Un show pour apaiser la tension

Un show de plus. C’est le spectacle auquel, le peuple sénégalais aura droit ce matin à l’Assemblée nationale. Une assemblée, qui non contente d’être une chambre d’enregistrement et de validation des décisions les plus scélérates du pouvoir, va aujourd’hui, pousser le ridicule, que dis- je la comédie, jusqu’à organiser une parodie d’audition pour les ministres en charge des questions des inondations et des… délestages. Deux plaies qui gangrènent le quotidien des Sénégalais.

Cet audition des ministres sur ces deux questions n’est en fait qu’une vraie comédie. Car d’emblée le président de l’Assemblée nationale a lui-même donné le ton en affirmant que les solutions ne peuvent pas être « globales et définitives », mais plutôt « apaisantes ». Pourquoi alors se donner en spectacle en convoquant des ministres pour dire aux gens ce qu’ils savent déjà. Si ce n’est que pour jouer aux Sapeurs pompiers et tenter de jeter de l’eau sur les différents foyers de tension qui s’allument un peu partout dans le pays. Pour pousser le ridicule, les débats seront retransmis en direct à la télévision nationale. Un simple débat télévisé aurait pourtant suffi et laissé les honorables députés à leur sommeil douillet.

L’alibi de la souffrance du peuple ne peut prospérer. Ce n’est à la limite qu’un prétexte fallacieux. Le véritable motif de cette convocation aux allures de débat télévisé, est en réalité une volonté de calmer les ardeurs guerrières de la populace qui brûlent et cassent tout pour avoir le droit de s’éclairer à l’électricité, de s’abreuver avec de l’eau fraîche et même de s’aérer avec les ventilateurs plutôt que de devoir recourir aux… éventails. Bref, le plaisir de goûter aux plaisirs simples de la vie.

Même s’il est par ailleurs vrai que ces questions qui ont soulevé l’intérêt de l’Assemblée nationale, relèvent de la plus haute importance car touchant les populations dans leur vécu quotidien, il n’en demeure pas moins que d’autres questions, non moins importantes, auraient elles aussi du susciter l’attention de nos honorables députés. Où étaient – ils quand on parlait des 20 milliards de la Sudatel ? Où étaient ils quand on parlait des chantiers de l’Anoci ? Ah bien sûr, ils ont organisé un semblant d’audition. Mais où étaient ils quand les prix flambaient, empêchant les pauvres « Goorgoorlou » que nous sommes de disposer dans la dignité de nos trois repas quotidiens ?…

Oui, bien sûr messieurs – dames, votre rôle est d’être aux cotés du peuple. Mais de grâce, la prochaine fois, prenez les devants avant que ça ne flambe de partout pour ensuite venir jouer aux Sapeurs pompiers. « On a tout compris », pour parler comme Tiken Jah Fakoly.

Les réactions déjà enregistrées laissent perler une certaine méfiance des populations par rapport à cette initiative parlementaire. Mais bon, comme le dit le dicton, « mieux vaut tard que jamais ». En espérant que la prochaine fois, l’Assemblée nationale ne sera pas un sapeur pompier, ni un médecin après la mort, mais jouera bien un rôle de prévention avec une mission avant gardiste. Ce qui lui permettra de se départir de tout calcul d’intérêt, pour s’ériger dans la noblesse d’âme qu’exige sa fonction.

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