Procès Karim Wade – Entendu après son évacuation médicale – Bibo Bourgi tient le choc

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Le passage hier à la barre d’Ibrahim Aboukhalil, dit Bibo, ressemblait à un grand oral. Convalescent, mais visiblement en forme, l’un des principaux prévenus s’est substitué au coïnculpé Mamadou Pouye. L’actionnaire majoritaire de Ahs Sénégal, Menzies Middle East and Africa (MMEA) et bien d’autres sociétés s’est bien débrouillé devant la Cour. Bibo a eu la part belle, en attendant les contre-interrogatoires du parquet spécial et la partie civile

Ce n’est pas le prévenu allongé sur une civière dont l’image a fait la une des journaux. Ibrahim Aboukhalil est revenu après une dispense médicale d’un mois, épuisée depuis novembre passé. Costume sombre, chemise claire, cheveux grisonnants, lunettes bien ajustées, voix placide, le prévenu dans l’affaire d’enrichissement illicite et de corruption a tenu le choc. Souvent présent à l’audience depuis son retour, il a finalement comparu hier.

Sa déposition devant la Cour avait par moments des relents de réquisitoire, mais la plupart du temps où il a parlé, ce fut des dénégations apportées point par point aux charges des témoins sur les opérations frauduleuses dont ses sociétés font l’objet. Les témoignages en son absence étaient tellement nombreux qu’une bonne partie de la matinée d’hier s’est résumée en un monologue du prévenu aux forts accents de réquisitoire.

CONSTITUTION AHS

‘‘Je ne comprends pas l’acharnement des personnes dans le mensonge’’

Le prévenu a profité d’un temps de parole conséquent pour nier tous les témoignages accablants depuis son absence médicale. C’est naturellement la société Aviation Handling services (Ahs) qui a été l’épicentre de sa déposition. Constitution camouflée, siphonage des comptes, relations avec le groupe Menzies, concurrence déloyale envers Shs…, Ibrahim Aboukhalil a apporté sa version des faits infirmant ou confirmant les dires de quelques déposants. Le principal intéressé a bien confirmé la création par procuration de la société. Les noms de Paul Sarr, Madeleine Sarr et Jerry Guerdhian figurent dans les actes constitutifs de la société.

‘‘Dès le départ, j’ai demandé à Paul s’il acceptait de constituer la société étant donné qu’elle était non opérationnelle à ce stade. On avait créé une coquille d’attente pour des raisons de confidentialité. En attendant de voir si ça évolue, il me recéderait. Il a effectivement signé un acte de cession au moment de me céder les actions’’ a-t-il déclaré. Un actionnariat déguisé et une structuration de Ahs dont le motif ou les sociétés objet de poursuites, n’a été fait pour une quelconque simulation ou évasion fiscale, ‘‘Ce sont des sociétés de droit local, elles paient des impôts, des taxes sur les dividendes’’.

Des déclarations qui contrastent fortement d’avec celles de la notaire Patricia Lake Diop. Le prévenu a botté en touche tout lien entre les différentes stations. ‘‘Ahs Dakar n’est pas à l’origine du développement des autres, il n’y aucun lien capitaliste avec les autres sociétés’’. Les variations importantes dans les déclarations de la notaire Patricia Lake Diop et d’autres témoins liant Karim Wade à la constitution de Ahs ont écœuré Bibo ‘‘Je ne comprends pas l’acharnement des personnes dans le mensonge’’, a-t-il déclaré.

La notaire avait fait état des bureaux de Karim Wade à Tamaro pour l’augmentation du capital de Ahs, alors que l’immeuble n’était pas construit à cette époque, selon le prévenu. Le prévenu s’est ensuite appesanti sur les rapports ambigus entre le holding Menzies et Ahs. Menzies est le deuxième opérateur mondial en matière de Handling présent dans 160 pays, selon le prévenu. Menzies Afrique est devenu Menzies Middle East and Africa (MMEA).

 Le trio Ibrahim Aboukhalil, Karim Aboukhalil et Pape Mamadou Pouye détenaient, jusqu’au changement de dénomination, 50 %, 40 % et 10 % respectivement. Ahs Sénégal, dont MMEA est la société-mère, est détenue à 99,9 % … par le même trio contre 0,01 % à Ahs international. Ce qui a causé l’étonnement du juge Henri Grégoire Diop. ‘‘Pourquoi les filiales s’appellent Ahs ?’’ demande-t-il. ‘‘C’est simple. Nous avons un accord stratégique avec le groupe Menzies qui fait de nous le partenaire au Moyen-Orient et en Afrique. Au début ils n’ont pas voulu entrer dans le capital de la société. Donc il nous fallait créer notre propre identité pour nous protéger au cas où Menzies allait se retirer’’, rétorque Ibrahim Aboukhalil.

ABS Sa

‘‘ Je n’ai jamais été actionnaire dans cette société’’

‘‘Quand je dis qu’une société m’appartient, on me dit que je suis un prête-nom et quand je dis qu’elle ne m’appartient pas, on veut me l’attribuer’’. La boutade d’Ibrahim Aboukhalil traduit son désarroi à force de reniements. Il a nié jusqu’à la dernière énergie toute implications dans la société Airport bus services (Abs).

‘‘Je n’ai jamais été un actionnaire de cette société. Elle appartient à Alioune Samba Diassé qui était venu en 2002 pour me demander de l’accompagner dans le capital de cette société. Je lui ai dit que cela ne m’intéressait pas’’, poursuit-il. Selon lui, M. Diassé avait signé un accord d’exclusivité avec Contract Cobus assorti à un contrat de performance concernant la commercialisation des bus de piste. C’est à ce titre que son ancien employé lui avait demandé de l’aide.

 ‘‘Ce que M. Diassé subit, c’est parce qu’il a travaillé avec moi dans le passé et rien d’autre’’, lance le prévenu.

1 COMMENTAIRE

  1. Une nouvelle journée d’audience au Palais de Justice dans le cadre du procès de Karim Wade et ses co-inculpés poursuivis pour enrichissement illicite. Pour ce jeudi, la Cour s’intéresse aux comptes de Monaco. Le président Henry Grégoire Diop demande au prévenu : «Pourquoi le choix de la banque Julius Baer ? ». Sur ce point, Bibo Bourgi de dire que sa famille et lui-même travaillaient à Monaco depuis 25 ans. «Il n’y a jamais eu une transaction et flux financier entre Karim et les comptes dont je suis bénéficiaire économique », rétorque l’homme d’affaire qui indique qu’il ne peut pas parler au nom de Wade-fils. «Il faudrait lui demander pourquoi il a ouvert un compte là-bas », sert le prévenu. Le président de réagir en souriant: «Nous l’interrogerons ». Bibo Bourgi reconnait qu’il y a « plusieurs comptes » mais « un seul en son nom », les autres étant « des comptes de sociétés ». Tout au plus «une vingtaine », assure le Sénégalo-franco-libanais.

    Des comptes par ailleurs alimentés par des «revenus des activités des sociétés à l’étranger ». Ainsi, souligne le prévenu : «Les comptes relatifs au Groupe Menzies sont alimentés par des activités des sociétés du Groupe AHS,… ». Sur ce point, Bibo Bourgi se veut formel : «L’expert n’a pas bien fait son travail » dans le décompte des comptes. Selon lui, l’expertise fait état d’une trentaine de comptes alors qu’il y en a une vingtaine.

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