MODIFICATION DU CODE DES MARCHÉS PUBLICS Les bailleurs de fonds exigent des clarifications

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Après la sortie de l’ambassadeur d’Allemagne, Christian Clages, c’est au tour du chef de la délégation de l’Union européenne, Gilles Hervio, d’exiger des explications sur la modification du Code des marchés publics. Cette modification soustrait la Présidence et les ministères de souveraineté à tout contrôle de l’autorité de régulation des marchés publics. Mais ce qui étonne le plus Gilles Hervio, c’est la notion de « secret », comme indiqué dans l’article 3 du décret sans précision.

La modification du Code des marchés publics qui soustrait la Présidence de la République et les ministères de souveraineté à tout contrôle de l’autorité de régulation des marchés publics continue d’enregistrer des réactions. Et cette fois-ci, c’est le chef de la délégation de l’Union européenne, qui ne demande ni plus ni moins qu’une clarification de la part du gouvernement. Gilles Hervio d’expliquer : « …pour l’instant, les réponses ne sont pas très claires. Il me semble qu’il y a une contradiction entre le rapport de présentation du décret, qui semble exclure la totalité de la Présidence et des ministères de souveraineté du Code des marchés publics et le contenu du décret qui est beaucoup plus restrictif et qui semble n’exclure que les travaux à l’intérieur même de la Présidence ou les questions de secret ».

Gilles Hervio : « la réponse du Premier ministre n’est pas claire »

Alors qu’il avait posé, la question lors d’un Conseil interministériel au Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, avait répondu : « cette réforme a été engagée sous ma supervision. C’est après que j’ai soumis le document au président de la République pour appréciations. Et il m’a dit : « puisque c’est toi qui gouvernes ce pays, j’appose ma signature ». Je rappelle juste que le document en question est passé au niveau du Secrétariat du gouvernement. Il s’est fait en collaboration, avec des représentants de l’Etat, d’experts… Comme vous le savez, entre son lancement et le règlement d’un marché public, il s’écoule 150 jours. Or nous sommes dans un pays où l’année budgétaire ne dure pas 12 mois, mais plutôt 9 mois… (elle débute en février pour se terminer au mois de novembre ».

Toutefois, cette réponse du chef du gouvernement n’avait pas convaincu Gilles Hervio, qui l’a fait savoir hier. « Ce n’est pas encore complètement clair, parce que la réponse du Premier ministre dans ce contexte n’avait pu être aussi précise que ce que nous attendions ». Mieux, dans l’article 3 du décret portant modification du Code des marchés publics, il est mentionné la notion de « secret », un mot qui, selon le chef de délégation de l’Union européenne, n’est pas très précis. « Nous espérons avoir des précisions sur cette question et sur celle de l’encadrement de la notion de secret. Si c’était secret défense ou secret national, là on comprendrait. Mais secret sans précision, comme c’est indiqué dans l’article 3 du décret, c’est une chose sur lequel on attend des clarifications », dit-il.

Gilles Hervio prend la défense de l’ambassadeur d’Allemagne

Revenant sur la sortie de l’ambassadeur d’Allemagne, Christian Clages, Gilles Hervio estime que ce dernier n’a pas menacé le gouvernement ; « mais il s’est posé les mêmes questions que le groupe de bailleurs de fonds qui appuient le Sénégal sous la forme d’aide budgétaire et aussi dans le renforcement des finances publiques ». Pour lui, il faudra que le gouvernement du Sénégal clarifie la situation, d’autant plus que, dit-il, ce Code des marchés publics, tel qu’il existait auparavant, faisait la fierté du Sénégal. Et de renchérir : « pour nous, c’était (ndlr : le code des marchés publics) aussi quelque chose sur quoi on s’est appuyé pour dire voilà un pays qui progresse en matière de transparence. S’il y a recul, ce sera difficile à expliquer ».

« Si on ne fait rien, Dakar sera une île », selon Gilles Hervio

L’Union européenne a signé avec le gouvernement du Sénégal une convention de financement d’un montant de 2,7 milliards de F Cfa (4 millions d’euros) portant sur la gestion intégrée des zones côtières, face aux défis posés par le changement climatique. En présence des ministres d’Etat Abdoulaye Diop de l’Economie et des Finances et Djibo Leyti Kâ de l’Environnement, Gilles Hervio a aussi pointé du doigt l’érosion côtière. « La zone littorale est extrêmement complexe ; il y a la question du changement climatique, qui va entraîner une augmentation du niveau de la mer », a-t-il averti. Il y a une possibilité que Dakar devienne une île, si on ne fait rien, prévient le chef de délégation de l’Union européenne ». Ce dernier de poursuivre :« Dans ce cadre, il faut une gestion intégrée et une gestion concertée. Il faut analyser les phénomènes et évidemment, il faut contrôler ce qui se fait. Il y a sûrement beaucoup à faire encore pour améliorer la situation, pour identifier les actions de construction, pour limiter l’impact de l’érosion côtière. Il faut aussi contrôler ce qui se fait, comme les constructions qui se font de manière anarchique ».

Samba THIAM

lasquotidien.info

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