Pour Ousmane Sonko, c’est maintenant que ça commence

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La radiation de Ousmane Sonko, acte d’une monstrueuse médiocrité, ne suffit pas à assouvir la lâcheté des guérilleros de la horde au pouvoir. Il leur faut aussi célébrer cette médiocrité. De tous ceux-là qui se bombent le torse, justifiant et manifestant leur bonheur dans la mise à mort de l’inspecteur des impôts et des domaines, personne n’est capable d’intelligence et de scrupule au point de se taire, faute de mieux. Pire qu’un simple avilissement, ils sont assis sur les ressorts de la morale qui, seuls, pourront servir à l’assainissement et à la rupture dans le jeu politique.    

Parce qu’il est porteur de perspectives et de garanties nouvelles, Ousmane Sonko ne doit pas mobiliser son énergie contre les exécuteurs, si cruels soient-ils. Dans un bordel, c’est connu, les prostitués cherchent toujours à faire plus de clients pour satisfaire le proxénète en chef. Le modèle et l’objet de l’engagement politique de PASTEF visent, au-delà des fautifs en exercice, les activités écrasantes et les aberrations du système. Opprimé puis calomnié à tour de bras, Sonko sera amené à s’emporter ou à s’écrouler. Ce sera bien dommage, car la force de ses idées et la pertinence de sa démarche relèvent surtout de leur différence avec celles des autres.

Sonko n’est pas net, il n’est pas ceci, il est cela et patati et patata, disent Aliou Sall et ses semblables. Pourtant, qui peut le plus, peut le moins. S’ils sont aussi cruels pour faire de lui un chômeur attitré, ils peuvent dévoiler tout ce qui, à leur porté, peut le compromettre. En réalité, ils essayent à tout prix de le détourner de l’essentiel, de ses résolutions et de sa résistance contre la mal gouvernance. Mais, tant qu’il gardera le cap sur le suivi et le contrôle des politiques publiques, il sera combattu sans état d’âme et de la façon la plus ignoble. Par sa démarche méthodique et experte, il incommode les cachotiers. C’est du sentier des arguments valables, presque désert jusque-là, que les tenants du désordre établi veulent le dévier.

Mais, ce n’est pas le seul danger qui guette Ousmane-le-radié. Il sera certainement tenté de s’allier, désabusé et en colère, avec les ennemis et non moins sosies de ses bourreaux. Avec la clique des opposants en manque de visibilité et d’audience, il se sentira probablement fort pour un moment, mais il devra à terme s’encombrer et souffrir de tous les effets d’association. Le Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal s’est fixé comme objectif de combattre, entre autres, la gestion familiale des richesses du pays ainsi que la corruption généralisée. N’importe quoi. Il y a à peine 4 ans, les mêmes travers étaient reprochés à beaucoup d’entre eux. Ça ne fait vraiment pas sérieux. Ça ne peut faire que du tapage, mais ça ne fera même pas mal. C’est d’ailleurs pour de telles incongruités que le chef de l’État n’en fait qu’à sa tête.

  1. Sonko a aussi le choix de frayer son propre chemin, ni sur les flancs dorés du pouvoir ni sur la branche branlante des hâbleurs. « Lorsqu’on se trouve devant deux chemins et que l’un d’eux semble le plus difficile, c’est celui-là qu’il faut prendre. La crainte est le signe du devoir. » Macky Sall et ses complices tenteront sans relâche de l’étouffer. L’opposition classique essayera de l’avaler sans crier gare. C’est à la seule condition éprouvante de sa constance, qu’il se révèlera, non pas comme un banal adversaire politique, mais comme l’alternative à tout un système qui se renouvelle par la logique binaire de l’angélisme et du catastrophisme. Il a déjà franchi une étape en faisant preuve d’une grande maturité dans la prise en charge des véritables enjeux.    

Parce qu’Ousmane Sonko pouvait se la couler douce, et qu’il a choisi la piste cahoteuse du refus et de l’engagement patriotiques, nous lui devons considération et appui. Y a qu’à se demander si, à sa place, nous opterions pour une issue si risquée pour nous-mêmes et pour notre famille pour nous convaincre de la noblesse de ses faits et gestes. Les masseurs de l’égo du chef de l’État lui reprochent des imprudences et des grossièretés, mais jamais de trahison ni de bassesse. Nous ignorons probablement beaucoup de lui, mais nous savons déjà ce qu’il n’est pas : parvenu, pillard et béni-oui-oui. C’est ce qui le distingue de ses détracteurs intéressés, c’est surtout ce qui témoigne de sa bonne foi.

Birame Waltako Ndiaye

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3 Commentaires

  1. Ah le plaisir m’étreint. Il est de ces phrases qui vous retiennent le soufle par leur beauté; et quand on pense reprendre le soufle avec la phrase suivante, elle se révèle de la même qualité que la précèdente. Il en a été ainsi tout le long de la lecture, si bien qu’à la fin de la lecture, le bonheur et la fatigue nous envahissent. Merci Birame Ndiaye ( je sens une forte influence diobène sur toi.lol) de m’avoir donné le plaisir de savoir ce que ressent un olympien qui vient de battre un record à la fin d’une épuisante course, trés trés epuisé par le manque de soufle mais rempli de bonheur.
    Dommage que nos nullard apriens ne pourront jamais ressentir ce plaisir parce que le niveau leur manque.
    Voila les conséquences d’un état politisé qui par le yameneh-isme des nomminations rate l’occasion de profiter de ces compatriotes pétillant d’intelligence.

  2. Les souteneurs de Macky, dans tous ses actes d’ignominies, sont des fossoyeurs de l’éveil et de l’essor qu Sénégal. Ils peuvent en être conscients ou inconscients, dans ces cas ils sont traîtres préférant leurs « privilèges » (le mot est de Macky) par dessus le bien du Sénégal, ou ils sont des idiots utiles servant un système contre eux même. Aucune dictature ne peut perdurer sans ses complices et idiots utiles. Tous les dictateurs et tyrans de l’histoire du monde ont eu leurs souteneurs, prêts à toutes les rhétoriques, ou à faire couler le sang, pour défendre l’indéfendable (ref: les tontons macoutes de Bébé Doc), leurs juristes tailleurs et leurs religieux. Que ce soit aussi bien sous le règne du Pharaon ou celui d’Hitler, on retrouve les mêmes groupes prêts à tout sacrifier pour la perpétuation du système (fut il criminel) qui leur assure leur statut.
    La seule vérité que les sénégalais doivent retenir, et l’histoire qui nous l’enseigne, c’est qu’aussi féroces qu’ils eurent été ou qu’ils sont, il n’est pas impossible de combattre ces pouvoirs.
    La particularité de ces pouvoirs est de combattre l’intelligence, la compréhension, l’éveil de leurs citoyens. Plus le citoyens est ignorant ou idiot, plus ces pouvoir sont à l’aise. Le dernier exemple permettant de comprendre est la suppression du nom d’Aliou Sall dans les archives de l’APIX. Nous voyons un pouvoir qui travaille pour l’ignorance de ses citoyens, ces derniers ne devant pas voir ou savoir ce qu’il y a extrêmement mauvais qu’il fait.
    Et lorsqu’un système combat (parce qu’il en a besoin) l’intelligence, l’éveil, il se retrouve avec le temps comme pire ennemi. Il suffit de se rappeler que toutes les théories historiques décrivent le monde comme étant passé de l’âge de pierres à celui du numérique, des ténèbres à la science. Le temps emmène donc l’éveil. Et c’est justement ce que de pareils pouvoir combattent.

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