Que Dieu aide la tanière à ne pas s’injecter de mauvaise came ! Par Cheikh-Mbacké SENE, consultant (ancien journaliste sportif)

Date:

Depuis 2 ans, les autorités politiques et footballistiques se sont évertuées à remettre le football sénégalais sur les bons rails.  Leur détermination et leur bon sens ont aidé tout le peuple sénégalais à réussir le dépassement des douloureux errements infligés depuis 2003. L’on peut déjà se réjouir de voir les sélections nationales  reprendre du poil de la bête et tenter de relever tant soit peu leur tête de l’eau.  Le Sénégal entier est conscient que tourner la page sous-entend à priori annihiler les clans qui phagocytaient la tanière et dont l’un des plus illustres activistes était El Hadji Ousseynou Diouf. S’il est incontestable que Diouf est l’un des joueurs les plus brillants de sa génération, force est de reconnaître aussi qu’il est l’un des plus controversés de l’histoire du football africain. L’illustre Président El Hadji Malick Sy «Souris» a certes remis en selle la «sélectionnabilité» de Diouf, mais il conviendrait avec tout le monde qu’un homme ou un pays qui avance, c’est celui qui médite de ses erreurs et impairs. Et puis Amara Traoré ne prendra pas le risque de foutre en l’air la bonne santé (mais encore fragile) de la tanière en l’y injectant un liquide qui a fait rage partout où il a coulé. Il faut choisir entre l’intérêt de Diouf ou celui du Sénégal. Le 19 mai 1996, Aimé Jacquet avait  débouté Eric Cantona, alors vedette de Manchester United, auteur du doublé championnat-Coupe d’Angleterre avec son club et héros en Angleterre. Les arguments mis en avant étaient plus liés au comportement qu’au talent. Cela avait divisé la France jusqu’au soir du 12 juillet 1998. Eric Cantona alias «The king » était pourtant au summum de son art, comparé à Diouf d’aujourd’hui en proie à la sénilité. On ne change pas le comportement et les mauvaises habitudes d’un garçon de 30 ans (en âge avancé pour le football). D’autant qu’il faut se rendre à l’évidence que depuis quelques années, Diouf n’est plus ce 7ème joueur mondial, leader d’un groupe de guerriers tombés les armes à la main un 12 juin 2002.

Autant il a perdu de son talent, il se voit – semble-t-il – dans le besoin de  combler ses  «nouveaux déficits » (physique et vivacité) par l’érection de clans au sein de la tanière doublée d’un verbe acerbe. Ce qui n’est pas nouveau. Seulement ce qu’on qualifiait de langue de bois ou de maladresse de jeunesse n’est plus considéré comme tel venant de la bouche d’un football au crépuscule de sa carrière, et dont le talent n’aura en fait servi que sa propre personne et non au Sénégal. Le constat est très amer pour un pays qui, depuis la création de la fédération de football en 1963,  n’a jamais pu s’offrir le trophée continental là où certaines autres nations l’ont brandi trois, quatre voire cinq fois. C’est d’autant plus douloureux quand on se rend à l’évidence qu’on a véritablement eu les moyens. Qu’est-ce que cette brillante génération 2002 a gagné pour le pays ? Si ce n’est que quelques crédits éphémères, des souvenirs plein la tête et des regrets. Mais est-ce suffisant ? Et ne me parlez point de malchance lors de ce fameux soir du 10 février 2002 au stade du 26 mars de Bamako.  Si Diouf avait fermé sa gueule, le peuple malien aurait été dans la poche des Lions, le Cameroun se serait senti étranger et seul dans ce temple à Bamako et le Sénégal serait rentré avec une étoile continentale. Ni  Tunisie 2004, ni Egypte 2006 ou Ghana 2008 et encore moins Angola 2010 n’ont été prises véritablement comme des options de prise de conscience et de rachat, aussi bien par les nombreux et talentueux joueurs qui ont valsé ces six dernières années que par les dirigeants. On peut sans hypocrisie éprouver de la fierté pour lui par rapport à ses deux titres de ballon d’or africain et de sa 7ème place à la coupe du monde 2002, mais pas autant qu’on a été dessus du bilan de son passage en sélection. D’aucuns me diront qu’il n’est pas le seul. Mais force est de constater qu’on craint aujourd’hui plus son retour qu’on ne le souhaite. Les désillusions ont été trop lourdes à supporter,  le malaise tellement barbare que nous avons peur de nous en remettre au prétexte de nourrir de faux espoirs. Si on doit s’accrocher à cette équipe à laquelle nous sommes malgré tout consubstantielle, autant ne plus le faire avec la passivité légendaire, mais avec une circonspection agaçante et à la limite de l’insolence. On préfère une équipe au talent modeste, mais avec un engagement sans reproche, un patriotisme et une considération implaccable du maillot national, qu’un chapelet d’émeraudes conçues en bine-bine pour des soirées Taneber (sabar) au Thiossane. Certains joueurs et dirigeants peuvent être pires qu’une mauvaise came. Que l’entraîneur et les dirigeants ne cèdent à aucune pression subjective ! Que Dieu leur accord la clairvoyance et les guide dans la voie du succès, celle qu’ils sont en train d’arpenter aujourd’hui.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE