Pour éviter la mort de l’arachide au Sénégal : Les ‘propositions réalistes et techniques’ de Niasse pour la relance de la filière

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Après des assemblées paysannes dont les dernières se sont tenues à Ouadiour, Gossas, Patar Lia et Sombe, dans la région de Fatick, Moustapha Niasse a fait ce jeudi à Sombe dans le département de Gossas. Occasion saisie pour faire une synthèse préconisant des mesures pratiques, pour résoudre, progressivement, les problèmes qui sévissent dans la filière de l’arachide et qui constituent, incontestablement, des obstacles au développement de l’économie arachidière au Sénégal.

Sous l’éclairage d’une analyse du secteur de l’arachide qui se meurt, l’ancien Premier ministre Moustapha Niasse a fait cinq mesures de ‘haute portée pratique’ pouvant être mises en œuvre, si, selon lui, ‘les autorités qui dirigent le Sénégal acceptent d’être animées d’une bonne volonté certaine et d’une lucidité patriotique qui soient à la hauteur des attentes légitimes du monde rural évoluant dans le secteur de l’économie arachidière’.
D’abord, il s’agira, selon le leader de l’Afp, de porter, à partir de 2011-2012, pour la prochaine campagne de production et de commercialisation de l’arachide, à 25 francs la subvention de l’Etat par kilo d’arachide, au lieu des 15 francs actuels. ‘Cette subvention devra être appliquée sur 800.000 tonnes d’arachide/coque. Ce qui portera le niveau de l’effort financier de l’Etat à 20 milliards de francs, en lieu et place des 4,5 milliards de francs actuels qui couvrent, seulement, 300 000 tonnes d’arachide/coque, sur 1 200 000 tonnes produites à l’issue de la saison 2010. L’on sait que l’autoconsommation se situe à 300 000 tonnes sur la production annuelle globale’, suggère Moustapha Niasse devant un parterre de paysans à Sombe dans le département de Gossas.

‘En conséquence de cette augmentation de 10 francs par kilo d’arachide, au lieu des 15 francs actuels, le prix au producteur sera de 175 francs le kilo et dès le mois de mai 2012, cette mesure devra être confirmée et portée à la connaissance des paysans. Une telle mesure encouragera les producteurs et leur donnera une garantie certaine que leur effort sera justement récompensé, d’autant que le prix actuel de 165 francs le kilo d’arachide est le même depuis plus d’une décennie alors que les produits de consommation courante, durant la même période, ont connu une augmentation très sensible’.

Ensuite, indique Moustapha Niasse, ‘dans la logique d’une telle démarche qui répond à un souci de payer le juste prix à l’effort des producteurs d’arachide, il convient de faire démarrer, impérativement, la campagne de commercialisation, dès le mois de novembre 2011, et chaque année par la suite, en aidant les huiliers à trouver les financements off/shore nécessaires, dès le début du deuxième semestre de l’année, au plus tard au mois de juillet’.

L’ancien Premier ministre d’ajouter que le démarrage, à temps, de la campagne de commercialisation des graines permettra aux paysans d’éviter l’intermédiation de spéculateurs qui achètent, présentement, à l’occasion des marchés hebdomadaires, les graines d’arachide à 120 ou 130 francs le kilo, ce qui occasionne d’importantes pertes de recettes aux paysans et enrichit, indûment, ces mêmes spéculateurs et intermédiaires.

Niasse propose, en outre, la mise en place un mécanisme cohérent et sécurisé par l’Etat, pour assurer à ces huiliers un accès normal aux financements requis pour la modernisation des équipements des unités industrielles du secteur que sont : Suneor-Dakar – capacité installée : 320 000 tonnes/an ; Suneor-Lyndiane – capacité installée : 280 000 tonnes/an ; Diourbel – ex-Seib-capacité installée : 200 000 tonnes/an (usine présentement à l’arrêt) ; Ziguinchor-capacité installée : 120 000 tonnes/an. Soit : 920 000 tonnes/an que ces unités industrielles sont capables de traiter, pour produire de l’huile raffinée et des tourteaux d’arachide, cette dernière matière étant particulièrement utile pour l’alimentation du bétail.

Niasse rappelle qu’il est établi que la moitié des 920 000 tonnes mentionnées peut être raffinée à Suneor – Dakar où il existe une ligne de raffinage d’une capacité prouvée de 500 tonnes par jour. ’Il y a aussi lieu d’ajouter que ces mesures et le programme qui les porte peuvent permettre de réduire le volume de l’huile importée de l’étranger voire d’atteindre, dans ce domaine, l’autosuffisance en huile d’origine végétale, par delà les effets financiers positifs dans la balance commerciale du Sénégal’.

Suggestions applicables dès la prochaine campagne

Ainsi, après des assemblées paysannes dont les dernières se sont tenues à Ouadiour, Gossas, Patar Lia et Sombe, dans la région de Fatick, la présente synthèse de Moustapha Niasse fait le point sur les idées, possibilités d’actions et perspectives de réajustement des procédures en cours. Il convient, selon le leader de l’Afp, de prendre des mesures pratiques, pour résoudre, progressivement, les problèmes qui sévissent dans cette filière et qui constituent, incontestablement, des obstacles au développement de l’économie arachidière au Sénégal.

Toutes ces propositions, précise Moustapha Niasse, sont applicables, dès la campagne prochaine de commercialisation de la production arachidière. Ces propositions, ajoute-t-il, procèdent d’une longue étude du dossier de la filière arachide. ‘Cette filière, depuis plusieurs années, rencontre des difficultés qui provoquent d’importantes conséquences économiques et sociales, au détriment des objectifs de croissance dans le secteur primaire, de même qu’elles réduisent l’impact et l’efficacité des efforts de lutte entrepris contre la pauvreté dans le monde paysan’, constate l’ancien Premier ministre. ‘C’est de l’analyse de toutes ces données et des discussions engagées sur le terrain avec les paysans eux-mêmes que les propositions tirent leur source et leur justification, dans le but de résorber les difficultés de toutes sortes qui sont déplorées dans cette filière’, souligne Niasse. Qui précise que les présentes propositions ne revêtent, de ce fait, aucun caractère politique. ‘Leur contenu est technique, même si, dans le Sénégal d’aujourd’hui, certains partisans du pouvoir en place veulent voir dans toutes les initiatives des sous-entendus ou des visées politiques’.

Georges Nesta DIOP

walf.sn

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