Il semble que le président, n’aime qu’une certaine jeunesse. Celle qui lui cire les pompes tout en lui pompant nos deniers que lui et son clan, son camp, ses alliés, ont soustrait de la caisse commune, et qui n’ont qu’un seul espoir (yakaar) continuer « ensemble » (Benno) à sucer, dépecer, dilapider les ressources présentes, mais surtout, se préparer à des razzias encore plus dévastatrices, contre les ressources annoncées : pétrole, gaz, fer, or…

Mais qu’une partie de cette jeunesse ait l’outrecuidance de vouloir participer avec d’autres acteurs sociaux, à servir de vigiles contre lui et ses partisans prédateurs, c’est le sabre qu’on brandit avec de lourdes menaces de décapitation. Seulement, si charia on devait appliquer aux vrais voleurs (pas de poules ou de cacahuètes) de deniers publics, les candidats viendraient par dizaines de son camp. Et non des sentinelles « y ‘en a marristes » qui firent partie il n’y a pas longtemps, parmi ses plus fidèles compagnons de route contre les projets de succession très peu démocratique de son ancien mentor.

Mais voyez-vous, dans cette Afrique-là, surtout dans ce Sénégal ci, où le pouvoir est plus qu’une obsession, une maladie hautement contagieuse, refuser des postes ministériels ou de responsabilités, décliner des « offres d’achat de conscience et d’intégrité, est hautement suspect. Donc, « un casus belli ». Pour avoir refusé de s’assoir à la table de Bamboula de la « nouvelle République » et ses nouveaux républicains aux « convictions » douteuses, « Y en a marre » se voit frappé là où ça fait mal, au cœur : les sources de ses ressources. Donc les moyens de ses combats. Les nôtres, par délégation.

Mais, à notre époque, où les nouvelles technologies permettent l’accumulation, l’accession à des ressources par des moyens rapides et licites, un mouvement d’ensemble de solidarité devrait s’organiser pour que « Y en a marre » ait le droit de mener ses actions : les financements participatifs citoyens. C’est efficace et personne n’y peut « nix » !

On aurait cru à la sincérité du « président-candidat-réélu au premier tour », s’il levait le coude sur les dossiers toxiques de ses responsables politiques et autres nouveaux alliés ; s’il appliquait les textes sur le fonctionnement des partis politiques, son parti en premier lieu (tenues régulières de congrès et d’instances, rapports annuels des financements, etc.). Et puis, qui connaît les sources, provenances, bailleurs, des dépenses de campagnes des candidats ? A commencer par lui. Où est-il écrit que tous les DG, et autres responsables du service public, peuvent utiliser leurs véhicules de service ? Bénéficier des dotations d’essence avant (pré campagne) et pendant la campagne électorale ? Ils ont ces privilèges pour servir les citoyens dans le cadre de leurs fonctions, et non pour battre campagne pour leur candidat. Ces abus devraient cesser ici et maintenant. Si tant est que tous les candidats sont égaux devant la loi électorale…

Pour les théoriciens que les « marabouts sont des citoyens comme les autres », la cour qu’il leur fait s’apparente plus à du. …harcèlement de foi. Et, le Maouloud, nous en a encore donné la preuve : pour obtenir un deuxième mandat, la foi devient une simple marchandise, que l’on peut acheter-payer. Les guides religieux, de vulgaires marchands de voix, et les fidèles, des variables mercantiles.

Tragique erreur d’appréciation ! La foi n’a rien à voir avec le choix citoyen, du choix de celui et de ceux à qui je confie la gestion de mon quotidien et de l’avenir de mes enfants. Il me revient des flèches par presse interposée entre un membre du directoire de campagne du candidat Macky Sall et de celui de Me Wade. C’était entre les deux tours. Le journaliste avait demandé à l’homme de Wade : « votre adversaire reçoit des jeunes, des ONG et vous, vous recevez au palais des imams, des marabouts et des personnes âgées … ».

L’homme du candidat Wade avait répondu d’un ton méprisant : » Waw, gnom niou guiss xalé yi, gnoun, niou guiss kilifa yi ». D’accord, mon ouolof est exécrable, mais en gros, la traduction pourrait être la suivante : « oui, eux ils rencontrent les enfants, nous, les responsables (les grandes personnes, chefs religieux, imams, associations de retraités etc.). Justement, parmi les « enfants » que le candidat Macky courtisait durant ce deuxième tour, il y avait justement, « Y en a marre ». En première ligne. Qu’il veut aujourd’hui financièrement asphyxier, et rendre politiquement aphone. C’est cela qui explique en partie, le discrédit moral de la « classe » politique. Leur instabilité éthique.

Le cas Sadio Mané. Quand vos rêves d’un présent et d’un futur meilleur se noient dans les gouvernances exécrables de la cité ; quand vous n’avez plus de repères politiques et sociaux ; quand la mort dans le désert et dans la mer restent vos horizons, ou chercher le rêve sinon dans ce légendaire « opium du peuple » qu’est le sport. Le foot en l’occurrence. Les gestes de Mané, là-bas, à Liverpool ravivent des rêves brisés ici dans votre quotidien improbable. Les trahisons de vos dirigeants politiques, les connivences de vos guides religieux avec les prédateurs d’en haut, effectuent un « transfert » des gestes magnifiques de Sadio.

Parce que orphelins de repères, vous adoubez l’enfant de Bambaly. Seulement, vous lui en demandez trop : Messie, guide, artiste. Bref, celui qui peut et doit vous faire oublier votre misérable présent. Dans l’armée mexicaine qu’est l’équipe nationale, où avez-vous vu un Salah à droite, un Firmino au milieu pour distribuer, et lui à gauche. Ou sont vos Milner et Wijnaldum ? D’accord, vous avez un Kalidou Koulibaly qui n’a rien à envier à la tour de contrôle des Reds, Van Djik…Vous en demandez trop à un artiste qui erre comme une âme en détresse dans un paysage hostile. Vous voulez des miracles là où par définition il n’y en a pas. Vous voulez un guide là où seul le talent compte.

Et comme Sadio (Mané) n’est pas El Hadj (Diouf), un « bad boy » magnifique qui se fiche des codes et des « qu’en dira-t-on », et comme vous n’avez dans votre troupeau ni un lapin Camara ou un gaucher magnifique K., alors, votre génie reste tragiquement humain : à vos attentes démesurées, il vous oppose des larmes d’impuissance. Alors, foutez-lui la paix…

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