Sont-ils vraiment fiers de leur victoire ? Par Mody Niang

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Le président-politicien et son clan ont gagné. Quarante deux départements sur quarante cinq sont tombés dans leur besace. Partout, ils manifestent bruyamment leur succès. Ce succès est cependant entaché, fortement entaché, tout au long du processus qui a conduit au scrutin du 30 juillet 2017. Il faut d’abord pointer vigoureusement du doigt la décision du président-politicien de faire confectionner des cartes d’identité biométriques, à moins d’un an des élections législatives. De nombreux compatriotes ont exprimé alors leur doute quant à la possibilitè de faire confectionner six millions de cartes et de les distribuer à temps. Rien n’y fit : son ministre de l’Intérieur prend solennement et publiquement l’engagement que les cartes seront confectionnées et distribuées avant le 30 juin 2017 On connaît la suite : à cinq ou six jours du scrutin, ce n’est plus possible ; on ne peut pas imprimer plus de 70 % des cartes. Le président politicien – toujours lui – décide de saisir ses sept « sages » dont pratiquement tout le monde savait que leur avis-décision irait dans le sens souhaité par celui à qui ils doivent leur nomination et leurs énormes privilèges. Rappelons que, pour leurs seuls salaires cumulés, ils nous coùtent 35 millions de francs CFA par mois. Presque pour rien. Tout au moins, pour donner leurs avis-décisions qui vont toujours dans la direction indiquée par le tenant du décret qui nomme. Trois seulement y suffiraient. Le président-politicien demandait qu’il soit donné aux compatriotes qui n’ont pas reçu leurs cartes, de voter sur la base de leurs certificats d’inscription sur les listes électorales, appuyés d’un document d’identification (bien précisé). A la pratique, ils ont été confrontés à d’énormes difficultés et nombre d’entre eux n’ont pas pu voter. D’autres, également très nombreux, qui se sont inscrtits pour la première fois sur les listes électorales, n’ont pas pu voter, dans leur ècrasante majorité, faute de piéces d’identification. C’est donc un premier échec du président-politicien, de son très dévoué ministre de l’intérieur et de tous ses collaborateurs. L’échec est plus cuisant encore si on considère que les cartes biométriques ont été confectionnées par des Malaisiens sans visage, sur la base d’un marché de gré à gré de 50 milliards de francs CFA. Les bénéficiaires de substantielles rétrocommissions exceptés, aucun Sénégalais ne croira que tous les 50 milliards ont franchi les frontières
nationales ou, tout au moins, même s’ils les ont franchies, n’ont pas tous atterris en Malaisie. Une bonne partie a sùrement pris la direction des paradis fiscaux.
S’ajoute à notre amertume, la très mauvaise organisation des élections sur laquelle on n’a vraiment pas besoin d’insister. Elle met à nu l’incompétence notoire du très partisan ministre de l’intérieur et de ses collaborateurs. Dans tout pays démocratique qui se respecte, ils seraient tous balayés. Ils n’auraient pas d’ailleurs attendu d’être balayés : ils auraient pris leurs responsabilités et démissionné.
La Commission électorale nationale autonome (CÉNA) et une partie de l’administration territoriale ne sont pas sorties indemnes du cahos électoral du 30 juillet 2017.
Ce scrutin a aussi été gravement entaché par l’achat des consciences. C’était un secret de polichinelle : Macky Sall et son clan ont déversé énormément d’argent sur l’ensemble du territoire national. Le président-politicien a utilisé à fond ses « fonds spéciaux », et pas seulement d’ailleurs. Pendant plusieurs mois, et principalement à quelques encablures du scrutin du 30 juillet, il a débauché sans état d’âme, n’épargnant même pas, en pleine campagne électorale, des investis sur des listes électorales. Les honteux débauchages se sont toujours concrétisés par des audiences accordées aux traitres, aux indignes accompagnés de fortes délégations dirigées par les rabatteurs qui les ont « convaincus ». On sait comment se terminent ces honteuses audiences qui ont dévoyé la vocation de la présidence de la République.
