Travaux illégaux, plage fermée, une CRS écartée : les vacances du roi saoudien en France

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Après les travaux illégaux entrepris devant la villa de Golfe-Juan, l’accès interdit à la plage et les pétitions lancées pour ou contre, la visite du roi saoudien à Vallauris, dans les Alpes-Maritimes, fait à nouveau parler d’elle. Selon une information de Marianne, le roi Salmane d’Arabie saoudite aurait fait officieusement demander à une femme CRS de s’écarter du dispositif de surveillance de sa villa mis en place par la préfecture, afin qu’elle ne soit pas en présence des hommes de la suite royale aux heures de baignade.
Si l’agente a finalement été maintenue dans le dispositif, l’affaire n’en a pas moins fini par s’ébruiter et vient s’ajouter aujourd’hui à la longue liste des initiatives saoudiennes qui irritent les riverains de la grande bâtisse blanche et sculpturale dans laquelle le roi saoudien passe ses vacances, à seulement 5 kilomètres du centre-ville de Cannes, sur la Côte d’Azur.
Pourtant, la venue du roi Salmane ben Abdelaziz al-Saoud et du millier de Saoudiens l’accompagnant, ne fait pas que des mécontents. En effet, un tel afflux de riches membres de la famille royale promet d’importantes retombées économiques pour Cannes et la région.

La villa de Golfe-Juan a été acquise par le roi Fahd en 1979.

Des travaux illégaux et polémiques
L’arrivée du roi Salmane s’est d’abord fait annoncer par la découverte de travaux entrepris illégalement sur la plage de la Mirandole, située devant la villa de Golfe-Juan acquise en 1979 par le roi Fahd. En juillet, en l’espace de seulement deux semaines, les services municipaux de Vallauris Golfe-Juan ont constaté pas moins de trois chantiers.
D’abord, des ouvriers ont tenté de poser une grille pour interdire l’accès à la plage publique qui longe la demeure royale, travaux interrompus aussitôt par l’autorité préfectorale. Ensuite, une dalle de béton a été coulée sur le sable pour accueillir un ascenseur permettant l’accès direct de la villa à la plage, avait également été interdite dans un premier temps, avant de recevoir une autorisation de l’Etat à la condition expresse qu’elle soit démontée à la fin de la visite privée du roi. Enfin, une passerelle métallique a été vissée aux rochers permettant de faciliter le passage sur une portion escarpée du sentier du littoral.
La maire UDI de la ville, Michelle Salucki, a systématiquement dénoncé ces démarches jugées illégales et transmis ses récriminations à la préfecture de Grasse. Si le sous-préfet, Philippe Castanet a fait interrompre plusieurs travaux, il explique que c’est seulement en raison de leur caractère prématuré. En effet, pour faire réaliser ses aménagements, le roi saoudien n’a pas attendu la réunion de travail entre les autorités françaises et des émissaires du roi d’Arabie saoudite visant à déterminer quel dispositif de sécurisation allait être mis en place autour de la propriété.
Pour le sous-préfet, il est clair que la plage doit être privatisée et sécurisée car :
« Dans le contexte actuel, il est impossible de faire coexister un chef d’Etat en exercice, qui de plus est engagé sur des terrains de guerre, avec des riverains. La France a le devoir de protéger les chefs d’Etat des pays alliés qui la visite, et l’Arabie saoudite en fait partie. »

Les travaux pour l'installation d'un ascenseur sur la plage ont été engagés prématurément mais finalement autorisés par la préfecture.
Quel dispositif de sécurité a été mis en place ?

La navigation en mer est interdite depuis samedi midi dans une bande de 300 mètres.
Pour cette raison, par arrêté préfectoral, l’accès au littoral voisin de la villa royale, notamment de la plage publique de la Mirandole, a été interdit au public dès le 25 juillet au matin, quelques heures avant l’arrivée de la suite royale. L’arrêté ne devait initialement entrer en vigueur qu’à l’arrivée du roi, mais des risques d’occupation de la plage par des personnes contestant la fermeture de cet espace public ont précipité la décision des autorités.
De nombreux policiers ont été mobilisés – dont la CRS indésirable –, avec des gardes fixes à plusieurs points névralgiques autour de la maison de Golfe-Juan. Sept à huit policiers sont mobilisés pour se relayer en permanence à chacun de ces points, sans compter les patrouilles mobiles et un ou plusieurs bateaux stationnés en mer. De plus, la navigation en mer est interdite depuis samedi midi dans une bande de 300 mètres.

