Oumar Traoré alias Bakayoko : «Cheikh Yérim est tout pour moi»

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C’est pour bientôt la troisième saison de la série Un café avec. Le teaser passe depuis quelque temps sur la Télévision futurs médias. Beaucoup attendaient avec impatience le retour de l’acteur chouchou de cette série. Mais à la grande surprise des Sénégalais, Oumar Traoré qui y incarne Bakayoko n’y figure pas. Dans cet entretien, le comédien en donne la raison. On y découvre aussi sa timidité face aux inconnus, ses relations avec sa mère qu’il a perdue alors qu’il était en tournage, celles qui le lient à son producteur Cheikh Yérim Seck et à sa compagne à l’écran Ndèye Diallo. Sur ses goûts en matière de femme, celui qui dit «courir pour se marier» se confie timidement par des phrases courtes, mais explicites. Oumar Traoré fait aussi preuve de sensibilité quand il s’agit de ses origines. Fruit d’une double culture, il ne supporte pas d’être catégorisé comme quelqu’un venu d’ailleurs. Il réclame sa «Sénégalité» tout en restant fier du pays de son père qui l’a vu naître et grandir.

 

Vous avez été révélé aux Sénégalais grâce à la série Un café avec. Mais on ne vous voit pas sur la bande annonce de la troisième saison. Avez-vous quitté la série ?

Effectivement, on ne m’y voit pas. Mais je suis bien dedans. Il y a mon nom qui y est inscrit. Le jour du tournage de la bande annonce, j’étais un peu souffrant et je suis allé voir ma grand-mère, la mère à ma maman qui est à Mboro.

Quelles surprises réservez-vous aux téléspectateurs ?

Qu’ils s’apprêtent. Parce qu’il y aura beaucoup de surprises. Ce sera encore plus fort. M. Cheikh Yérim a beaucoup misé sur cette production cette fois-ci. Il veut faire grandir la chose. Malgré là (Ndlr : l’entretien a été réalisé pendant que le patron de Daka­ractu était en prison) où il est, il veut toujours perfectionner pour le Sénégal. Il nous en a parlé et je pense que ce sera du costaud.

Quelles sont vos relations avec le producteur de la série ?

Cheikh Yérim Seck est tout pour moi. Avant qu’il n’ait des problèmes, il était tout le temps là pour moi. Quelques fois, il m’appelait pour voir mon état moral. Ce qui m’a le plus marqué chez lui, c’est quand j’ai perdu ma mère. Il était très touché. Il m’a payé le billet d’avion et m’a remis de l’argent pour que je puisse assister à son enterrement. Chez les musulmans, c’est rapide et il a tout fait pour que je puisse y assister. Il est comme un père pour moi. En plus, il est comme ça avec tout le monde. Même les gens qui ne sont pas dans la série. C’est Dieu qui en a décidé ainsi. Mais on prie pour qu’il s’en sorte. Après son arrestation, ça n’a pas été facile pour la série, mais on avait un engagement avec le Sénégal. De là où il est, Cheikh Yérim nous encourageait à continuer. Il est plus que bien, il est extraordinaire.

Le décès de votre mère est donc intervenu alors que vous étiez en plein tournage ?

Effectivement. J’ai même demandé à Cheikh Yérim la possibilité de tourner des scènes avant de partir. Mais il a catégoriquement refusé.

Comment avez-vous vécu cette perte alors qu’elle était loin ?

(Hésitant). Je n’ai même pas encore accepté qu’elle soit partie. Etant là-bas (en Côte d’Ivoire), elle m’a choisi pour venir. Elle a demandé aux autres de faire leur choix. J’ai opté pour venir. On avait des projets ensemble. C’est au moment où les choses commençaient à aller qu’elle est partie.

Que sont devenus ces projets ? Allez-vous les concrétiser ?

Oui. Ma mère est Saint-louisienne. Après son décès, des oncles et des tantes m’ont parlé d’un de ses terrains à Saint-Louis. Elle avait des projets ici au Sénégal. Actuelle­ment, je lutte pour me stabiliser le plus, afin de pouvoir faire venir la famille. Elle avait des projets de restauration, d’import-export. Elle voulait même ouvrir une société de commerce pour pouvoir exercer ici.

Comment êtes-vous entré dans la peau du personnage que vous incarnez dans Un café avec… ?

Dans la vie de tous les jours, je suis un peu timide. Quand je sors de mon milieu, quand je croise des gens que je ne connais pas trop, je suis réservé. Mais quand je suis avec les amis, c’est la rigolade, les blagues. Je remercie beaucoup Leuz, le réalisateur, parce qu’il m’a permis de faire quelque chose qui dormait en moi. C’est lui qui a fait Bakhayoko.