Le président-politicien ayant montré la voie et donné l’exemple, les respondables de son parti et de sa coalition se sont lancés, eux aussi, dans le détestable achat de conscience. Les plus en vue, ce sont incontestablement le Directeur général du Port autonome de Dakar et le Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan. Le premier se comporte comme un distributeur automatique de billets de banque. Il utilise souvent les services d’un député – oui, d’un député – pour distribuer des millions sur toute l’étendue du territoire national. Il finance jusqu’à des mobilisations pour réserver des accueils exceptionnels au président-politicien en déplacement dans les pays de la Sous-région. Et on trouve, dans son entourage, de vulgaires courtisans qui s’acharnent à nous convaincre que c’est son argent qu’il distribue. Quand a-t-il commencé à en distribuer ? Qui peut citer une seule personne, une seule association ou un seul mouvement à qui il distribuait aussi facilement des millions avant le 2 avril 2012 ? Jusqu’à preuve du contraire, c’est l’argent public, notre argent qu’il distribue, avec la large bénédiction du président-politicien.
Son jumeau, le miniistre de l’Economie et des Finances n »est pas en reste, bien loin de là. Il s’est surtout signalé depuis que le président-politicien l’a désigné comme tête de liste des candidats-députés du Département de Dakar, avec pour instruction de « gagner » ou de « périr ». S’il a porté son choix sur ce monsieur, ce n’est point qu’il soit meilleur que les autres, qu’il soit plus vertueux. Il en est très, très loin. Nous sommes un petit pays où nous nous connaissons pratiquement tous. Nous rappelons que ce cheval du président-politicien a été Directeur général des Impôts et Domaines pendant plusieurs années. Personnellement, j’ai beaucoup lu sur lui, beaucoup appris, beaucoup entendu. On dit de lui qu’il est immensément riche, peut-être plus que son homologue jusqu’au 25 mars 2012. On le rapprocherait d’une certaine communauté dont Dakar-Plateau serait une chasse gardée. On comprend donc pourquoi l’ héritier de Wade en a fait son cheval de bataille pour la reconquête de Dakar. On se rappelle que ce dernier disait de nous que « nous avons du mal à nous souvenir de notre dîner de la veille et que nous ne croyons qu’à l’argent et aux honneurs ». Ce n’est pas tout à fait faux et l’héritier a bien retenu la leçon du maître et en administre la preuve depuis plusieurs mois. Le cheval de bataille a pleinement joué son rôle puisqu’il en a largement les moyens. Il a déversé sur Dakar et principalement sur les Parcelles Assainies beaucoup, beaucoup d’argent, l’argent public. En tout cas, c’est ce qu’on dit dans tout Dakar. Cet argent, notre argent, a été déterminant dans la reconquête de Dakar et dans de nombreuses autres victoires de la mouvance présidentielle.
Ces deux mousquetaires sont d’ailleurs loin d’être seuls dans l’achat des consciences. Il y en a bien d’autres, dans toutes les régions, peut-être plus discrets et qui pèsent sûrement moins lourds.
Les limites que voilà et bien d’autres encore relativisent la victoire du président-politicien et sa bruyante coalition. En particulier, le pourtcentage qu’ils auraient obtenu (47 à 48 %) devrait tempérer un peu plus leur ardeur. En cinq ans, Ils auraient donc perdu 17 à 18 points. Ce qui n’est pas rien et devrait les inciter à réfléchir. Mais ils n’en ont cure. Le président-politicien croit fermement à l’efficacité de l’argent et à celle de la politique politicienne. Aucune chance donc que les élections catastrophiques du 30 juillet soient objectivement évaluées pour situer correctement les imperfections et les corriger. Ils ne sont pas capables d’introspection et maintiendront probablement le cap de leur très mauvaise pratique gouvernementale. Et ce sera la porte ouverte à tous les abus et nos finances publiques en prendront un sacré coup. Les mauvais exemples du président-politicien et de ses deux chevaux de bataille inspireront de nombreux autres gestionnaires de deniers publics qui en useront et en abuseront. Ils seront d’autant plus fondés à le faire qu’ils ne craidront aucun contrôle. Ils savent surtout que, même en cas de contrôle, ceux qui seront épinglés seront pris sous l’aile protectrice de leur mentor. Nombre de leurs camarables ont des dossiers qui dorment au Parquet et à la Présidence de la République, Des dossiers bien plus lourds que celui qui maintient le Maire de Dakar en prison.