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La bataille des pétitions

Réagissant à la découverte de ces travaux, Jean-Noël Falcou, conseiller municipal sans étiquette à Vallauris Golfe-Juan, a mis en ligne à la mi-juillet une pétition dénonçant la « privatisation » de la plage. Comme les autres détracteurs des démarches saoudiennes, il fait référence à la loi Littoral de 1986 relative à l’aménagement des côtes françaises, et qui interdit en principe toute privatisation des plages. Un contournement justifié par des motifs de sécurité par la préfecture de Grasse.
« Les Saoudiens sont les bienvenus en France tant qu’ils respectent la loi française, insiste M. Falcou. Où va-t-on si les riches et les puissants, au prétexte qu’ils dépensent de l’argent, ont le droit de ne pas respecter la loi ? »
En réponse, un « Azuréen », selon le terme de Nice-Matin, a lancé une autre pétition, samedi 25 juillet, pour « soutenir les Saoudiens pour des raisons évidentes de sûreté d’Etat et pour les retombées économiques ». « Pour l’économie, l’hôtellerie et les emplois du bassin cannois, on se baignera ailleurs ! Mais on profite de la manne financière qu’ils nous apportent, ainsi que de la notoriété que leur présence nous confère ! »
La pétition de cet internaute est adressée au maire de Cannes, Daniel Lisnard, au maire de Nice, Christian Estrosi et au président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, tous membres du parti Les Républicains. Ces deux derniers s’étaient clairement dressés contre ce qu’ils jugent être des « privilèges ».
Des retombées économiques très importantes
Malgré les critiques, la perspective de l’immense manne financière que représente son impressionnante suite calme un peu la contestation. Un argument avancé en premier lieu par le sous-préfet Philippe Castanet : « Pour une plage parmi les moins belles des Alpes-Maritimes, on met en péril la visite d’un chef d’Etat dont on a besoin pour faire tourner l’industrie touristique, avec une suite qui va énormément consommer », comme on peut lire dans Nice-Matin.
Si le roi Salmane renoue avec une tradition lancée par un de ses prédécesseurs, le roi Fahd, à la fin des années 1970, ce dernier n’était jamais venu avec une telle suite. Pas loin d’un millier de ressortissants saoudiens sont, en effet, attendus cette année, pour une période d’au moins trois semaines, sur la Côte d’Azur. L’ambassade d’Arabie saoudite a déjà réservé pas moins de 400 chambres, pour le « noyau dur » de la suite royale, dans les palaces de la Croisette, à Cannes, soit environ 700 personnes hébergées. Quarante chambres ont également été réservées dans les palaces du cap d’Antibes, soit pour 70 personnes environ.
Des proches du roi sont directement hébergés dans la villa de Golfe-Juan, une propriété gigantesque qui s’étale sur un kilomètre de littoral. Et si l’on comptabilise les autres Saoudiens qui vont suivre le roi pour ses vacances, comme il est de tradition dans ce pays, et se loger dans différents hôtels de la Riviera, près d’un millier de ressortissants saoudiens sont attendus sur la Côte d’Azur avec de fortes retombées économiques à la clé pour le tourisme local

Pour Michel Chevillon, président du Syndicat des hôteliers cannois, « c’est évidemment une bonne nouvelle parce qu’il s’agit d’une clientèle à fort pouvoir d’achat et que cela rejaillit non seulement sur l’hôtellerie de luxe mais aussi sur l’ensemble des commerçants et de la filière du tourisme de la ville ».

Si l’on ajoute aux ressortissants saoudiens ceux du Qatar et du Koweït, cela représente de 600 à 700 chambres louées dans les 4 et 5 étoiles de Cannes, sur une période s’étalant du 20 juillet au 20 août, a-t-il précisé.

Dans Nice-Matin, M. Chevillon insiste sur la diversité des retombées : « Ça ne nous tombe pas tout cuit dans le bec. On y travaille. Et contrairement aux idées reçues, les retombées ne profitent pas qu’à Chanel ou Dior. Les Saoudiens ont un très fort pouvoir d’achat et ne regardent pas à la dépense. C’est 10 000 à 15 000 fleurs commandées chaque jour. Ce sont des centaines de limousines qui font travailler autant de chauffeurs, etc. »

Et comme l’expliquait France 2 (voir à la 26e minute) dans son journal de dimanche soir, c’est l’opportunité pour les femmes de se faire embaucher comme chauffeuses de voiture, puisque les femmes saoudiennes ne doivent être conduites que par d’autres femmes.

lemonde.fr

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