Cette détermination qu’a Bakayoko d’atteindre ses objectifs par tous les moyens est-elle partagée par Oumar Traoré ?

C’est un rôle qui m’a beaucoup marqué. Dans la vie, quand tu veux quelque chose, il faut tout faire pour l’obtenir. Mais positivement. Un homme doit être positif. Du jour au lendemain, tu es appelé à avoir des charges familiales. C’est dès maintenant qu’on a la force qu’il faut foncer.

La relation que vous entretenez avec Ndèye Diallo dans la série se transcrit-elle dans la réalité ?

Ndèye Diallo, c’est une sœur, une amie, une confidente. Quand j’ai des petites difficultés, des trucs personnels qui ne vont pas, même du côté de la famille, c’est elle que j’appelle.

Est-ce que vous trouvez en elle votre modèle de la femme idéale ?

Ça c’est un piège (rires). Ndèye Diallo, c’est la femme sénégalaise. C’est une femme très courageuse et elle sait ce qu’elle veut. Et c’est tout ce qu’on demande. En tout cas, si ma femme a le caractère de Ndèye Diallo, il n’y a pas de problème. C’est une bonne femme.

Et sur le plan physique, quel est le genre de Bakayoko ?

Elle a tous les atouts. Mais les goûts ne se discutent pas.

Mais justement, quels sont les goûts de Oumar Traoré ?

Moi, ce n’est pas le physique, la beauté et autre. C’est une femme qui peut te tenir, tenir ta maison, te soutenir dans les moments difficiles comme dans les moments de joie. Comme Mme Cheikh Yérim Seck. Sincèrement, elle est forte moralement. Je l’admire pour sa manière de lutter auprès de son mari dans les moments difficiles. C’est ça être une femme. Ce n’est pas la beauté. Il faut être avec ton homme à vie.

Avez-vous trouvé cette femme ?

Non, pas encore. Je suis en route (rires). Je n’ai personne dans ma vie actuellement. Mes amis trouvent cela bizarre.

Comment cela se fait-il ?

Aujourd’hui, la célébrité que j’ai me pousse à faire très attention. C’est un domaine que je ne maîtrise pas. J’ai eu plusieurs conseils de gens, Dj Boubs, Cheikh Yérim, Leuz, etc. Ils m’ont dit de faire très attention avec les filles. Aujour­d’hui, je me dis que si je rencontre une fille qui fait mon affaire et qui est d’accord avec moi, il n’y a pas de problème. Mais je ne l’ai pas encore vue.

Si Bakayoko rencontre la femme idéale, est-ce qu’il serait prêt à se marier ?

Bakhayoko court aujourd’hui pour se marier. Je veux me marier. Arriver à un certain âge, il faut une femme à côté de toi pour te guider. Il y a beaucoup de tentations dans la vie. Et puis, derrière chaque grand homme, il y a une dame de feu.

A quel genre de tentations êtes-vous soumis ?

Il y en a plusieurs.

Vous faites-vous souvent draguer ?

Ça m’est arrivé plusieurs fois. Mais sincèrement, je n’aime pas. Une femme qui drague un homme ? Non, je n’aime pas. Je ne le supporte pas.

Mais le fait que la femme fasse le premier pas, n’est-ce pas un signe de ce courage que vous recherchez chez votre compagne ?

Dans ma petite tête là, il y a un peu des deux cultures. Mais la sénégalaise est majoritaire. Je me dis que ma petite sœur ne va jamais se permettre de draguer, quel que soit l’amour qu’elle ressent. Ça c’est l’éducation sénégalaise. Par rapport à la culture sénégalaise, la femme doit s’asseoir et c’est l’homme qui vient la chercher. Si une fille me fait ça, je me dis qu’elle peut le refaire, ou elle l’a déjà fait.

Vous avez l’air d’être quelque part très jaloux…

Je suis quelqu’un de très jaloux. En matière de femme, je suis très jaloux. Ça c’est depuis la naissance. La femme, on ne joue pas avec, on ne la partage pas.

Ce qu’a enduré le personnage que vous incarnez dans Un café avec pour l’amour d’une femme, est-ce que cela peut vous arriver ? 

Ça dépend. Ce que j’ai joué avec Ndèye Diallo, ça peut arriver. Quand tu es amoureux d’une femme, tu es prêt à tout pour l’avoir. Surtout si tu es dans une position de faiblesse. Là, tu es obligé de lutter pour te mettre à son niveau, mentir même.

