Pierre Foldès, chirurgien urologue : «La réparation de la virginité est une intervention facile et simple»

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Son travail chirurgical l’a conduit à s’intéresser à un organe assez méconnu de la médecine voire «nié» : le clitoris. Auteur de la technique de réparation du clitoris endommagé, Dr Pierre Foldès, chirurgien urologue Français va plus loin pour nous parler de la réfection de l’hymen pour redonner aux femmes leur virginité. Une intervention possible, mais très coûteuse. Il revient avec nous sur les différents aspects de la réfection du clitoris.

 

Wal Fadjri : Comment avez-vous découvert cette technique de réparation du clitoris endommagé ?

Pierre FOLDES : Cette technique, je l’ai découvert sur le terrain au Burkina Faso. En regardant un peu comment on pouvait faire, j’ai adapté des techniques connues de réparation de la virginité. Je l’ai refait. Je suis également anatomiste. J’ai effectué des recherches anatomiques pour savoir. Parce qu’à l’époque, on ne savait pas comment. C’était fait à titre d’essai. Quand on l’a découvert, j’ai appliqué des règles très simples de la chirurgie réparatrice qui consiste à voir comment un organe devrait être normal et le reconstituer à partir d’un organe blessé, en enlevant les parties blessées. C’est le principe de base, ce n’est pas très compliqué. Il faut respecter un certain nombre de règles très précises, très fines dans les chirurgies. Les nerfs sont là, ils peuvent être en place ; et l’anatomie du clitoris peut parfaitement être réhabilitée. Il ne suffit pas de réparer le clitoris parce que quand on fait une mutilation génitale, on blesse en général les petites lèvres. Et la vulve est beaucoup plus abîmée que le clitoris. Le but de la chirurgie réparatrice est de réparer également les petites lèvres et l’ensemble de la vulve ; et c’est une véritable réhabilitation de la vulve qui la rend la plus normale possible à la fois pour les rapports sexuels et pour accoucher.

Combien de patients avez-vous opéré depuis la découverte de cette technique ?

J’en ai réparé 4 mille en France et un peu partout dans le monde. Et plus de 85 % des résultats ont été satisfaisants. Là, j’en ai fait quatre à titre expérimental pour former les chirurgiens Sénégalais.

Peut-on avoir une idée du coût de la réparation du clitoris endommagé ?

Le coût est quelque chose de très intéressant. J’ai beaucoup travaillé sur cela. D’abord, en France, pour que cela soit accepté et remboursé par la sécurité sociale. Ce qui est le cas. J’ai réussi à l’obtenir. Ce qui n’était jamais le cas en France. On ne remboursait jamais ces choses-là. Pour obtenir ce remboursement, que les femmes soient prises en charge gratuitement, il a fallu démontrer que cela ne coûtait pas cher. Et effectivement, c’est surtout pour le transposer dans tous les pays comme le Sénégal. C’est une chirurgie qui demande des compétences pointues. Mais à temps opératoire, cela doit être limité à 30 voire 45 minutes. Cela concerne trois fils, il n’y a pas besoin de matériel spécifique et extrêmement cher. C’est parfaitement réalisable au Sénégal et la prise en charge peut être extrêmement réduite.

Financièrement, à combien revient tout ce travail de réparation au Sénégal ?

Je ne peux pas l’estimer parce que le coût en France est lié au prix exorbitant de l’hospitalisation en France. Je ne peux pas vous donner de coût au Sénégal, mais c’est une seule nuit d’hospitalisation, un chirurgien pendant 20 minutes, une anesthésie générale et trois fils. C’est donc un prix qui peut être extrêmement bas et doit pouvoir être accessible à l’ensemble des populations. C’est beaucoup moins cher que de faire une intervention sur l’utérus par exemple ou une intervention chirurgie-urologique. C’est beaucoup moins cher.

Que répondez-vous à certains qui vous prêtent le pouvoir de redonner une nouvelle virginité aux femmes ?

Une virginité ? Non, c’est faux. On crée un clitoris fonctionnel, qui marche normalement. Donc, on recrée un appareil génital le plus normal possible.

Ce que vous dites est un fait, mais il y en a qui soutiennent que Dr Foldès redonne aux femmes qui le désirent une nouvelle virginité ?

Ça, c’est autre chose. La virginité, c’est la réfection de l’hymen. C’est aussi possible et facile. Mais c’est une intervention qui n’est pas tout à fait autorisée dans notre pays où il y a des législations restrictives. La virginité, c’est une réparation très simple dont les femmes bénéficient par milliers. Mais c’est une question sensible.

Donc, cela veut dire que cette réfection de la virginité est possible ?

C’est tout à fait possible. C’est très facile même. Mais est-ce que c’est autorisé ? Cela dépend des législations de chaque pays.

Cette pratique est-elle permise en France ?

Pas vraiment. Parce que la défloration n’est pas considérée comme une pathologie, ce n’est pas une maladie. On peut recréer un hymen mais ce n’est pas franchement une maladie. En revanche, grâce aux actions qui ont été menées depuis une dizaine d’années, la mutilation génitale féminine est considérée comme une pathologie. Certes, elle est créée par l’homme, mais c’est une pathologie. Et en tant que telle, il est légitime ou tout au moins autorisé d’en pratiquer la cure et de la guérir. Mais en dépensant de l’argent.

