Mendicité dans les rues, Oustaz Touré: On force l’enfant à aller demander l’aumône auprès des gens dans le seul but de lui débarrasser de son « reuy » (orgueil)

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Maître coranique et Imam de la mosquée « Mouride » de l’unité 04 des Parcelles Assainies,Serigne Touré est pour les habitants de la localité un modèle. Teint clair, environ cinquante ans, Oustaz Touré donne son sentiment sur la décision du gouvernement d’interdire la mendicité dans les rues. Il est un marabout qui encadre la mendicité de ses talibés et pense à leur avenir professionnel. Entretien…


Le gouvernement a décidé de mettre fin à la mendicité dans les rues. Quelle est votre réaction sur cette décision ?

Avant tout permettez moi d’éclairer un point. L’Etat ainsi que beaucoup de personnes se trompent sur la mendicité. On force l’enfant à aller demander l’aumône auprès des gens dans le seul but de lui débarrasser de son « reuy » (orgueil) qui est un défaut pour la plupart des gens de notre société et même de certaines autorités. Il y a bien l’intention de recevoir de l’argent car assurant de quoi survivre pour l’enfant, mais on ne fait pas de lui un outil de commerce. C’est là une méthode d’éducation dont beaucoup de nos marabouts ont d’ailleurs utilisé dans le passé. Cette formation servira l’enfant dans sa vie professionnelle et je donne l’exemple des « modou modou »qui avec un petit boulot sont capables d’entretenir une famille. Tout cela est le fruit du travail des maîtres coraniques et c’est une grande contribution pour le développement de ce pays. Moi dans mon daara les talibés se réveillent à 05 heures pour apprendre. Ils sortent mendier à 07 heures et à 09 heures ils reviennent pour apprendre encore. Vous pouvez tendre le micro aux voisins ils ne diront pas le contraire. Pour montrer seulement qu’on diabolise l’école coranique mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac.

Alors vous allez vous conformer à la loi ou vous allez continuer d’envoyer les talibés mendier ?

Moi je suis un maître coranique mais je m’intéresse à l’actualité et je suis au courant de tout ce qui se passe dans ce pays. L’intellectuel ce n’est pas un homme en costume comme le prétendent certains mais c’est quelqu’un qui est capable de réfléchir et de trouver une solution face à un problème. Revenant à votre question,le coran nous enseigne que si Dieu a choisi un homme à la tête du pays,même si on ne partage pas ses idées il ne faut pas vivre dans l’anarchie. Mais n’empêche on est contre la manière dont l’Etat a procédé dans cette affaire car j’estime qu’il devait nous consulter parce que ne maîtrisant pas la situation. Ce n’est pas cette interdiction qui fera évoluer les choses si le gouvernement lui-même ne remplit pas son devoir dans cette affaire.

Donc vous êtes contre cette décision parce que vous jugez que l’Etat a failli à sa mission dans la gestion des daaras ?

Je suis contre et je le dis tout haut parce que la décision n’est pas démocratique pour un pays de droit et il y a aussi un manque d’information. Et le ministre des affaires religieuses Bamba Ndiaye, ne devrait-il pas descendre sur le terrain pour informer les maîtres coraniques ? Ce qui nous étonne le plus c’est pourquoi l’Etat ne s’en prend qu’aux daara. On ne parle que des talibés et pourtant ils ne sont pas les seuls à mendier. Je me demande est-ce que l’Etat a vu ces « baye fall » majeurs qui barrent la circulation, ces « yayou cheikh » à qui on a jamais demandé où sont les bayou cheikh,ces porteurs d’ordonnances périmées qui fatiguent les passants et qu’on ne traque jamais. Des étrangers sont venus dans ce pays uniquement pour se faire de l’argent à travers la mendicité sans parler de notre gouvernement qui fait sa mendicité déguisée avec ses coopérations. Franchement il y a plus choquant que la mendicité des talibés. Alors si l’Etat s’en prend qu’aux daara et regarde moins les autres c’est parce qu’on est sans défense.

Vous souhaitez que la mendicité continue dans les rues, c’est cela votre solution ?

Je vous dis j’ai très mal quand je vois un enfant talibé dans les rues jusqu’à certaines heures. La solution que je propose est qu’on réglemente la mendicité, qu’on donne aux talibés des heures de sortie bien déterminées. De ce fait, il sera légal de sanctionner le marabout de tout talibé trouvé aux heures interdites. Moi j’ai plus de 50 talibés dans mon école et sans la mendicité comment arriver à les nourrir ? Je crois que l’Etat devrait songer à une politique de solidarité pour les daaras avant de procéder à l’interdiction de la mendicité. C’est un peu comme mettre la charrue avant les bœufs. En fait comme j’ai l’habitude de le signaler les daara c’est comme les écoles françaises. Il y a les publiques (ceux qui mendient) et les privées (les internats).Ceux à qui on paye chaque mois n’ont pas besoin de mendier par rapport à ceux qui ne reçoivent rien. Pour une solution efficace le ministre Bamba Ndiaye devrait interpeller tous les chefs de quartier de toutes les localités du pays. Et à ces derniers maintenant de se débrouiller pour distinguer les daara qui méritent d’être aidés et ceux qui méritent d’être sanctionnés et le problème serait réglé.
Je ne peux pas vous dire combien de fois des organismes de solidarité sont venus nous recenser et jamais de suivi. Tout récemment on a eu la visite de « Enda Graf », cet organisme ne comptait pas travailler sans intermédiaires au moment où j’en avais marre moi car soupçonnant ces derniers de mauvaise intention j’ai décidé de mettre un terme à cette coopération.

Maintenant sachant que l’Etat promet de sanctionner ceux qui violeront la loi qu’est-ce que vous comptez faire ?

Ni le président de la République, ni le Premier ministre ne sont plus citoyens ou plus patriotiques que nous. Maintenant comme je l’ai dit tantôt c’est eux les « kilifa » (dirigeants) de ce pays. Nous nous sommes à l’écoute et nous marcheront sur les voies qui nous seront tracées Mais nous ne seront jamais d’accord aussi sur une décision qui ne fera qu’empirer la situation du fait que l’Etat ne maîtrise pas la situation totale et refuse de consulter les concernés. Pourtant sans aide et sans mendicité nous n’avons pas peur car grâce à Dieu nous aurons toujours de quoi vivre, nous garderons notre foi et notre dignité.

Mamadou Sakhir Ndiaye (Stagiaire)

1 COMMENTAIRE

  1. n’importe quoi, j ‘ai été talibé au fouta …le matin de 6h30 à 7h on allaiit dans les maisons où on nous donnait du mil du riz etc…..qu’on ramené chez le marabout à 8h on allait à l’école française….à 13h on allait chercher des repas riz le niry bouna etc qu’on ramené chez le marabout…tout ça pour permettre au grand talibé de salimenter nous on repartait dans nos maison pour les repas…on allait chercher du bois mort pour le foyer ardent….n cultiver le champ du marabout…..qui était avec nous et qui travailler durement aussi…ce que je vois maintenant rien à voir c’est de l’exploitation ensuite le monde à changer….faut ouvrir les yeux il faut donner une trés bonne image de notre religion qui est générosité amour solidarité discipline élevation………pour lr reste que Dieu sauve le Sénégal

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