Siffler la fin de la baronnie Par Abdoulaye Ndiaga SYLLA

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Plus que deux semaines et l’Afrique du football accueillera deux derbies. L’un sur la pelouse avec un Côte d’Ivoire – Sénégal, manche aller du dernier tour qualificatif à la Can 2013 prévu en Afrique du sud. L’autre dans un palace des Seychelles où va se tenir un congrès extraordinaire de la Confédération africaine de football (Caf). Rencontres capitales avec, comme enjeux, une place au prochain tournoi final de la Can, l’élection-reconduction du président de la Caf ou une dévolution du pouvoir à un fidèle après vingt cinq ans de gouvernance Hayatou.

Dans l’attente de la confrontation « Eléphants » de Côte d’Ivoire – «Lions » du Sénégal, attardons nous un peu sur la partie qui va se jouer aux Seychelles le 03 septembre à l’occasion du congrès extraordinaire. Au centre, la proposition de modification des statuts émise par la Fédération algérienne de football et ainsi libellée « Tout candidat aux élections à la présidence de la Caf, outre les compétences nécessaires, devra être ou avoir été membre du comité exécutif de la Caf ».

Adoptée sans aucun amendement, cette disposition va non seulement mettre en position hors jeu des candidats de la trempe de Jacques Anouma, ancien président de la Fédération ivoirienne de football, mais permettre de réélire comme dans un fauteuil, Issa Hayatou ou choisir un des ses proches. Le changement attendu dans la gouvernance de la Caf sera alors différé. Les représentants des fédérations laisseront-ils faire ? Vont-ils continuer à accepter le diktat d’un groupe ? Si tel devrait être le cas, l’organisation faitière du football africain continuera alors de faire dans l’immobilisme en perpétuant des pratiques qui ont permis l’accaparement du pouvoir dans le sport par des groupes. Du comité olympique international (Cio) à la Fédération internationale de football association (Fifa), de l’Union européenne de football (Uefa), avant l’élection de Michel Platini à la Confédération africaine de football (Caf), une Nomenklatura continue de prospérer. Le sport à l’échelle du monde et des continents s’est longtemps refusé au renouvellement des élites.

Comme dans le microsome politique avant la décennie 90 en Afrique, des baronnies se sont constituées pour faire barrage à toute volonté d’apporter du sang neuf. Il en fut ainsi avec le Brésilien Joao Havelange à la tête de la Fédération internationale de football association (Fifa) pendant vingt quatre ans , du Suédois Lennart Johansson, président de l’Union des fédérations européennes de football (Uefa) de 1990 à 2007, de Juan Antonio Samaranch, mort en 2010, qui fut président du Comité international olympique(Cio) de 1980 à 2001. Joseph Blatter, installé à la tête de la Fifa depuis 1998, n’est pas loin d’en prendre le chemin. En Afrique, les vingt cinq ans de gouvernance Hayatou ont fini par exaspérer nombre de fédérations, d’acteurs du football.

A la traine de l’Uefa dont elle copie les modèles pour tenter, sans succès de les greffer à la réalité d’un continent largué depuis des lustres à la périphérie de la planète football, la Caf a fini d’étaler ces limites. Elle gère des compétitions mais ne se préoccupe pas d’avenir, n’impulse pas le développement de l’activité. Le rêve enfin réalisé de l’organisation de la Coupe du monde suffit au bonheur de ces dirigeants incapables de tirer le football vers le haut, là ou des promoteurs privés tentent des expériences porteuses d’espoir, L’Afrique a pourtant toutes les potentialités pour changer le cours du football mondial, pas seulement en s’appuyant sur des joueurs au talent et au professionnalisme reconnus sur toutes les places fortes du sport-roi. Elle compte en effet parmi ces fils des dirigeants de grande valeur qui se sont illustrés dans leur pays comme à l’étranger dans les staffs des équipes, fédérations et ligues. Il suffit, comme c’est le cas dans les autres confédérations de permettre à ces compétences de changer la donne.

C’est un autre type de management qu’appelle la gestion du football en Afrique. Si dans d’autres secteurs des efforts soutenus ont été déployés pour modifier les termes d’un échange encore inégal, dans la sphère du ballon rond, le continent marque plus souvent contre son camp, faute d’une vision plus volontariste dans la gouvernance du sport le plus populaire. Peut-il en être autrement si la phobie du changement conduit à multiplier les fautes sans écoper la moindre sanction ?

Les rares voix discordantes sont étouffées par un groupe de dirigeants déterminés à ne céder aucun pouce de terrain. Non contents de marginaliser certains cadres, de fermer la porte du Comité exécutif de la Caf à tout porteur d’idées novatrices, ils multiplient les actes d’antijeu. Ce tour de force aux Seychelles sera la dernière faute non sifflée de cette équipe pouvant tout se permettre puisque la Fifa qui devait jouer les arbitres se complait dans un silence compromettant.

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