Le Pentagone a fait des pieds et des mains, jeudi, pour tenter de limiter les dommages causés par une vidéo montrant quatre soldats américains en train d’uriner sur les cadavres de talibans. Le geste pourrait constituer une infraction aux lois internationales en matière de guerre et envenimer les relations entre les États-Unis et l’Afghanistan.
Le secrétaire de la Défense américain, Leon Panetta, a téléphoné au président afghan Hamid Karzaï afin de l’assurer que cette affaire ferait l’objet d’une enquête exhaustive. Le plus haut dirigeant du corps des Marines des États-Unis a aussi promis que des investigations interne et criminelle seraient lancées.
Jeudi, les enquêteurs ont rapidement identifié les militaires en vedette dans la vidéo et interrogé au moins deux d’entre eux. Il s’agit de membres d’un bataillon qui a combattu pendant sept mois dans la province de Helmand, au sud de l’Afghanistan, un ancien bastion taliban.
Leur unité est retournée au Camp Lejeune, en Caroline du Nord, en septembre dernier. Après avoir examiné les images controversées, un officier a confirmé aux investigateurs que les quatre soldats avaient appartenu au bataillon. Depuis, deux d’entre eux ont été transférés dans d’autres unités.
Alors que la vidéo continuait d’être partagée sur le Web, les dirigeants américains ont joint leur voix à celles de leurs homologues afghans pour dénoncer ces images qu’ils ont qualifiées de choquantes, de déplorables et d’inhumaines.
La vidéo montre quatre hommes portant l’uniforme de combat des Marines américains qui tiennent des propos méprisants en se soulageant la vessie sur les dépouilles de trois hommes vêtus d’habits civils afghans. L’un d’eux a la poitrine couverte de sang. Il n’est pas certain que les morts soient des talibans.
Cet incident compliquera probablement les relations entre les États-Unis et le gouvernement de Hamid Karzaï de même que les négociations concernant un partenariat stratégique visant à baliser l’intervention des soldats et des conseillers américains en Afghanistan après le retrait de la majorité des troupes étrangères en 2014.
Il survient aussi au moment où Washington tente de mettre en place un processus de paix entre l’État afghan et les talibans, allant même jusqu’à faire des propositions sans précédent aux insurgés afin de gagner leur confiance.
Interrogée à savoir si cette controverse allait affecter les tentatives américaines pour instaurer une trêve en sol afghan, la secrétaire d’État Hillary Clinton n’a pas répondu directement à la question.
«Les États-Unis sont toujours profondément engagés à aider le peuple afghan à se bâtir un avenir sous le signe de la sécurité, de la paix, de la prospérité et de la démocratie», a affirmé Mme Clinton. «Et nous continuerons à soutenir les efforts qui seront menés par les Afghans dans le but d’obtenir la réconciliation et la paix.»
Ce n’est pas la première fois que le Pentagone se retrouve dans l’embarras en raison d’images diffusées sur le Web.
En 2004, des photos montrant un groupe de policiers militaires américains en train de maltraiter des prisonniers dans la prison d’Abou Ghraib, en Irak, avaient provoqué un tollé international. On pouvait notamment y voir les soldats en train de sourire et de poser fièrement aux côtés de détenus nus placés en pyramide ou tenus en laisse.
avec cyberpresse