 

 

FORMATION – TECHNIQUE DE REPARATION APRES EXCISION : Sept chirurgiens sénégalais formés à la tâche

Plus besoin de payer le billet d’avion pour la France et d’en revenir satisfaite au terme d’une chirurgie réparatrice après excision. Des médecins sénégalais savent à présent le faire avec le même résultat éprouvé. Ils ont été formés à Dakar à cette technique de la réfection clitoridienne par le docteur, Pierre Foldès depuis le 1er  novembre dernier.

La chirurgie réparatrice après excision est, désormais, possible au Sénégal. Sept chirurgiens sénégalais ont reçu leurs attestations hier à Dakar au terme d’un atelier de formation animé par Docteur Pierre Foldès, celui-là même qui a mis en place cette technique de réparation du clitoris. Ces compatriotes venus de Ziguinchor, Sédhiou, Ndioum, Tambacounda, Mbour, Thiadiaye et de Saint-Louis sont maintenant qualifiés à la restauration anatomique de la femme, en plus de lui assurer le retour à une fonction sexuelle normalisée. Au cours de la session de formation qui a débuté le jeudi 1er novembre dernier, quatre opérations de chirurgie réparatrices ont été menées avec succès, affirme le président de l’association Prévenir, Dr Abdoul Aziz Kassé. Selon lui, les quatre femmes ayant bénéficié de cette technique ont vécu l’intervention sous anesthésie générale. Des produits qui calment les douleurs pendant 48 heures leur ont aussi été administrés. «Pendant toute l’année 2012, l’opération sera faite à toutes les femmes qui le désirent gratuitement avec l’aide d’Onu-femme. Des ressources additionnelles seront trouvées pour engager la prochaine étape en 2013. L’objectif restera à rendre accessible cette technologie à toutes les femmes qui sont dans le besoin», indique Dr Kassé.

On estime à 165 millions les femmes déjà excisées dans le monde. Malgré son interdiction au Sénégal depuis 1980, 32 % des Sénégalaises se débattent au quotidien dans le silence de leurs foyers pour retrouver une sexualité assouvie. D’après le Dr Pierre Foldès, spécialiste de cette «médecine humanitaire», c’est parce que la réfection clitoridienne constitue, elle-même, le début d’un processus de restauration de l’anatomie de la femme qui doit durer deux ans pendant lesquels le sujet doit être accompagnée. La formation théorique et pratique va au-delà des actes chirurgicaux. Selon lui, l’apprentissage intègre le suivi postopératoire, la gestion des complications, le suivi sexologique et psychologique. «La pratique de l’excision est un des plus graves problèmes des sociétés qu’il faut combattre par une prise en charge spécifique de cette forme de violence conjugale faite aux femmes», a-t-il plaidé.

C’est là, tout le mérite de l’Association Prévenir d’où est partie l’idée de transférer la technologie de la France vers les praticiens sénégalais ; cette technique n’étant pas enseignée dans les spécialités chirurgicales du Sénégal. Pour faire plus, avec l’appui d’Onu-femme, l’association qui a déjà intégré les sept médecins chirurgiens dans un réseau de santé génétique, ambitionne, en synergie avec d’autres structures, de faire de sorte que cette technique soit disponible dans toutes les régions. «Nous n’entrerons pas dans les querelles idéologiques, sémantiques, identitaires. Nous restons médecins, nous proposerons nos soins à celles qui en feront la demande. Nous le ferons dans le respect des règles de déontologie», avertit toutefois Dr Kassé.

VULGARISATION DE LA TECHNIQUE A L’ECHELLE NATIONALE : Le département de la Femme s’engage

 

La Coordonnatrice du Programme de lutte contre les violences faites aux femmes d’Onu-femme, Marie Pierre Racky Chaupin souhaitait qu’au bout de l’apprentissage, l’Etat s’engage à étendre l’expérience à l’échelle nationale en s’appropriant le programme. Un processus dans lequel, Onu-femme est prête à accompagner le gouvernement du Sénégal, rassure-t-elle. La réponse du département ministériel en charge de la Femme, de l’Enfance et de l’Entreprenariat féminin ne souffre d’aucune ambiguïté. «Le département de la Femme sera du combat pour la dignité de la femme Sénégalaise», a assuré Oumou Khaïry Niang au nom du ministre qu’elle était venue représenter. Selon elle, la chirurgie réparatrice après excision est une réponse à la dimension de la prise en charge sanitaire, et psychosociale de la femme excisée. Elle estime que la possibilité de cette opération chirurgicale au Sénégal vient réaliser le rêve de milliers de Sénégalaises de retrouver l’équilibre psychologique au foyer, et au sein de leurs communautés.

Représentante des sept récipiendaires, Dr Toly Ly Thiam de Mbour mentionne l’engagement de ses pairs membres du réseau de médecins en chirurgie réparatrice après excision de tenir désormais compte de toutes les pathologies liées aux mutilations génitales de la femme. «Quand on parle de mutilation génitale de la femme, on pense à la sensibilisation et aux droits des femmes, mais on ne pense jamais à la réparation génitale pour les femmes qui ont droit à une vie de couple épanouie», conforte la coordonnatrice résidente du système des Nations unies au Sénégal, Mme Bintou Djibo. Elle invite ainsi à une bonne opérationnalité de la technique sur le terrain au Sénégal et ailleurs en Afrique. 95 % des femmes sont excisées en Guinée tandis qu’au Burkina Faso sur 100 femmes, les 77 ont subi la mutilation génitale.

Propos recueillis par

 

Abdoulaye SIDY

 

walf.sn

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