Mody Niang

24 Commentaires

  1. Excellent texte grand mais non, il n’est pas l’héritier de Wade sinon le pire des héritiers, le plus nul..et le plus mackyavélque.. bon exécutant piètre dirigeant…
    Que dieu sauve ce pays

  2. Lopposition avait la chance de le mettre dans une boite en 2017 et en finir avec sa mediocrite pour de bon en 2019 et lenvoyer en prison pour longtemps apres les conclusions des commissions denquete. Il fallait juste sunir et aller ensemble durant les legislatives. Ils lont pas fait

  3. Jacob bats-toi dans la vie travaille innove etc…Fais quelque chose pour ton pays et non le contraire. Au.lieu de nous les mettre avec ta haine enVers le President. On s en fiche grave. Nous cuisinons tous avec de l eau!Crois en toi. Les elections ne se gagnent pas a Dakar a parler. C est fini. Au boulot. ..

  4. Il faudra qu’un jour ce monsieur à la haine tenace nous dise ce qui l’oppose personnellement à Wade?
    malgré le temps et les éclairages , il continue à voyer aux gémonies Wade et sa famille sans aucune preuve de ses allégations. Si c’est sa manière de se montrer impartial , il manque de probité intellectuelle.
    Pour sa gouverne , Wade n’a pas été sanctionné pour défaut de réalisation et de malversations, on parle plutôt d’arrogance. Alors monsieur , arrêter votre circle

  5. De la fraude numérique à l’opposition physique au vote.

    Des élections locales à celles d’aujourd’hui, toutes élections sous le règne de Macky Sall ont été chacune plus catastrophiques que la précédente. Les élections locales de 2014 ont été celles où des juges ont été ceux qui ont nommé des maires APRistes à la place des électeurs. Un militant de l’APR qui a siégé dans les bureaux de vote, pour le compte de son parti m’a avoué: « Nous avons volé la victoire à Louga, nous avons volé la victoire à St Louis; et lorsque nous avons voulu la voler à Podor, Aïssata Tall Sall s’est mise à hurler comme une chèvre qu’on s’apprête à égorger; nous avons laissé tomber ». Les sénégalais se souviennent du déversement de camps entiers de police dans la ville de St Louis, pour permettre à un juge de donner un résultat contraire à ce que les citoyens de la ville ont voté.
    Le référendum de 2016, malgré la duperie de tout un peuple par la traduction en 8 langues nationales de 15 points qui ne seront jamais voté, le vote de 23 points qui avaient été cachés à ceux qui vont les voter, il a nécessité l’ajout de 1213 bureaux de vote fictifs pour que le pouvoir de Macky Sall puisse avoir ses titres de victoire dans la presse.
    Et ces dernières élections ont été les plus catastrophiques de toutes celles que Macky Sall eut à organiser. On avait connu, dans les années 70, des disparitions d’urnes, des bulletins de vote dans leurs enveloppes jetés dans les rues. Mais dés les années 90, le régime socialiste s’assagit. Le dernier cas célèbre sous leur règne fut celui de la célèbre dame Ndeye Kh. N. Arrêtée avec une grande quantité de cartes d’identité, à l’école Manguiers, lors d’un jour de vote.
    Après cela, le Sénégal finit par croire qu’il avait évolué, et qu’il ne fera, désormais, qu’avancer dans le sens de la bonne démocratie, de la bonne organisation d’élections fiables et transparentes. C’était sans compter avec l’arrivée d’un Macky Sall à la tête de ce pays. Victoires volées, bureaux fictifs, rétentions de cartes d’électeurs, distributions sélectives aux militants, corruptions, achats de vote, disparitions de centre de vote, privation de vote de villes entières, rétention de bulletins de vote de ceux dont on redoute la victoire dans une ville donnée, Macky Sall a usé de toutes ces méthodes durant les 3 votes qu’il eut à organiser. Et, malheureusement pour lui, le tout filmé, photographié, enregistré. Lui, il continue de compter sur ses médias, et d’ajouter, à chaque élection, une ficelle de plus que lors de la précédente.
    Il y a une lecture à faire de ces déroulements d’élections, depuis 3 fois. C’est qu’après chaque élections, Macky comprend qu’il s’en est « tiré » de peu malgré la ficelle anti-démocratique dont il a fait usage. Ce qui le pousse à renforcer elle ficelle et à utiliser d’autres lors de l’élections suivantes. La conséquence en est qu’une ficelle peut n’être vue que par certains. Et si ces derniers en parlent, la horde de Macky et sa presse seront lancées pour les traiter de marginaux qui inventent. Mais lorsque Macky se retrouve obligé d’utiliser une, deux, trois,…. huit grosses ficelles, ce ne sont plus les « marginaux » qui les voient, c’est le peuple entier qui s’en rend compte.
    Et c’est là toute la défaite de Macky Sall dans ces élections législatives. On pouvait passer pour un marginal quand on parlait de la disparition de 50 bureaux de vote dans Touba lors du référendum. Aujourd’hui aucun sénégalais n’ignore que les électeurs de 93 bureaux de vote dans Touba ne se sont pas exprimés. Et e n’est pas un hasard que ce soit chaque fois Touba, où Macky n’arrive pas à gagner depuis qu’il est au pouvoir. Et ce n’est pas aussi un hasard que Dagana manque de bulletins de celui qui a toujours gagné Dagana et que Macky veut détrôner e cette ville.
    Par ces élections législatives, ce sont des milliers de sénégalais qui voient, entendent et comprennent. Ce sont des milliers de sénégalais qui s’ajoutent aux anciens « marginaux ». Et ce sont des choses qu’on comprend une bonne fois pour toute, et de façon irréversible. Et il faudra à Macky, plus que des grosses ficelles, des cordes de bateaux pour ses prochaines fraudes. Chaque lendemain devient donc plus invivable pour Macky que la veille. Cette vérité est aussi visible lorsqu’on observe bien les gens du Macky. Aucune « victoire » (elles le sont uniquement dans les médias) du Macky n’a été suivie d’un lendemain de joie des APRistes. Parce qu’il y a la « victoire » dans les médias, mais il y a la vraie réalité que ces APRistes ont vécu. On ne peut frauder de sa propre main, et éclater de joie en criant victoire, sincèrement. Le don d’acteur n’est pas donné à n’importe qui. Toutes les « victoires de l’APR, depuis 2014, sont suivi d’une gueule de bois. Un problème de conscience empêche d’afficher une quelconque joie. Quelque soit le niveau « politique » atteint par le sénégalais, un fond religieux restera latent. Quelque soit la quantité d’argent déversée sur ce sénégalais pour qu’il accepte de frauder, de mentir, elle sera difficilement suffisante pour lui effacer le sentiment de culpabilité.
    Récapitulons. A la première élection (sous Macky): vol de victoire, quadrillage de villes par la police, encadrement de juge pour légitimer la victoire volée. Deuxième « élection » (référendum): tromperie du peuple, corruption, achat de vote, suppression de centres de vote de zones non favorables, ajout de 1213 bureaux de vote fictifs. Cette fois le peuple s’habitue à filmer, photographier enregistrer, les preuves. Troisième élection sous Macky: mascarade d’inscription, rétention de cartes électorales, mauvaise organisation volontairement privant l’opposition de ses bulletins, instrumentalisation du CC pour valider un model de vote sujet à fraude, augmentation des centres de vote supprimés en zone non favorable, corruption, achat de votes. Et le tout filmé, photographié par le peuple. Et ce peuple comprend de plus en plus. Les « marginaux » ne sont plus isolés.
    A chaque fois, Macky est obligé de faire plus que la précédente, en matière de viol des élections, pour s’en sortir. A chaque fois, la masse de milliards nécessaire pour la corruption augmente. Bientôt le budget du Sénégal ne suffira pas pour la nécessaire corruption. La fraude nécessaire ne peut plus être cachée. Et notez que nous n’en sommes qu’à 5 ans de Macky Sall. Et pourtant, il est convaincu de ne pouvoir faire passer par la légalité.

