Peine de mort : Les dispositions civilisées de la charia (par Abdou Aziz Ndiaye)

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Avec le meurtre abjecte de Mme Fatoumata Makhtar Ndiaye, vice présidente au Cese, la peine de mort est redevenue au Sénégal un sujet d’actualité comme en 2013. C’est le thème que nous avions personnellement abordé le vendredi 31 mai 2013 lors de notre « bayaan » à la mosquée de notre quartier. Le vendredi 25 novembre 2016 également (trois ans et demi après), nous avons repris le même sujet dans les mêmes circonstances. Et dans la soirée, nous avons suivi un débat dans l’émission « Jakarloo » de la Tfm où étaient invités l’imam Ahmadou Makhtar Kanté et le député Seydina Fall alias Boughazelli à qui nous exprimons toute notre sympathie. En 2013 déjà, c’est lui qui avait suggéré le rétablissement de la peine de mort lorsque notre pays était secoué, comme aujourd’hui, par une série de meurtres. Il reste constant sur sa position et vendredi, sur le plateau de la Tfm, il était imperturbable malgré certaines tentatives de le tourner en dérision…
Nous n’allons pas refaire le match en revenant sur l’émission « Jakarloo » du 25 novembre 2016 mais la façon dont elle s’est déroulée nous a convaincu qu’il y a un éclairage urgent à faire. Il y a lieu de rappeler aux frères musulmans les dispositions de la charia sur le meurtre. La charia distingue le meurtre volontaire du meurtre non volontaire.

1) Le meurtre volontaire

Dans le Thawraat (Thora) révélé au prophète Moussa (Moïse) Allah swt avait prescrit la loi du talion (Qiças). Il confirme ce jugement dans le Coran : « Et nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pou nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion… » (sourate 5 la table servie, verset 45). La peine de mort entre donc dans le cadre global du talion. Vie pour vie.

Allah swt nous rassure dans le verset 179 de la sourate 2 la vache : « C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence ». Allah swt nous confirme par ce verset sans équivoque que la peine de mort règle le problème de la criminalité.

Cependant, le Qiças n’est pas l’unique disposition de la charia dans le cadre du meurtre volontaire. La famille de la victime a deux autres choix : le dédommagement matériel (Diya) et le pardon. La Diya est le prix du sang. Quant au pardon notons les deux versets et le hadith qui suivent.

« …Après, quiconque y renonce (le talion) par charité, cela lui vaudra une expiation… » (suite du verset 45 de la sourate 5 la table servie).

« La sanction d’une mauvaise action est une mauvaise action (une peine) identique. Mais quiconque pardonne et établit la concorde, Allah saura l’en récompenser » (sourate 42 la consultation, verset 40).

« Nul homme ne pardonne une injustice sans qu’Allah n’augmente son prestige » a dit le prophète sws.

Toujours dans le cadre du meurtre volontaire, voici encore deux dispositions de la charia qui montrent son caractère civilisé, humain.

Les parents de la victime doivent être unanimes pour l’application du Qiças. Si certains pardonnent, le meurtrier ne sera pas exécuté. Ceux qui n’ont pas pardonné reçoivent alors un dédommagement matériel (Diya).
Quand les parents de la victime choisissent le dédommagement matériel, ils perdent leur droit de talion. S’ils reviennent pour le revendiquer, il leur sera refusé. Par contre, s’ils choisissent tout d’abord l’application du talion, il leur est loisible de la remplacer par le dédommagement matériel.
2) Le meurtre non volontaire

La charia distingue deux cas de figure :

-Une action qui entraîne la mort alors que d’habitude ce type d’action ne tue pas. Exemple : On tire les oreilles de quelqu’un.

-L’accident. Exemple : un couteau échappe à un boucher, tombe sur quelqu’un et le tue.

Dans ces cas, il n’y a pas de talion, seul le dédommagement matériel est prévu et il est beaucoup plus léger dans le cas de l’accident.

Pour conclure, nous invitons nos frères musulmans à méditer les paroles d’Allah swt du verset 179 de la sourate 2 la vache : « C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence ». Que les musulmans qui disent que la peine de mort ne règle pas le problème de la criminalité sachent que leur avis est contraire à celui du maître de l’univers, Lui le savant ! Qu’ils sachent qu’en disant cela ils sont forcément du nombre des négateurs ! Qu’ils sachent qu’ils doivent se repentir en arrêtant de défier verbalement Allah de manière hautaine ! S’ils refusent de le faire, alors ils sont du nombre des hypocrites ! En effet, l’idée d’affirmer le contraire de ce que dit Allah swt ne peut nullement effleurer l’esprit d’un musulman sincère.

D’autre part, on parle d’introspection à faire. Nous sommes entièrement d’accord. Etant amnésique sur les bords, nous aimerions que quelqu’un nous vienne en aide en rappelant d’abord les résultats de la grande introspection nationale occasionnée par le naufrage du bateau « Le Joola ».

