Premières élections après l’ère Jammeh : « Les Gambiens respirent »

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C’est un moment historique que s’apprêtent à vivre les Gambiens. Après deux décennies d’une implacable dictature, ils éliront jeudi les députés du pays dirigé depuis le mois de janvier par Adama Barrow.

Les Gambiens sont appelés aux urnes jeudi 6 avril pour choisir leurs députés, premières élections depuis la chute du dictateur Yahya Jammeh, suscitant l’espoir d’un réel changement au sein de l’Assemblée nationale auparavant perçue comme une simple chambre d’enregistrement.

En Gambie, pays anglophone quasiment enclavé dans le territoire sénégalais, le Parlement monocaméral compte 53 députés, dont 48 élus et cinq nommés par le président pour un mandat de cinq ans. Un peu plus de 886 000 électeurs, sur près de 2 millions d’habitants, doivent choisir leurs députés parmi 239 candidats, selon la Commission électorale (IEC). Les prétendants sont issus de neuf partis politiques ou de listes indépendantes.

Durant la présidence de Yahya Jammeh, qui a dirigé la Gambie d’une main de fer plus de 22 ans, les lois provenaient souvent de l’exécutif puis étaient envoyées beaucoup plus tard à l’Assemblée pour être enregistrées par les parlementaires, si jamais elles l’étaient.

Yahya Jammeh est aujourd’hui en exil en Guinée équatoriale après sa défaite à l’élection présidentielle du 1er décembre face à Adama Barrow, candidat d’une large coalition d’opposition. Une défaite qu’il a d’abord admise avant de la contester pendant six semaines, obligeant l’Union Africaine à agiter la menace d’une intervention militaire.

L’espoir de nouveaux députés non subordonnés à l’exécutif

Mardi, au dernier jour de la campagne ouverte le 15 mars, beaucoup de Gambiens exprimaient l’espoir d’avoir de nouveaux députés non subordonnés à l’exécutif, à l’instar ce cette habitante de Kanifing, en banlieue de Banjul, intérrogée par l’AFP. Elle souhaite ainsi que la nouvelle Assemblée nationale ne soit pas « un ‘guichet de poste’ qui adopterait n’importe quel projet de loi ». Le nouveau Parlement « sera diversifié et c’est ce qui le rendra intéressant. Aucun parti ne devrait avoir le nombre de députés permettant d’adopter automatiquement des lois qui ne correspondent pas à l’intérêt des populations », espère-t-elle encore.

Intérrogé par l’équipe de France 24 sur place, un autre habitant de la capitale se réjouit de la tenue de ce scrutin : « Fondamentalement, cela va être différent, évidemment. Parce qu’avant il n’y avait qu’un parti ! C’est très intéressant. Tout le monde a le droit de voter pour le candidat de son choix. »

« Les Gambiens respirent. On ne mesurera jamais assez ce qu’il s’est passé dans ce pays petit pays. (…) Une génération entière n’a connu que la dictature de Yahya Jammeh », rappelle Jean-Karim Fall, spécialiste de politique étrangère à France 24.

Le parti de l’ancien dictateur, l’Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), a des candidats en lice dans 29 des 53 circonscriptions électorales et s’affiche confiant dans ses chances, selon son responsable de campagne, Yankuba Colley.

L’APRC avait remporté une victoire écrasante aux précédentes législatives, en 2012, boycottées par six des principaux partis d’opposition de l’époque qui accusaient le régime « d’abus de pouvoir ».

Une coalition éclatée

Le scrutin de jeudi enregistre plusieurs dizaines de candidatures des formations de la nouvelle majorité autour du président Adama Barrow, incluant le Parti démocratique unifié (UDP).

Pour la présidentielle de 2016 Adama Barrow était candidat de l’UDP, dont il a ensuite démissionné pour mieux représenter toute la coalition l’ayant choisi comme porte-drapeau face à Yahya Jammeh. Une coalition qui n’a pas réussi à aller aux législatives dans l’unité. Certaines sources en son sein ont exprimé des craintes de voir cette division profiter à l’APRC. Une préoccupation balayée par Alagie Darboe, responsable de l’UDP en lice dans l’ouest du pays : « Le soutien que nous ont manifesté les électeurs durant la campagne est une indication claire que nous allons gagner ».

« Les processus de sortie de dictature éveillent toujours des appétits dans la classe politique », note Jean-Karim Fall.

Si le paysage politique a beaucoup changé en quelques mois en Gambie, une spécificité locale demeurera pour le scrutin : le vote avec des billes, à la place des bulletins de vote, et des bidons de couleurs différentes servant d’urnes.

Avec AFP

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