Seriez-vous prêt à tout cela pour conquérir une femme ?

Je vous jure. Si tu aimes la femme, tu es obligé. Si tu ne te bats pas, tu ne gagnes pas.

On vous dit redresseur de restaurant. En quoi cela consiste-t-il ?

Quand un restaurant est en faillite, c’est-à-dire croise des difficultés, ne marche plus comme il faut, j’interviens. Je m’y connais un peu. Je l’ai déjà fait à Abidjan. J’observe d’abord ce qui se passe et je mets mon système en place. Et quand ça va mieux, je m’en vais. J’interviens sur plusieurs points. Il faut d’abord voir la communication du restaurant, voir les produits s’il faut en rajouter ou pas, les charges, etc. C’est le tout. Si le propriétaire te fait confiance, ça va.

Comment en êtes-vous arrivé à cette passion ?

En 2001, j’avais un restaurant à Abidjan. J’ai eu un ami libanais qui est expert en cela. Il comptait le moindre détail. C’est lui qui m’a formé. Il m’a dit : «Même une pointe achetée peut te faire tomber.» Il comptait tout. Quand il est rentré, il m’a laissé le restaurant. J’ai vu que c’était facile. Ça marchait.

Qu’est-ce qu’est devenu ce restaurant ?

Je l’ai vendu quand je venais au Sénégal avec ma maman.

Vous êtes aussi Dj à vos heures perdues ?

Je fais la communication pour les restaurants. Les personnes que je fais venir sont des Ivoiriens. Donc, j’ai mon ordinateur et je fais ma programmation de musique de la Côte d’Ivoire et des nouveautés sénégalaises qui sont à la mode pour les mettre un peu dans le bain. Le Libanais avec qui j’étais m’a fait aimer cela. C’est comme un défi. Tu viens dans un «ma­quis», ça ne va pas, tu le rehausses. J’ai appris à faire le Dj en Côte d’Ivoire dans les soirées, en m’amusant.

Vous êtes au Sénégal depuis 2007 et votre wolof est toujours approximatif. Vous ne le pratiquez pas souvent ?

Effectivement. Même mes propres cousins quand ils me parlent, ils me parlent français. J’ai des amis qui ne me parlent jamais wolof. Cette langue, je la comprends parfaitement. Mais c’est l’accent qui me bloque. Et souvent, j’ai un peu honte de faire sortir certains mots. Quand j’étais avec l’équipe de Un café avec, ça tournait. Mais après avec la pause, je perds mon wolof.

On vous sent plus Ivoirien que Sénégalais…

Je suis à la fois Ivoirien et Sénégalais. La culture sénégalaise, c’est depuis le bas âge, depuis ma naissance. En Côte d’Ivoire, il y a beaucoup de Sénégalais. Mes frères et moi, on était tout le temps dans les évènements organisés par les Sénégalais. Mais on a grandi dans un autre pays. C’est tout ce qui était différent. Sinon ma mère, comme une vraie Sénégalaise, nous a bien dressés. On ne manque pas la prière, etc. (le regard nostalgique).

En dehors de cette série télévisée dans laquelle vous êtes acteur, est-ce que vous avez des ambitions pour le cinéma ?

Effectivement. J’écris depuis mes débuts dans la série. J’ai déjà près de 600 sketchs bruts que je n’ai pas encore découpés. J’ai aussi un long métrage. Je ne suis pas pressé. Un café avec, c’est ma première expérience. J’ai eu des petites rumeurs par rapport à des artistes humoristes sénégalais dont j’étais fan avant de jouer dans la série. La dernière fois, j’étais dans une manifestation où j’ai entendu dire que j’ai quitté mon pays pour venir m’imposer ici. Ça m’a choqué. Je ne me suis pas imposé. C’est Yérim Seck, Boubs, Leuz et toute l’équipe de Un café avec qui ont créé Bakhayoko. Je ne pourrais jamais prendre la place de qui que ce soit ici. Ce que Sanex fait, ce que Per bou Khar fait, ce que Kouthia fait, chacun a une personnalité différente. Personne ne peut faire ce qu’un autre humoriste fait. C’est différent. Je ne peux pas faire ce que Kouthia fait. Lui aussi ne peut pas faire ce que je fais. C’est des personnes que je respecte. Kouthia, quand je le vois travailler, je me dis il dégage son art. C’est pareil pour Sanex et les autres. Je n’ai pas quitté mon pays pour venir au Sénégal. Je suis revenu dans mon pays. Je suis Sénégalais.