Abdou Aziz NDIAYE
Economiste
Spécialiste en management logistique et ingénierie des transports
Spécialiste en commerce et management des affaires internationales
[email protected] – 78 189 25 15

3 Commentaires

  1. LA POLÉMIQUE SUR LA ‘’PEINE DE MORT’’ RELANCE L’INCONTOURNABLE DÉBAT SUR LA LAÏCITÉ !!!
    Notre pays, quoique musulman à plus de 95%, a opté pour la laïcité ; en d’autres termes, notre République respecte toutes les religions (confessions), mais s’interdit de s’en inspirer ; et très curieusement, ceci a été cautionné par l’immense majorité des religieux (toutes obédiences confondues), alors qu’ils avaient la possibilité de s’y opposer lors du référendum passé, ratant ainsi une véritable opportunité de rompre avec l’option laïque et de réorienter notre pays sur la véritable voie de l’émergence ; ils doivent donc assumer leur choix et se garder d’invoquer des arguments religieux pour le rétablissement de la peine de mort. Oui, dans ce contexte laïc, seuls les arguments ‘’scientifiques’’ démontrant son efficacité devraient être évoqués, et fondés essentiellement sur l’expérience des pays qui la pratiquent. N’est-il pas incohérent de prôner la peine de mort – au nom d’Allah – et de se taire sur tous les autres délits envisagés explicitement dans le Droit pénal islamique (‘’Charia’’).?
    En vérité, l’attachement indéfectible de notre pays aux valeurs de démocratie et de justice devrait nous imposer à mentionner explicitement dans notre constitution notre ancrage irréversible aux valeurs de l’Islam, la religion majoritaire. Oui, si nous n’étions pas hypocrites, nous l’aurions mentionné explicitement et aurions toujours recherché la conformité de nos lois aux principes de l’Islam qui, du reste, ne sont guère différents de ceux des autres religions monothéistes (Christianisme, Judaïsme). Ainsi, nous ne serions plus interpellés par les occidentaux sur l’opportunité d’une dépénalisation de l’homosexualité et de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ; et au plan national, la prostitution serait pénalisée et tous les lieux de débauche fermés – quand ont sait que les conséquences redoutables de la généralisation de la turpitude freineront inéluctablement toutes nos velléités de développement. Et au demeurant, actualité oblige, le problème de l’opportunité ou non de la peine de mort en cas d’homicide (meurtre) serait définitivement réglé par les ‘’Textes Sacrés’’.
    Malheureusement, nos hommes politiques ont délibérément opté d’ignorer Dieu dans leurs démarches ; ils ne croient qu’à leur expertise (raison), quoique se réclamant croyants (musulmans ou chrétiens) ; oui, ils ont mis ‘’Dieu entre parenthèses’’ et ont délibérément choisi les libres-penseurs (agnostiques et autres incrédules), comme guides, modèles et maîtres à penser. Et comment pourraient-ils donc agencer une cité juste et nous faire accéder à l’émergence véritable ?
    Et de préciser que l’instauration de la ‘’Charia’’ (Droit pénal islamique) ne signifie point le rétablissement de la peine de mort ; en effet, le Coran réprouve certes l’homicide, mais n’a jamais préconisé l’application systématique de la peine capitale aux meurtriers :
    (92) Il n’appartient pas à un croyant de tuer un autre croyant, si ce n’est par erreur (homicide involontaire). Quiconque tue par erreur un croyant, qu’il affranchisse alors un esclave croyant et remette à sa famille le prix du sang, à moins que celle-ci n’y renonce par charité. … Celui qui n’en trouve pas les moyens, qu’il jeûne deux mois d’affilée pour être pardonné par Allah. Allah est Omniscient et Sage. (93) Quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution alors sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah l’a frappé de sa colère, l’a maudit et lui a préparé un énorme châtiment. (4. Les Femmes : 92-93 – An-Nisâ’)
    En vérité, l’homicide tombe sous le coup de la ‘’Loi du Talion’’ (‘’al-qiçâçu’’), mais il est envisagé la possibilité d’une réparation (dédommagement) ; le Coran est explicite :
    (178) Ô les croyants ! On vous a prescrit le Talion (al-qiçâçu) au sujet des tués : homme libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour femme. Mais celui à qui son frère aura pardonné (en quelque façon) doit faire face à une requête convenable et doit payer des dommages de bonne grâce. Ceci est un allégement de la part de votre Seigneur, et une miséricorde. Donc, quiconque après cela transgresse, aura un châtiment douloureux. (179) C’est dans le Talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence ; ainsi, atteindrez-vous la piété ! (2. La Vache : 178-179 – Al-Baqarah)
    Et d’une manière générale, le Talion (al-qiçâçu) – qui est le principe incontournable de tout droit pénal – ne peut pas se concevoir, en dehors du pardon et la réparation des dommages :
    (45) Et Nous (Allah) y avons prescrit (dans la Thora) pour eux : vie pour vie, oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la ‘’loi du Talion’’. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation (pardon de ses péché). Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, cela sont les injustes. (5. La Table Servie : 45 – Al-Mâ’idah)