  6. CE MONSIEUR DOIT SE TAIRE. DÉS LORS QU’IL ETAIT DANS UNE LISTE COMME CANDIDAT IL NE DOIT PLUS SE PRÉVALOIR DU TITRE DE CHRONIQUEUR INDEPENDANT.
    IL NOUS POMPE L’AIR A LA FIN

  7. A lire les reactions de 2 a 5, on comprend pourquoi le Sénégal est un pays pauvre et pourquoi il le restera longtemps. Sénégal dou dem, on se fatigue rek. La seule chose qui marche dans ce pays c’est le saccage des deniers publiques.

  8. Plutôt que de ruminer, et critique avec rancœur et mauvaise foi,cultivons l’élégance, le fairplay et la probité intellectuelle de féliciter nos adversaires amicalement et fraternellement après les débats oraux préélectoraux et la décision issue des urnes. Cela fait aussi partie des règles et préséances démocratiques

  9. Le chien aboie ,la caravane passe.Macky et son equipe travaille pour sortir le senegal de la pauvrete
    Ces malheureux opposants,assoiffes de pouvoir veulent piller le pays
    Les senegalais ne sont pas dupes ,ils ont choisit la bonne voie celle du camp presidentiel

  10. Finalement ce vieux Mody est très difficile a satisfaire, il a été contre les présidents Senghor, Diouf, Wade, et aujourd hui Sall, certainement il s’oppose par anticipation au futur président du Sénégal.

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