Ni Charlie, ni tueur, par Tounkara

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Je ne connaissais point Charlie Hebdo. Je n’en ai jamais acheté ou lu un numéro ou article. Je ne suis jamais allé sur leur site Internet. Je ne connais aucun de leurs membres. J’en ai entendu parler pour la première fois en 2006 lorsqu’ils ont repris les caricatures du prophète de l’islam parues d’abord dans le journal danois Jylland-Posten en 2005, dessins qui avaient suscité une énorme vague d’indignation à travers le monde musulman. J’ai alors su que Charlie Hebdo est un hebdomadaire satirique français né des cendres de son ancêtre « Hara-Kiri » qui avait été interdit par le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin pour avoir caricaturé l’avis de décès du général Charles de Gaulle en novembre 1970. Le journal tire à 45.000 exemplaires et coûte trois euros. Ils sont l’objet d’innombrables procès pour « provocation à la haine », « diffamation », « injure publique ». Leur siège a été incendié par un cocktail molotov en novembre 2011 et ses principaux dirigeants vivaient sous protection policière. Ils font l’objet d’une attention mondiale depuis le 7 janvier 2015 du fait de la tuerie sauvage ayant fauché la presque totalité de sa rédaction, et faisant au total vingt morts, dont ils ont été victimes.
Journal satirique, Charlie Hebdo est dans le business de l’impertinence maximale au nom de la liberté d’expression et de presse. La ligne est que rien n’est sacré ni tabou en dehors de ce principe. Ce qui ne peut être que problématique dans un monde globalisé où les informations circulent à temps réel, sans frontières, mais à géométries très variables en termes de principes, de sensibilités, de perceptions et de significations. Des caricatures représentant le prophète de l’islam nu, terroriste enturbanné de bombes ou sous de vils traits sont insupportables pour un musulman ; qu’en est-il du chrétien qui voit le Père, le Christ et le Saint-Esprit se sodomisant les uns les autres ? La foi et les croyances des autres méritent respect et égards quand on en parle, pour éviter les animosités inutiles et les confrontations haineuses, voire mortelles.
Les tueurs du 7 janvier sont inqualifiables. Même offensé à l’extrême, se faire justice soi-même est contraire à toute règle de vie commune harmonieuse. La justice et la violence pratiquées de cette manière conduisent au chaos et à la fin de tout. De plus, le Coran, à maints endroits, interdit de s’attaquer à ceux qui raillent les prophètes et remet leur sort exclusivement aux mains de Dieu. L’esprit comme la lettre du Coran, de même que la pratique prophétique sont aux antipodes d’une telle furie meurtrière. Le nom de l’islam est juste sali par ces tueurs.
Tous les protagonistes de cette macabre affaire sont Français. Un pays qui produit autant de haine et de morts évitables doit se regarder dans la glace sans délai et procéder à de salutaires ajustements afin d’éviter une spirale infernale.
Mamadou Sy Tounkara

9 Commentaires

  1. Seulement, je pense que personne ne s’est fait justice. Mais ceux qui ont financé la provocation ayant constaté qu’en fait de réaction il n’y a eu que des marches alors qu’ils attendaient plus, se sont peut être résolu à faire ce plus eux même. Business is business, disent les anglais.

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