Ce qui vous fait mal, c’est que l’on ait dit que vous êtes venu d’ailleurs pour vous imposer ?

Oui. Ça me frustre que l’on ne me considère pas comme un Sénégalais. Qu’ils pensent ce qu’ils veulent. (Il se tapote l’avant-bras) Je n’ai pas volé le sang sénégalais que j’ai. C’est le sang saint-louisien qui coule dans mes veines. C’est pour cela que j’aime le Sénégal. Tout ce que je fais, c’est pour le Sénégal. J’ai accepté de venir ici, mais c’est vrai que mon père est Ivoirien. J’ai un côté-là-bas. Je gère les deux cultures. C’est comme si je me mariais avec une blanche. Mon fils, je l’éduque avec la culture sénégalaise. Il a aussi son côté blanc. Il reste tout de même Sénégalais. Quand les gens le disent, cela me… (Il laisse la phrase en suspens). D’un autre côté, les grands me disent que c’est pour me décourager. Mais moi, personne ne peut me décourager. Ce que j’ai à faire je le fais et puis c’est fini. Après, Bakhayoko a d’autres activités. Moi je travaille et je mène mes activités.

Comment avez-vous vécu les frictions en tant que Sénégalo-Ivoirien lors du match opposant les deux pays ?

Avant le premier match, à l’aller, j’ai fait des t-shirts avec l’inscription «Foot mognou bole, boumou gnou diakhasse». Et j’ai mis les deux drapeaux. J’ai lancé le message au Nirvana lors d’une soirée de Pape Diouf. Je suis allé à la Tfm avec Mame Fatou Ndoye. On en a parlé et on a lancé le fair-play. J’ai un peu accusé la presse. Il y a une réalité qui est là. L’équipe sénégalaise qui est là est une bonne équipe, mais elle est jeune. Les Ivoiriens, cela fait dix ans qu’ils jouent ensemble. Il y a une logique qui est là. Il fallait comprendre que le Sénégal pouvait difficilement faire le nul. L’équipe sénégalaise a été changée d’un coup. J’ai lancé le message du fair-play. Je ne dis pas des noms, mais quand tu t’assois à la télé et que tu dis «quand Yaya Touré touche la balle, huez-le. Quand Drogba touche la balle, huez-le». Celui que tu es en train de huer, s’il touche la balle et qu’il marque, qu’est-ce qui arrive ? Tu es frustré. Et tu vois des supporters ivoiriens en train de danser du «thiakhagoune», ça te met en colère. Voilà ce qui a provoqué ça. Ce match m’a bouleversé. Mais il faut qu’on parle à Issa Hayatou. Qu’il arrête ses trucs. Je ne l’accuse pas, mais deux fois deux équipes comme ça se croisent aux éliminatoires du mondial…

Mais c’est sur tirage, non ?

Bon. Je ne veux pas dire qu’il y a des trucs, mais c’est quand même bizarre que, à deux reprises, deux équipes se croisent. Aujourd’hui, la majorité des personnes qui étaient dans de grandes structures à Abidjan étaient des Sénégalais. Quand j’étais encore à l’école, le ministre de la Santé était Alassane Salif Ndiaye. C’était un Sénégalais. C’est pour vous dire qu’entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire, il y a quelque chose de fort. Il ne peut pas y avoir de problèmes. Ça c’était un petit incident qui est passé. Drogba, il est tout le temps ici. Il a réalisé ici à Saly. Yaya Touré est un ami de Pape Diouf, le chanteur.

On dirait que l’équipe de réalisation de Un café avec a changé ?

Depuis que Un café avec a été créé, c’est Leuz qui en assurait la réalisation. La première et la deuxième saison, c’était Leuz. Maintenant, je ne sais pas ce qui s’est passé. J’ai vu le teaser comme tout le monde. Je n’ai même pas encore croisé mon nouveau réalisateur. J’ai vu que c’est Gelongal.

Lors de la soirée de clôture de la deuxième saison, on vous a vu chanter. Envisagez-vous de vous lancer dans la chanson ?

Non du tout. Moi je fais de la comédie musicale. Je ne suis pas chanteur. Je n’ai aucune notion de musique. Quand un grand artiste comme Youssou Ndour t’invite sur scène, tu ne peux pas venir faire tout arrêter pour proposer de l’humour. Ça, je l’ai appris des humoristes ivoiriens. Ils font de la comédie musicale pour accompagner les musiciens sur scène. Ils passent avant ou pendant le show. Je suis en train de préparer le clip. J’ai eu quelques difficultés financières. Ce sera pour 2014, Incha Allah.

lequotidien.sn

 

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