Me Djibril War, Député et Directeur de l’école de l’APR – «Les propos de Mame Adama Guèye à l’endroit de la magistrature sont irresponsables et inadmissibles»

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Les propos tenus par Me Mame Adama Guèye sur la magistrature  ont révulsé Me Djibril War. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, hier, le président de la Commission des lois et des droits humains de l’Assemblée nationale et Directeur de l’Ecole du parti Apr, porte une vive réplique à Me Guèye. Non sans commenter deux autres questions d’actualité.

Lors de sa conférence de presse, Me Mame Adama Guèye n’a pas été tendre avec les magistrats. Il a même fait allusion à une corruption dans la justice sénégalaise. Que vous inspire cette sortie ? 

Avant de vous livrer mes sentiments sur ces inqualifiables accusations, je ne saurai taire, comme beaucoup de citoyens, ma déception et ma tristesse, quant à l’attitude de l’Etat, du ministère de la Justice, à travers le procureur, les autorités judiciaires, les premiers  présidents de Cour suprême, le Conseil constitutionnel, tous les magistrats  du Sénégal, à travers l’Ums. Leur silence qui trahit un manque de solidarité dénote une certaine fébrilité critiquable à plus d’un titre. Les propos de Mame Adama Guèye à l’endroit de la magistrature sont irresponsables et inadmissibles.

Est-ce à dire qu’ils partagent l’avis de Me Adama Guèye, car, comme on le dit souvent, qui ne dit mot, consent ?

Je ne crois pas. Me Mame Adama Guèye est avocat. Il a été bâtonnier de l’Ordre des avocats. Il a été candidat, à plusieurs reprises, à des élections présidentielles. Comment quelqu’un qui aspire à présider aux destinées des Sénégalais  puisse être amené à réserver un tel traitement à une institution de la République ?  Ce qui est déplorable et irresponsable de sa part, c’est de ne pas aller jusqu’au bout de ses certitudes. Pourquoi il s’est contenté de faire des accusations de corruption, sans avoir le courage de citer nommément les juges dont il est convaincu d’avoir été corrompus dans cette affaire ? D’ailleurs, puisqu’il parle de corruption, il doit y avoir forcément un corrupteur. Qui sont-ils alors ? Ce qui est choquant dans cette affaire, c’est que Me Guèye, attend de perdre son procès, pour dénoncer une prétendue corruption. Si son client  avait gagné, aurait-il eu la même attitude ? Plus grave, en marge de ces accusations, Me Adama Guèye a, selon la presse, introduit une procédure de rabat d’arrêt. Ces accusations seraient-elles alors une intimidation déguisée aux juges de la Cour suprême de revenir sur leur décision ?

Mais, vous ne niez pas, quand même, que la corruption existe au Sénégal, comme dans les autres pays ?

Dans une approche temporelle et spirituelle, j’attends toujours de voir les choses avant de faire des jugements. Croyez-moi, j’aurais eu la même réaction en  faveur de Me Adama Guèye, s’il avait fait l’objet du traitement qu’il a fait à d’honnêtes citoyens, jusqu’à preuve du contraire. Je suis juriste et expert administrateur judiciaire. Je connais bon nombre de juges avec qui j’ai travaillé sur des dossiers avec des enjeux financiers de loin supérieurs à celui-ci. Ces juges sont des exemples de compétence, de retenue, d’intégrité, et sont, aujourd’hui, à la Cour suprême,  dans cette chambre civile, objet de ces vilaines accusations. C’est le cas aussi de  leur président  qui, après plus de 35 ans de bons et loyaux services, de sacrifices, de privations, est à quelques mois de la retraite. L’Etat doit protéger nos institutions. Pourquoi, lorsqu’on parle de corruption, certains membres de la société civile pointent toujours du doigt certains corps, comme la police, la gendarmerie, la magistrature ? En quoi  ceux de la société civile sont plus honnêtes ou intègres que les catégories citées ? Toute profession ne révèle en la personne qui l’exerce que la personne, elle-même. Il faut arrêter de juger à tort des personnes sans preuve, comme l’a fait Me Adama Guèye, avec la bénédiction de ses pairs de la société civile, grands défenseurs des droits de l’homme. Le droit à la présomption de bonne foi, à la dignité, à l’honneur est-il un droit universel, à l’exclusion des policiers, gendarmes, magistrats ? Le comble, on cherche même à faire peur aux autorités en brandissant la menace de quitter le Sénégal.

Quel est votre avis sur la sortie du Pds qui demande la démission du gouvernement pour incompétence, suite aux évènements tragiques de Mina ?

Je m’incline devant la mémoire de ces martyrs morts en terre sainte de la Mecque, et prie pour qu’Allah, le Tout-Puissant, les accueille en son paradis. Je présente également mes condoléances aux proches des disparus. Pour ceux qui me connaissent, je fais partie des rares responsables de l’Apr à toujours prôner le dialogue, la réconciliation avec mes frères et sœurs du Pds, notre famille naturelle libérale d’origine. Avec de tels propos, je suis très déçu, et au bord même du découragement.

Depuis quelque temps, le Premier ministre fait l’objet d’attaques tous azimuts. Votre commentaire ?

Depuis notre accession au pouvoir, tous les Premiers ministres ont été victimes de complots, d’intrigues, d’accusations gratuites. Concernant l’actuel Premier ministre, un homme compétent, poli, rigoureux, je suis en train de mener mes investigations. Les auteurs de ces actes lâches, guidés par la jalousie, la médiocrité, l’incompétence, ne perdent rien pour attendre.

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