Témoignage de Khadija Hassan Zidane : «Habré a abusé de moi à 4 reprises»

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La dame Khadija Hassan Zidane n’a pas mis de gangs hier lors de sa déposition devant la Cour d’assises des Chambres africaines extraordinaires (Cae). Ce témoin victime a accusé nommément l’ancien Président du Tchad d’avoir abusé d’elle à quatre reprises à la Présidence où elle était détenue. En plus des viols qu’elle aurait aussi subis de la part des soldats, elle avait fait, selon elle, l’objet de tortures de même que les membres de sa famille. Avant de recouvrer la liberté au bout de 3 ans et 15 jours.

Après plus de 25 ans, le temps n’a pas effacé les mauvais traitements subis sous le régime de Habré. Comparaissant hier devant la Cour d’assises des Chambres africaines extraordinaires à titre de victime et de témoin, la dame Khadija Hassan Zidane est revenue de manière détaillée et précise sur ce que Habré et ses hommes lui auraient fait vivre. Cette ménagère de teint clair, emmitouflée dans un foulard noir assorti d’une autre couleur rouge, n’a pas été avare en paroles.
Très loquace dans ses révélations, elle a laissé pantois la salle d’audience. Car depuis le début du procès, elle est la première à accuser directement Hissein Habré de viol. «Quand ils m’ont arrêtée, les soldats m’ont conduite à la Présidence. Ils m’ont mise dans une petite cellule à côté du fleuve. Ils m’ont introduite un tuyau et m’ont fait ingurgiter l’eau jusqu’à ce que je perde conscience. Ils me l’ont fait trois fois. Après l’ingurgitation, ils sont venus nous prendre de nuit et sans mon consentement, ils ont couché avec moi. Le premier jour, c’était le Président qui m’a violée», dit-elle en jurant sur tous les saints. Khadija Hassan Zidane ajoute en étant plus précise : «Il a couché avec moi au moins 4 fois. Il le faisait dans le salon où on avait mis les Libyens.»
Des révélations accompagnées d’un bruit sourd de l’assistance qui n’en croyait pas à ses oreilles. Pourtant, le témoin très pudique avait parlé de cet épisode malheureux de sa vie de manière latente. «Je ne sais pas si je suis une femme mariée ou une prostituée», a-t-elle dit. Mais le Parquet général, qui tenait à ce qu’elle crève l’abcès, l’a invitée à être plus explicite. Et Khadija Hassan de marteler qu’elle a été bel et bien violée par l’ancien Président du Tchad.
Après trois mois et 15 jours passés en prison lors de sa première détention, elle a été, indique-t-elle, arrêtée une seconde fois le même jour dans la soirée après sa libération par la bande à «El Djonto». Une arrestation qui coïncidait avec la fête de l’idéal. Khadija Hassan Zidane était ainsi loin d’être au bout de ses peines. Conduite à la Dds lors de cette seconde arrestation, le témoin indique qu’elle a fait l’objet de multiples sévices dans les différentes prisons où elle a été traînée entre la Présidence, la Dds, la Prison des martyrs et la Piscine.
En plus de lui faire ingurgiter de l’eau à travers un tuyau, elle a été aussi électrocutée. Des séquelles qu’elle garde encore et qu’elle n’a pas manqué de montrer à la Chambre d’assises. Et les trois fois qu’elle a été torturée, poursuit-elle : «Hissein Habré était bien présent. Hissein Habré m’a lui-même interrogée à propos des Libyens. Il m’a demandé de lui dire qui a libéré les Libyens pour qu’il me libère», souligne Khadija Hassan Zidane.
En fait dans le procès-verbal, le témoin avait déclaré ceci. «Pour la 3ème torture, Guihini Korei, Mahamat Djibrine dit El Djonto m’ont amenée à la Présidence pour m’obliger à entretenir des relations sexuelles avec Habré. Devant mon refus, Habré m’a poignardée sur le sexe avec un stylo», a-t-elle dit. A la prison de Ouadidoum où elle a passé un an, Khadija et ses neuf codétenues ont fait l’objet de plusieurs agressions sexuelles de la part des soldats de la Dds, informe-t-elle. «Ils venaient nous chercher la nuit pour coucher avec nous sans notre consentement», a-t-elle témoigné en outre. Ces femmes étaient installées dans le désert dans deux containers abandonnés par les Libyens. A en croire la dame Zidane, les deux côtés de ce container étaient minés et il leur était déconseillé de fuir au risque de se faire tuer par les mines. La tâche qui leur était dévolue dans cette prison consistait à faire la cuisine et à laver les uniformes des soldats. Le témoin a aussi fait état des tortures et viols qu’elle a subis de la part de «El Djonto». «Le lendemain, quand j’étais sous la douche, j’ai vu que j’étais dans un état sale», a-t-elle déclaré devant le juge. Les membres de sa famille dont son oncle et sa mère n’ont pas été épargnés, dit Mme Zidane. Au total, cette femme à qui il a été reproché d’aider les prisonniers libyens à s’évader a fait 3 ans et 15 jours dans les différentes prisons du Tchad avant de recouvrer la liberté.

Le Quotidien

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