    Et certes l’homicide est un délit grave, mais le Coran n’exclut pas une réhabilitation des meurtriers et même leur absolution (rémission de leurs péchés) – Allah est le Très Miséricordieux et Celui qui pardonne :
    (116) Certes, Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne des associés. A part cela. Il pardonne à qui Il veut. … (4. Les Femmes : 116 – An-Nisâ’)
    (153) Ceux qui ont fait de mauvaises actions et qui ensuite se sont repentis et ont cru … ton Seigneur après cela est sûrement Pardonneur et Miséricordieux. (7. Al-’Arâf)
    (53) Dis : “Ô mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux. (54) Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui, avant que ne vous vienne le châtiment et vous ne recevrez alors aucun secours. (39. Les Groupes : 53-54 – Az-Zumar)
    Au vu de tout cela, on perçoit très clairement que l’application de la Charia doit être nuancée ; oui, il n’y’a pas une seule option pour sanctionner un meurtrier ; comme en témoigne la gamme de sanctions prévue pour le délit grave de ‘’rébellion contre Allah et son Messager’’ et de ‘’malfaisance’’ avéré) ; oui, le Coran ne préconise pas exclusivement la peine de mort ; il envisage aussi la crucifixion, l’amputation de membres et même le bannissement ; avec la possibilité d’une grâce pour ceux qui se seront rendus à temps ; le Coran est explicite :
    (33) La sanction de ceux qui font la guerre contre Allah et son Messager, et qui s’efforcent de semer la corruption sur terre, c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici bas ; et dans l’au-delà, il y’aura pour eux un énorme châtiment. (34) exceptés ceux qui se sont repentis avant de tomber en votre pouvoir : sachez qu’alors, Allah est Pardonneur et Miséricordieux. (5. La Table Servie : 33-34 – Al-Mâ’idah) [Voir Cor. 7 : 124 – Al-’Arâf].
    Malheureusement, ces versets coraniques sont toujours tronqués par ceux qui prônent l’application systématique de la peine de mort aux meurtriers. Qu’ils méditent ces deux exemples suivants : Pharaon était pervers par excellence ; il tuait systématiquement les nouveaux-nés mâles et violentait les femmes ; et pourtant, Dieu lui avait envoyé le Prophète Moïse pour le réhabiliter [(70. Les anges qui arrachent les âmes : 17-25 – An-Nâzi’âte) ; (20. Tâ-Hâ : 42-47)]. Quant à Oumar b. Khattab, avant de rentrer dans l’Islam, il a enterré sa fille vivante (infanticide), et pourtant il fut absolu et eut même à diriger la umma, malgré son passé de polythéiste. Et à l’évidence, ce sont là des faits qui ne militent point en faveur de la peine de mort systématique pour les meurtriers – Allah est Pardonneur et Très Miséricordieux !!!
    Au vu de tout cela, il apparaît évident que ce n’est pas la peine de mort qui réglera le problème de l’insécurité, mais plutôt notre renoncement à la laïcité – et donc notre ancrage aux valeurs et principes de l’Islam, partagés par toutes les autres religions monothéistes (Christianisme, Judaïsme). Il est donc temps de dé- séculariser‘’ (dé- laïciser’’) notre République ; et dans cette perspective; le premier acte que les religieux doivent exiger, c’est la révision de l’article premier et l’abrogation de l’article 4 de la Constitution ; ainsi, des partis d’inspiration islamique – à l’instar des partis d’obédience ‘’démocrate-chrétienne’’ notés dans les ‘’grandes démocraties’’ – pourraient émerger, enrichir le débat politique et légitimement concourir à l’expression du suffrage, dans le respect de la Constitution et des principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. Oui, l’introduction de l’Islam dans la gestion de la cité se fera démocratiquement, étape par étape et de façon consensuelle, dans tous les domaines – tout un programme ; ainsi, toute la législation passera par l’Assemblée Nationale ; et c’est donc aux parlementaires (députés) qu’incombe la mission de la mise en conformité de nos lois et règlements avec les principes fondamentaux de l’Islam qui, rappelons-le, ne diffèrent guère de ceux des autres religions monothéistes (Christianisme et Judaïsme).
    Oui, il urge de réformer notre vision du monde et du développement en particulier, en les conformant à la perspective que notre noble religion nous a explicitement tracée et qui passe par le changement de comportement moral – et donc le repentir [(13. Le Tonnerre : 11 – Ar-Ra’d) ; (71. Noé : 1 … 10-12 – Nûh) ; (11. Houd : 3 … 52 – Hoûd)]. Oui, il n’y a pas une autre voie de salut (émergence) pour un pays musulman – et donc rompre avec l’option laïque et changer de comportement (moral) ou périr !!!
    https://docs.google.com/document/d/1qvcJ1cz6hXK0KTR1FhwY9jFc5789jCVNeajviZWt14k/edit?usp=sharing

    DOCTEUR MOUHAMADOU BAMBA NDIAYE
    Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar
    Pédiatre à Thiès
    Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan- Bienfaisance (Thiès).

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