Tchad – Des agents de l’appareil repressif du régime Habré condamnés

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XALIMA NEWS – Vingt agents de l’appareil répressif du régime de Hissène Habré (1982-1990) ont été condamnés, hier 25 mars au Tchad où ils étaient jugés pour meurtres, tortures, enlèvements, détentions arbitraires, coups et blessures et actes de barbarie après qu’une plainte avait été déposée par des survivants en 2000 au Tchad. Beaucoup parmi les accusés occupaient des postes clés de l’administration tchadienne jusqu’à leur arrestation en 2013-2014. Cinq accusés ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité.  Parmi les personnes condamnées à perpétuité figurent Saleh Younous, ancien directeur de la Direction de la documentation et de la Sécurité (DDS), la police politique de Habré, et Mahamat Djibrine dit « El-Djonto » qui était, selon la Commission nationale d’enquête de 1992, l’un des « tortionnaires les plus redoutés » du Tchad.

Ils étaient également visés par les Chambres africaines extraordinaires basées à Dakar, mais les autorités tchadiennes avaient refusé de les transférer. Parmi les condamnés figurent aussi Nodjigoto Haunan, ancien directeur de la Sûreté nationale, mis en cause dans la répression contre les membres de l’ethnie Zaghawa et Khalil Djibrine, ancien chef de service de la DDS dans le sud du Tchad en 1983-1984. La Cour criminelle a acquitté quatre des inculpés et a reconnu civilement responsable l’État tchadien. Les condamnés et l’État devront verser 75 milliards de francs CFA (environ 125 millions de dollars ou 114 millions d’euros) en réparation aux 7 000 parties civiles.  La moitié de cette somme doit être payée par la vente des biens des personnes condamnées et l’autre moitié doit être payée par l’Etat tchadien, déclaré civilement responsable.

La Cour a également ordonné que le gouvernement édifie un monument pour les victimes du régime Habré et que l’ancien siège de la Dds soit transformé en musée. Ces deux mesures faisaient partie des revendications de longues dates des associations de victimes. «Vingt-quatre ans après la fin de la dictature de Habré, et 14 ans après que les survivants aient déposé leur plainte, le verdict d’aujourd’hui et l’ordre de réparation sont des victoires éclatantes pour les victimes de Hissène Habré. (Cela) constitue  non seulement un hommage à la persévérance et à la ténacité des victimes, mais aussi un événement notable dans un pays ou les atrocités restent trop souvent  impunies», a déclaré Reed Brody, conseiller juridique à Human Rights Watch qui travaille auprès des victimes depuis 1999 et qui a assisté au procès.

«Enfin, enfin, les hommes qui nous ont brutalisés et qui ont ri de nous pendant des décennies ont eu ce qu’ils méritaient » a déclaré Clément Abaifouta, président de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré (Avcrhh), qui en tant que prisonnier sous le régime de Habré a été forcé de creuser des charniers et d’enterrer de nombreux codétenus. Il faut noter que le procès au Tchad se termine au moment où les Chambres africaines extraordinaires, une juridiction spéciale créée par l’Union africaine et par le Sunugaal au sein de la Cour d’appel de Ndakaaru organisent les audiences pour le procès de Hissène Habré. Ce tribunal a inculpé et arrêté Habré en juillet 2013 et le 13 février 2015, quatre juges d’instruction ont conclu qu’il y avait suffisamment de preuves pour que Habré soit jugé. Le procès devrait commencer dans quelques mois au Sunugaal.

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