Ousmane Tanor Dieng ou l’obsession d’un retour aux affaires

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Ses détracteurs lui reprochent son manque de charisme ou évoquent, comme un coup de pouce, le fait qu’il est venu au parti en héritant d’un poste de Premier secrétaire taillé sur mesure. Qu’importe, Ousmane Tanor Dieng tient toujours bien ferme la barre du Parti socialiste.

Sa manœuvre est si parfaite qu’il revient pour une deuxième fois consécutive briguer, au nom du PS et sous la Coalition ’’Bennoo Ak Tanor’’, la magistrature suprême. Une démarche calquée sur celles de Léopold Sédar Senghor et d’Abdou Diouf.

Ousmane Tanor Dieng à la tête du PS, comme Premier secrétaire puis Secrétaire général, c’est la contestation presque permanente des anciens qui lui disputent la légitimité et finissent par claquer la porte : Djibo Ka s’en va en 1998 et Moustapha Niasse, un an plus tard. Des départs qui ont largement contribué à la défaite historique du parti en 2000.

D’autres ténors quitteront, pour créer leurs propres formations ou rejoindre, c’est la transhumance, le Parti démocratique sénégalais (PDS, pouvoir) de Abdoulaye Wade.

Commentant cette cascade de départs, Ousmane Tanor Dieng parle de ‘’cohortes de voyageurs impatients ou dont l’engagement s’est vite émoussé’’. Tourné vers l’avenir, il note que le PS continue son bonhomme de chemin avec des ‘’arrivées, variées et nouvelles, composées surtout de jeunes et de cadres’’.

Ce faisant ’’Capitaine Tanor’’ tient bien la barre et se félicite de ‘’la réussite’’ du boycott des élections législatives de 2007 par le Front Siggil Senegaal, de la conception et de la mise en place des Assises nationales, de la construction de la coalition ’’Bennoo Siggil Senegaal’’, grand vainqueur des grandes villes du Sénégal lors élections locales de 2009. Cerise sur le gâteau : un socialiste, Khalifa Sall, est maire de Dakar, la capitale.

Mais il essuie un revers lorsque la Coalition ’’Bennoo Siggil Senegaal’’, dans sa recherche du candidat de l’unité, lui préfère, par vote, Moustapha Niasse de l’Alliance des forces du progrès (AFP), l’ancien socialiste qui avait quitté la barque PS.

Pour Dieng, la règle du consensus n’a pas été respectée. Suffisant pour que lui et ses partisans claquent la porte de cette mouvance de l’opposition pour se lancer dans la présidentielle du 26 février.

Loin d’être un harangueur de foules, Ousmane Tanor Dieng a le verbe posé, une attitude réfléchie qu’il adopte partout, même dans son opposition au régime libéral. Depuis 2001, il se veut un opposant républicain, aux antipodes des ’’méthodes wadiennes’’ marquées par des bras de fer permanents avec l’ancien régime.

Ancien conseiller diplomatique du président Léopold Sedar Senghor, confirmé par Abdou Diouf qui a succédé en 1981 au premier chef de l’Etat sénégalais, Ousmane Tanor Dieng est né le 2 janvier 1947 à Nguéniène.

En le nommant directeur de campagne en 1993 au détriment de Djibo Kâ, le président Abdou Diouf avait balisé la voie à cet énarque breveté de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) en 1976.

La victoire socialiste aux élections législatives et présidentielle, en 1993, conforte son ascension avec une nomination au poste de ministre d’Etat, ministre des Services et Affaires présidentiels. En 2000, il est encore directeur de campagne du président Abdou Diouf.

De ce poste, il devient le super intendant du palais présidentiel et s’ouvre une voie royale pour la direction du PS, un parti qu’il n’avait rejoint qu’en 1981.

Ainsi il lui est devenu plus facile de se faire élire, en 1995, président de l’Union régionale PS de sa région natale, Thiès, avant de réussir une OPA sur le bureau politique socialiste avec la bénédiction du président Abdou Diouf qui se décharge sur lui pour la gestion quotidienne du parti.

Pour sa deuxième présentation à l’élection présidentielle, après une première tentative avortée en 2007, Ousmane Tanor Dieng aura la lourde tâche de montrer que le PS est toujours debout, en dépit des nombreuses scissions.

Faire revenir le Parti socialiste aux affaires ; tel est le défi que compte relever Tanor qui déclare : ‘’Notre défaite de 2000 nous a conduits à des épreuves dont beaucoup d’observateurs ont pensé que nous ne nous relèverions jamais (…) tous ceux qui souhaitaient qu’il en fut ainsi, ont dû constater que notre formation politique a résolument pris la mesure de ce qui lui est arrivé et engagé la réflexion et mis en œuvre les mesures de redressement propre à le remettre à flot’’.

‘’Certes, admet-il, comme toute œuvre humaine, l’action du Parti socialiste à la tête de l’État n’est pas exempte de reproches. Mais j’ai l’humilité de reconnaitre que nous avons beaucoup appris de nos échecs, de nos erreurs et de nos fautes tout comme nous avons tant appris de cette expérience enrichissante de près de douze années d’opposition constante et responsable face au pouvoir nocif de Wade’’.

Sorti troisième à l’issue du scrutin présidentiel de 2007 avec un score de 13,56 %, le secrétaire général du Parti socialiste a déclaré que sa candidature à l’élection présidentielle du 26 février sera sa dernière quoi qu’il lui arrive.

‘’Je suis depuis longtemps au Parti socialiste et j’y resterai jusqu’au bout. En revanche, je ne me présenterai pas indéfiniment et, quoi qu’il arrive le 26 février, ce sera ma dernière candidature’’, a-t-il dit dans un entretien à Jeune Afrique.

‘’Que je perde ou que je sois élu, je laisserai la place. Il faut préparer les jeunes générations’’, souligne M. Dieng.

Evoquant ses successeurs potentiels, le secrétaire général du Parti socialiste déclare : ‘’Je pense à lui (Khalifa Sall, maire de Dakar), à Aïssata Tall Sall (Ndlr, mairesse de Podor), à tous ceux qui ont 30, 40, 50 ans et qui sont l’avenir’’ du Parti socialiste.

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